Accueil

Poésie: Renée Casin et les Papes

Anne m'a envoyé plusieurs poèmes de Renée Casin, auteur d'un recueil intitulé "Tu es Petrus". Ils sont écrits pour Paul VI pas tout à fait un an après la douloureuse encyclique Humanae Vitae (27/6/2014)

     

Il y maintenant bientôt trois ans, mon amie Anne m'écrivait:

En farfouillant dans la bibliothèque poussiéreuse d'une association je suis tombée, sur un livre dont le titre m'a attirée "Tu es petrus". C'est un recueil de poésie ; l'auteur en est Renée Casin... Elle a, d'après son avant-propos, vécu à la mort de Pie XII quelque chose qui ressemble à ce que nous avons éprouvé à l'élection de Benoît XVI.
(la suite ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-III/0455009f700cc020c/0455009f9f1264111.html )

Aujourd'hui, Anne m'envoie des poèmes écrits pour Paul VI, où l'on peut percevoir (il me semble) quelque chose de ce qu'a vécu Benoît XVI... et peut-être de ce que subira son successeur, à ce jour encore encensé par le monde.

     

SERENITE

Ses yeux se sont posés un instant sur la Ville
Qui s’étend devant lui dans la chaude splendeur
Du soir romain. Il prie. Et la croix du Seigneur,
Sur sa poitrine, accroche un rayon et scintille.

Car aucune douleur ne restera stérile
Et Dieu, qui s’est penché, tendre et compatissant,
Sur le cœur éprouvé du serviteur souffrant,
L’a rempli d’un amour intrépide et tranquille.

Il saura traverser l’océan des tempêtes
Où dangereusement notre vieux monde est pris.
Et lorsqu’il a levé son regard de prophète

Dans lequel resplendit la clarté de l’Esprit,
J’ai pu y contempler l’humble et féconde audace
De ceux qui, sans périr, ont vu Dieu face à face.

30 avril 1969

* * *

FIAT

Quand vous fûtes choisi pour être le Saint Père,
Vous avez accepté la croix et le bûcher.
Ceux qui vous ont élu n’ont pas eu à chercher :
Vos larmes désignaient le doux Christ de la terre.

C’est pourquoi près de vous, Saint Père, en ce moment,
Nous sommes des millions silencieux et fidèles
Qui voient en vous Jésus, leur maître et leur modèle,
Et qui comprennent bien quel est votre tourment.

Et pour réconforter votre cœur déchiré,
Soutenir votre bras qui bénit et console,
Alléger le fardeau qui meurtrit votre épaule,

Nous voulons ramener vers vous les égarés
Afin qu’en vous voyant, simplement ils vous aiment
Et retrouvent par vous la foi de leur baptême.

28 mai 1969

* * *

PASSION

Le clou qui pénétra le plus profondément,
Ce fut la désobéissance universelle.
Il regarda l’Eglise et accepta pour elle
Le martyre entrevu dès son couronnement.

Le second clou, ce fut le respect hypocrite
Dont s’est enveloppé dès lors la trahison.
Il sut que l’on pouvait désormais sans raison
L’approuver pour pouvoir mieux le combattre ensuite.

Sans raison ! Non, bien sûr ! Ce fut le coup de lance
Qui lui a révélé l’intenable présence
Du Prince de la nuit. Car c’est sous le mépris

De l’orgueil révolté de ses fils insoumis
Qu’il se vit triste et nu, sanglant et solitaire
Pour porter tout le poids des péchés de la terre.

27 avril 1969

* * *

NUITS

Que faites-vous Saint Père, épuisé d’insomnie,
Les yeux rougis, penché sous la lampe le soir,
Derrière la fenêtre où Rome peut vous voir,
Point lumineux brillant sous la voûte infinie ?

Vous travaillez encore à l’heure où tout s’éveille ;
Tant d’âmes à sauver qui se noient loin de Dieu,
Tant d’âmes que l’Eglise atteindrait en tout lieu
Si nous cultivions mieux l’amour aux fleurs vermeilles !

Tant d’âmes dans l’Eglise ! Oh ! Seigneur, il est dur,
Il est si dur d’aimer d’un cœur brûlant et pur
Sans qu’on s’en aperçoive et qu’on le reconnaisse !

« Mes fils, il est si dur de voir se disloquer
Ce que Dieu maintiendra malgré notre faiblesse,
Indigne de la Croix dont nous sommes marqués ! »

27 avril 1969