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Quand Marco Tosatti rencontre Antonio Mastino (3)

     

C'est dans cette partie de l'interviewe que Tosatti est le moins convaincant. Forcément, étant journaliste, il est solidaire de ses collègues..
Même s'il y a eu des déficiences dans la communication de Benoît XVI, elles ne peuvent à elles seules expliquer les curées médiatiques qui visaient à le massacrer.
Il se trouve que j'ai suivi de très près la "polémique" (le mot est faible) sur le préservatif (dossier ici: benoit-et-moi.fr/2009-I).
Contrairement à ce que semble affirmer Marco Tosatti, la question fatale a été posée à Benoît XVI non par un anglo-saxon, mais par un français, Philippe Visseyrias, l'envoyé spécial de France 2, que ses patrons avaient probablement payé uniquement pour cela (je ne pense pas que France 2 suive systématiquement le Pape dans ses voyages internationaux).
Par ailleurs, Europe 1, une station de radio particulièrement haineuse, avait abondamment (et inhabituellement) couvert le voyage du Pape en Afrique, en ne parlant QUE de capote. Et le Pape, qui avait évidemment prévu la question, a répondu exactement ce qu'il voulait dire, sans édulcorer son propos, et n'aurait certainement pas accepté d'être censuré par le Père Lombardi ou qui que ce soit d'autre.

     

Grandeur discrète d'un pontificat. Et sa ruine: Benoît et les médias
http://www.papalepapale.com/develop/il-vaticanista-normale-un-colloquio-con-marco-tosatti-cattolico-e-giornalista/
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- Mais alors quoi? Pourquoi la prolifération artificielle des scandales au cours de son pontificat - dont beaucoup, je m'en suis pratiquement assuré, orchestrés de l'intérieur de la curie, des habituelles cordées...? Pourquoi le scandale «pédophilie» du clergé durant l'année sacerdotale proclamée par Benoît lui-même? Parce que la presse lui a tout mis sur le dos, répandant même des mensonges sur le frère du pape, toujours à propos de ces choses? Pourquoi ont-elles soudainement cessé dès qu'il a démissionné, toutes ces histoires, cette lapidation médiatique permanente?
- Ecoute, Antoine, sans sombrer dans une mer de 'pourquoi' sans réponse, prenons acte d'un problème de fond de tout ce pontificat: la communication! Benoît contrairement à Jean-Paul II n'est pas un homme de médias, et il a payé cher son éloignement. Je vais te donner deux exemples, deux affaires qui ont fait les manchettes. Le voyage du pape en Afrique. Dans l'avion, les journalistes ...

- Des hyènes dactylographes ...
- Les journalistes, disais-je, qui peuvent être mal informés ou avoir quelque préjugé contre l'Église, et sont de toute façon presque toujours peu intéressés par les aspects apostoliques d'un voyage du pape, posent en général les uniques questions habituelles qui dans les journaux, quand il s'agit de l'Église, semblent être en mesure de faire lles titres.

- Nuage de poussière...
- Si tu veux. Mais quand le pape rencontre des journalistes, en particulier les Anglo-Saxons, sur un avion, on sait bien ce qu'ils vont lui demander; et naturellement une question sur le préservatif est à prendre en compte. Un danger que Navarro-Valls savait éviter en préparant le pape au type de questions possibles, et peut-être en suggérant comment formuler la réponse. Mais cela arrivait parce que Jean-Paul II se laissait guider. Ainsi, dans ce voyage de Benoît en Afrique, tout s'est réduit à l'histoire du préservatif.

- Quel est le deuxième exemple que tu voulais me faire?
- L'épisode de juillet 2007, lorsque le Pape a annoncé le Motu Proprio par lequel il retirait l'excommunication des lefebvristes (1). Un geste qui dans la volonté de Benoît était censé être de charité, d'unité et de réconciliation: un geste généreux, sans doute, mais aussi fort et risquée sans la nécessaire prudence de communication. Mais le responsable de la communication du Vatican n'a pas été appelé à participer à cette réunion. Ça te semble possible? Et en effet, ce geste a été traité comme nous le savons ... Avec le pape qui quelques jours plus tard appelle les catholiques «au moins, ne vous dévorez pas l'un l'autre»

- Et crois-le! De l'intérieur du Vatican était partie la vidéo sur ce Williamson, et Kasper, qui détestait (et enviait) son collègue professeur de théologie Ratzinger, qu'il considérait comme un rival de «succès» (selon les catégories mondaines qui lui sont chères ), et qui pour le malheur de son foie était devenu pape, a eu un rôle de premier plan dans ce cas: aujourd'hui «quelqu'un» l'a élevé au rang de Père et docteur de l'Église de demain, Kasper. Dommage qu'il n'a pas perdu le vice du mensonge, sur les papes, mais aussi sur les Evangiles, les Pères de l'Église, les sources, tout. Comme il l'a démontré lors de la dernière consistoire.
- Antonio, oublie les personnes. Le problème n'est pas là. Le problème est que Benoît, devant annoncer quelque chose d'aussi important et délicat, n'a pas pris soin, et ses collaborateurs non plus, d'impliquer dans l'opération les responsables de la communication du Vatican.

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(1) Ndt: Tosatti confond le motu proprio du 7 juillet 2007, et la levée de l'excommunication de janvier 2009, dossier ici: benoit-et-moi.fr/2009-I.

La fin de l'interviewe est une réflexion intéressante (mais grinçante de la part de l'intervieweur) sur le métier de vaticaniste.
Evidemment, même en semi-retraite, Tosatti fait partie d'un système et il ne peut pas mordre la main qui le nourrit; et comme c'est un homme courtois, il ne peut pas non plus dénigrer ses collègues. Donc, la langue de bois est de rigueur, et on reste sur sa faim.