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Les évêques italiens vers le nouveau cours?

Le nouveau secrétaire de la Conférence des évêques d'Italie, Nunzio Galantino, interrogé par un quotidien italien: pour toutes les tolérances, contre les militants pro-vie. (14/5/2014, mise à jour)

     

L'éditorial au vitriol de Riccardo Cascioli sur la Bussola datée du 14 mai s'intitule "ET QUI EST GALANTINO POUR JUGER LES CATHOLIQUES"?
Il s'en prend à une interviewe accordée par le secrétaire par intérim de la Conférence des évêques italiens, Mgr Galantino, désigné à ce poste par le Pape François en décembre dernier, selon une modalité inhabituelle racontée par Sandro Magister (voir ci-dessous).
Plutôt que de traduire l'article du directeur de la Bussola, je suis remontée à la source, c'est-à-dire l'interviewe.

Rappelons quand même que ce n'est pas le Pape François, qui tient ces propos.
Mais sous son Pontificat, la parole se délie progressivement, cela c'est indéniable. Est-ce aussi cela, l'effet François?

     

L'interviewe de Mgr Galantino

Les évêques italiens vers le nouveau cours.
Le Secrétaire général Galantino: «gay et prêtres mariés, assez de tabous»
http://blog.quotidiano.net/panettiere/2014/05/13/i-vescovi-italiani-verso-il-nuovo-corso-il-segretario-generale-galantino-gay-e-preti-sposati-basta-tabu/
Giovanni Panettiere
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«Avec le Pape François, l'Eglise italienne a une occasion extraordinaire de se repositionner par rapport aux attentes spirituelles, morales et culturelles».
Bien sûr, dans l'épiscopat «beaucoup avancent encore péniblement», mais ceux qui prétendent que les évêques en bloc «sont en retard sur l'histoire» racontent des «bobards». «Nous avons un cerveau et nous ne souffrons pas du syndrome de l'embarras».

Il se déplace sans chauffeur, se laisse appeler don Nunzio, il est franc et combatif: Mgr Galantino, 65 ans, nommé il y a quatre mois secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne par Bergoglio, qui l'a découvert dans le plus petit diocèse de Calabre (Cassano), nous reçoit dans un petit salon bleu au rez de chaussée du siège de la CEI. «C'est mieux ici que dans mon bureau, c'est un peu plus informel», commence-t-il avant de s'asseoir et de faire le point sur le nouveau cours de l'Eglise en Italie.

Question: Dans une semaine, François, premier pape dans l'histoire, donnera la conférence inaugurale de l'assemblée générale de la CEI (19 mai): critiquera-t-il les évêques comme l'année dernière, quand il vous a rencontrés pour la première fois?

Mgr Galantino: «Au cours de son ministère, le Pape a maintes fois fait l'éloge du travail dans nos diocèses, ne l'oublions pas. S'il insiste sur l'Église hôpital de campagne, sur la miséricorde et l'attention à la personne, c'est parce qu'il a compris que toutes les franges ecclésiales en Italie ont réalisé ce dont le monde a besoin, ce que, au nom de l'Évangile, nous les croyants sommes appelés à donner».


Q: À quel point en êtes-vous de la réforme du statut de la CEI?

«Je ne sais pas si nous allons approuver les nouvelles règles déjà à la prochaine réunion. Le Saint-Père nous a demandé de réfléchir sur le mode d'élection du président par les évêques, comme cela se passe dans le reste du monde. Il semble que l'opinion de la majorité au sein de l'épiscopat soit d'impliquer la base dans le choix du sommet, laissant toutefois au pape la prérogative de nommination sur la base d'une liste restreinte de candidats».


Q: Pas de grande révolution.

«La révolution n'est pas une valeur en soi! Si une révolution veut être sérieusement réformatrice, elle doit faire face aux situations concrètes. Si la position que je viens d'évoquer devait prévaloir, je ne pense pas que ce serait un péché que le primat de l'Italie continue de nommer le président».

(...)

Q: Au cours des dernières années, la CEI a beaucoup investi sur les valeurs non-négociables (la vie, la famille, l'éducation). Le pape n'a pas ces expressions à coeur, et vous?

«Nous pensons au caractère sacré de la vie. Dans le passé, nous nous sommes concentrés exclusivement sur le non à l'avortement et à l'euthanasie. Il ne peut pas en être ainsi, au milieu, il y a l'existence qui se développe. Je ne m'identifie pas avec les visages sans expression de ceux qui récitent le chapelet à l'extérieur des cliniques qui pratiquent l'interruption de grossesse (sic!! a priori, pour le monsignore, "avortement" est un gros mot), mais avec ces jeunes qui sont opposés à cette pratique et luttent pour la qualité des personnes, pour leur droit à la santé, au travail»


Q: Quel est votre souhait pour l'Eglise italienne?

« Que nous puissions parler de n'importe quel sujet, de prêtres mariés, d'Eucharistie aux divorcés, d'homosexualité, sans tabou, partant de l'Évangile et donnant les raisons de leurs positions»


Q: Et alors, que diriez-vous à un couple de croyants homosexuels qui vivent ensemble fidèlement depuis des années?

« Je me mettrai à l'écoute de leur histoire, comme j'essaie de le faire pour toutes les relations entre les personnes qu'il m'est arrivé et qu'il m'arrive encore de rencontrer. Il n'est pas nécessaire d'avoir toujours quelque chose à dire. Souvent, il est important d'écouter avant de dire».

     

La nomination de Mgr Galantino, par S. Magister

Je me suis resouvenue de cette article de décembre dernier, et je le traduis parce qu'en plus d'informer sur les circonstances de la nomination du secrétaire de la CEI, il confirme ce que nous savons des méthodes de travail du Pape.

Texte en italien: magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2013/12/30/nella-cei-il-papa-fa-tutto-da-se-col-permesso-dei-fedeli-di-cassano-alljonio/

Dans la CEI, le pape fait tout par lui-même. Avec la «permission» des fidèles de Cassano all'Jonio
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Le Pape François a donné il y a quelque temps aux évêques italiens le «devoir à la maison» de réviser les statuts de leur conférence et de dire s'ils préfèrent élire le président et le secrétaire ou le laisser les nommer (comme c'était précédemment le cas)

Entre-temps, cependant, il continue son chemin comme un rouleau compresseur, décidant tout lui-même. Après avoir évincé le Secrétaire Mariano Crociata, le reléguant dans un diocèse du sud de l'Italie, il a nommé le 30 Décembre son successeur dans une forme totalement anormale.

Au lieu de le nommer, selon les règles en vigueur, sur proposition de la présidence de la CEI et «ayant entendu le conseil permanent», le pape Francis l' établi «en demandant la permission» - selon ses propres termes - aux prêtres et aux fidèles du diocèse dont il demeure titulaire.

Le nominé est Nunzio Galantino, 65, de Cerignola, dans les Pouilles, évêque de Cassano all'Jonio. En même temps que l'annonce de sa nomination comme secrétaire «ad interim» de la CEI, le pape a publié le texte de la lettre dans laquelle - par un artifice rhétorique hardi - il demande aux prêtres et aux fidèles de son diocèse la «permission» de le laisser venir Rome «au moins pour une période, pour une mission importante dans l'Eglise italienne», tout en restant leur évêque, les assurant qu'il reviendrait «régulièrement pour quelques jours» chez eux.

«Je vous demande, s'il vous plaît, de me comprendre ... et de me pardonner», écrit le pape à la fin de sa lettre, qui porte la date du 28 Décembre, et qui est devenue exécutoire de son fait, quelle que soit la réponse qui aurait pu venir des prêtres et fidèles du diocèse (http://www.diocesicassanoalloionio.it/news/news_2013/galantino_segretario_cei/Diocesi%20di%20Cassano%20all%27Jonio.pdf ).

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La CEI a enregistré la décision du pape François avec deux communiqués squelettiques.
Galantino est évêque depuis moins de deux ans (donc nommé sous Benoît XVI!) et a été ordonné par le cardinal président Angelo Bagnasco. Il est professeur d'anthropologie à la Faculté de Théologie de l'Italie du Sud.

Etant nommé «ad interim», Galantino a tous les pouvoirs du Secrétaire général de la CEI, mais la durée de son mandat n'est pas précisée.

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Mise à jour (Monique)

On voit vers quel laxisme se dirigent les épiscopats (je crois que c'est pareil dans toute l'Europe).
Certes, on peut parler de tous les sujets mais ce qui est grave c'est que l'Eglise RENONCE à faire écouter SA parole.
Certes, il vaut mieux écouter avant de dire ("Ne réponds pas avant d'avoir écouté, n'interviens pas au milieu du discours", dit le Siracide 11, 8) mais ensuite, il faut avoir le courage de parler. Une Eglise qui renonce à parler, par peur d'être contredite ou ridiculisée, ne sert à rien.
Cet évêque dit: "Il n'est pas nécessaire d'avoir toujours quelque chose à dire".
Ce silence peut constituer une première étape, il peut être la seule réponse possible dans certains cas particuliers (ex, l'affaire de Recife), mais, franchement, on n'a généralement pas besoin d'un évêque n'ayant rien à dire jusqu'au bout du processus de la rencontre.
On ne peut pas, à la fois se lancer dans un processus d'Evangélisation et prétendre qu'on n'a rien à apporter au monde et tout à apprendre de lui.