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"Noé", le film: un nanar écologiste

Il s'agit très probablement d'un navet grandiose, mais il n'en est pas moins dangereux, compte tenu de l'abyssale inculture religieuse des gens. La Bussola quotidiana a traduit l'article d'un écrivain américain, Don Feder (10/4/2014)

Le film américain à énorme budget «Noé» («Noah», titre original) débarque en France (et en Italie) cette semaine, précédé du tapage dont sont capables les américains lorsqu'il s'agit de lancer un "produit", que ce soit un livre, un film, un album de "musique", un téléphone ou une tablette tactile.
L'acteur-vedette Russell Crowe a même envoyé plusieurs tweets au pape François pour lui demander une audience. Il était effectivement présent avec son équipe à une audience générale (le 19 mars, apparemment) mais malgré ce qui a été affirmé (en particulier sur Europe 1, la semaine dernière au micro de l'ineffable Nikos Alyagas), il n'a pas réussi à se faire photgraphier avec le Pape, comme il en rêvait pour la promotion de son film (cf. radionotredame.net). Ce qui ne l'a pas empêché de saluer l'ouverture d'esprit de CE Pape...
Il faut dire que ç'aurait été un coup de pub fabuleux, de pouvoir enrôler le Pape dans la lutte pour "sauver la planète", d'autant plus qu'on annonce la parution prochaine d'une encyclique "très attendue" de François sur l'environnement (vaticaninsider.lastampa.it)
Mais, heureusement, le Pape n'a pas marché, et c'est une bonne décision.

     

Noé, l'improbable écologiste

Don Feder (1)
http://www.lanuovabq.it (pour la traduction en italien du texte original en anglais)
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«Noé» (2) est une fable écologiste, dans lequel on apprend que les méchants (descendants de Caïn) construisent des villes, mangent de la viande et fabriquent des armes (appartenant probablement à une antédiluvienne National Rifle Association). Ils s'occupent aussi d'extraction minière à ciel ouvert, dans le processus de transformation de la terre en un désert aride qui ressemble à l'Afghanistan le confort en moins.

Les bons en revanche sont les végétaliens qui vivent dans des tentes, ne font pas grand chose, et sont peu nombreux, sans doute parce qu'ils pratiquent le contrôle des naissances. Une des nombreuses questions sans réponse de «Noé» est: si les bons (les descendants de Seth) ne mangent pas de viande, où ont-ils pris les peaux des animaux qu'ils portent? On peut supposer que ce sont les peaux de bêtes qui se sont suicidées après avoir médité sur la spécificité de l'humanité.

L'épopée anti-biblique de Darren Aronofsky , qui a coûté 130 millions de dollars, n'a presque rien à voir avec le récit biblique du déluge. Il y a une Arche, il y a des animaux marchant deux par deux, il y a un déluge de proportions bibliques, et un homme du nom de Noé. Et ici s'arrêtent les similitudes. «Noé» est un film anti-religieux, soutient le contrôle de la population et est un avertissement allégorique sur le cataclysme prochain qui, nous dit-on, sera causé par le réchauffement climatique. Dans le film, Dieu est toujours désigné comme «le Créateur». Apparemment, Hollywood a un problème avec le mot Dieu

La Bible décrit Noé comme un «homme juste» qui était «intégre parmi ses contemporains» et «marchait avec Dieu». Le Noé d'Aronofsky est ce que les laïcistes appelleraient un fanatique religieux. Plein de dégoût de soi et sujet à des accès de violence, il devient convaincu que Dieu veut détruire complètement l'humanité. Ainsi, le seul but de Noé et de sa famille est de construire l'arche et sauver les animaux. Cet objectif atteint, les dernières personnes sur terre vont vers l'extinction. Lors de la première du film, le Voluntary Human Extinction Movement et la PETA (la plus puissante organisation animaliste américaine) doivent avoir applaudi aux premiers rangs.

Tel qu'il est interprété par Russell Crowe, Noé est tellement obsédé qu'il envisage de tuer ses petits-enfants nouveau-nés pour empêcher le repeuplement de la planète. C'est la vision qu'a Hollywood des croyants chrétiens et juifs, c'est-à-dire que leur fanatisme confine à la psychose et mène à la haine et à l'assassinat.

L'Écriture est un peu vague sur les raisons du Déluge. La Bible dit: «La terre était corrompue devant Dieu et remplie de violence. Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue »(Genèse 6, 11-12). Corrompue dans quel sens? Dieu détruirait le monde à cause des larcins? Plus loin dans la Genèse, les villes cananéennes de Sodome et Gomorrhe sont détruites, cette fois par le feu, en raison de déviations sexuelles. Imaginez Hollywood produire un film qui s'en prend à l'immoralité sexuelle, quand l'industrie du divertissement suit Lady Gaga sur l'homosexualité et présente la cohabitation, l'adultère et l'avortement comme des choix de vie.

«Noé» ne parle pas de péché dans le sens traditionnel du terme, mais de «péché contre l'environnement», comme relaté dans l'évangile de Saint-Al (Gore): «Et Dieu regarda les gaz à effet de serre et vit que cela n'était pas bon. Et il dit: Que les calottes polaires fondent et que s'élève le niveau de la mer jusqu'à ce que tout ce qui reste soit Kevin Costner sur sa barque à la recherche de la terre ferme». Dans une interview au magazine New Yorker, Aronofsky a admis: «Il y a une grande affirmation dans le film, un message fort concernant le déluge à venir causé par le réchauffement climatique». Dans un autre passage, il décrit Noé comme «le premier écologiste». Et The Hollywood Reporter parle de «messages lourds de catastrophisme écologique».

Le culte du réchauffement climatique a toutes les caractéristiques d'une religion: les prophètes (Al Gore, les sages de Hollywood, les scientifiques cherchant désespérément des subventions publiques pour la recherche); le mal (les moteurs à combustion interne, les centrales au charbon, la croissance de la population); le bien (les mesures pour réduire les émissions de CO2 ); et le salut/rédemption (sanctions draconiennes pour ceux qui émettent du carbone, limites strictes à la reproduction humaine pour réduire l'empreinte carbone, et abrogation éventuelle de la révolution industrielle). Ceux qui ne sont pas d'accord ne sont pas seulement mauvais, ils sont étiquetés comme hérétiques «négationnistes» du changement climatique. Les écologistes organiseraient même des autodafés devant le Palais des Nations Unies, s'il n'y avait la crainte de la pollution causée par la chair brûlée.

Mais le culte du réchauffement climatique s'écarte de la religion traditionnelle par deux aspects importants. Le judaïsme et le christianisme ont au milieu l'homme, tandis que le «réchauffementalisme» est centré sur la planète. Dans «Noé» les mots du premier chapitre de la Genèse sont mis dans la bouche du méchant Tubal-Caïn, qui dit à Noé que les animaux doivent servir à l'homme (c'est-à-dire que nous avons domination sur le monde naturel), démontrant ainsi combien c'est une idée mauvaise.

Il y a une autre différence. En général, la religion ne peut pas être scientifiquement prouvée ni réfutée, car elle est basée sur la foi. Bien que ses adhérents ne l'admettent pas, le «réchauffementalisme» aussi est basé sur la foi, la croyance dans la dépravation de la société industrielle et le mal du progrès. Mais malheureusement pour ses partisans, on peut démontrer que le «réchauffementalisme» est faux et de plus en plus en contradiction avec la réalité. La terre ne se réchauffe pas, les calottes polaires ne diminuent pas, l'élévation du niveau de la mer est insignifiant et la catastrophe écologique ne se voit nulle part à l'horizon.
La planète terre est passée à plusieurs reprises à travers des cycles de réchauffement et de refroidissement. Plusieurs facteurs peuvent influencer le climat, y compris les taches solaires. L'année dernière, la saison des ouragans a été la plus calme depuis le début des années 60. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, la Sainte Inquisition des «réchauffementalistes») admet que la croissance moyenne de la température de surface a cessé depuis 15 ans. Maintenant, ils essaient de sauver la face en parlant d'une «pause», décidément une longue pause.

En Décembre dernier, les scientifiques du changement climatique qui sont allés en Antarctique à la recherche de preuves à l'appui de leur opinion «incontournable», sont restés pris au piège dans un glacier marin qui ne devait pas être là. Leur bateau est resté coincé dans la glace. Et plusieurs bateaux brise-glace n'ont pas réussi à les atteindre (les glaciers dans l'hémisphère sud ont atteint des niveaux records en Septembre 2013, pour la deuxième année consécutive). À la fin, ils ont dû être secourus par un avion, sauvés par cette maudite technologie.

Durant la deuxième semaine de projection (aux États-Unis), les entrées de «Noé» ont chuté de 60%. Malgré cela, beaucoup de gens qui vont le voir croiront qu'il y a une certaine relation avec la Bible, avec une certaine licence artistique bien sûr.
Du reste, l'analphabétisme biblique est épidémique. Une enquête menée par le Barna Research révèle que 60% des adultes américains sont incapables de dire, même cinq des Dix Commandements. Le théologien baptiste Albert Mohler écrit que l'enquête ci-dessus «nous dit qu'au moins 12% des adultes pensent que Jeanne d'Arc était la femme de Noé. Une autre enquête menée auprès d'étudiants a révélé que plus de 50% des personnes interrogées croient que Sodome et Gomorrhe étaient mari et femme. Et un nombre considérable de personnes interrogées dans un autre sondage dit que le Sermon sur la montagne a été prononcé par Billy Graham (un célèbre télévangéliste américain). Nous sommes vraiment mal partis» (ndt: si c'est vrai, c'est une honte pour les pasteurs, qui devraient faire leur mea culpa!!!).

Capitalisant sur cette ignorance, le film a des anges déchus, appelé Watchers, recouverts de pierre, comme punition, qui aident l'homme déchu en lui fournissant la technologie pour modeler la terre. Ressemblant aux «Ents» calcifiés du «Seigneur des Anneaux», et ayant discerné la bonté intérieure de Noé (avant qu'il ne devienne «psycho») la roche éternelle lui permet de construire l'arche et de la protéger contre les fils de Caïn.

Dans le rôle de Mathusalem, Anthony Hopkins propose une touche de comédie et encore plus de révisionnisme. Le plus vieil hippie du monde vit dans une grotte, sert des thés hallucinogènes et pratique la magie avec une graine comme dans «Jack et le haricot magique».

Écrivant sur le site Aish.com, le rabbin Benjamin Blech met en garde: «Sachant que des millions de téléspectateurs, après avoir vu le film, intérioriseronnt Noé-Russell Crowe, ainsi que de nombreuses autres parties du film qui n'ont aucun fondement dans la Bible, ni dans d'autres sources crédibles, cela devrait être un sujet de grave préoccupation pour tous ceux qui rzespectent la Torah et gardent la vérité».

Après avoir passé des décennies (des siècles si l'on remonte à la Révolution française) à essayer de détruire la religion, la gauche utilise maintenant la religion pour promouvoir ses causes préférées. Bientôt, nous nous attendons à voir sur les écrans «Sodome et Gomorrhe: la véritable histoire», où la destruction frappera les métropoles de Mésopotamie en raison de leur homophobie, de leur sexisme, et des inégalités de revenus.

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(1) Voir ici: en.wikipedia.org/wiki/Don_Feder
Il est l'auteur de A Jewish Conservative Looks at Pagan America et Who's Afraid of the Religious Right?

(2) J'ai placé le nom du film entre guillemets, pour distinguer du personnage, soit biblique, soit celui interprété par Russell Crowe.