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Retour sur l'affaire "Rolling Stone"

La lecture d'un article du site italien Formiche me donne beaucoup à penser (31/1/2014)

Voir aussi:
¤ François fait la couverture de Rolling Stone
¤ Insultes à Benoît XVI sur Rolling Stone

Timing

Je retrouve dans ma messagerie qu'à 16h34, le mardi 28 janvier, mon amie Marie-Christine m'a alertée sur la parution de l'article de Rolling Stone.
Je l'ai lu avec stupéfaction et indignation, et j'ai immédiatement commencé à le traduire avec les moyens du bord (ce n'est pas du très bon français dans ma traduction, mais c'est loin d'être de l'anglais académique pour l'article original, et j'ai donc peu de scrupules).

Il sautait aux yeux que l'article était violemment injurieux contre le pape Benoît.

Pourtant, l'ensemble du web catho 2.0 (il paraît que c'est comme cela que l'on dit) s'est rué pour twitter à qui mieux mieux sur l'évènement fabuleux et inespéré que représentait cette couverture (comme si c'était quelque chose d'attendu, un souhait enfin exaucé). Y compris le Père Spadaro, directeur de la revue jésuite La Civiltà Cattolica, et accessoirement porte-parole du pape François, à travers des interviewes-fleuve.

J'ai mis ma traduction en ligne dans la foulée (mon logiciel de création de pages web ne me permet pas de donner l'heure exacte, mais Marie-Christine m'a demandé à 19h29 de le "twitter", il était donc déjà en ligne), et j'ai écrit:

Si le Pape François a droit à tous les honneurs, il est scandaleux que cela se fasse aux dépens de Benoît XVI, et nous attendons que les brillants communicants du Saint-Siège, le Père Lombardi en tête, fassent une mise au point pour laver l'honneur du Pape émérite, gravement mis en cause.

Mais il faudra attendre 24 heures pour que le Père Lombardi fasse une (très modérée) mise au point.
Aujourd'hui, en lisant cet article de Formiche (mais j'ai du mal à y croire!!!) j'apprends que les brillants communicants s'étaient pris les pieds dans le tapis... pardon, ils avaient oublié de tourner la page après la couverture, et de lire l'article.
Pour eux, faire la couverture de Rolling Stone, c'était le jackpot...

J'ajoute, pour ceux qui m'accusent d'opposer le Pape François à Benoît XVI: mais ce n'est pas moi qui le fais, et ce ne sont pas uniquement les médias laïcistes, dont j'ai depuis longtemps éventé les pièges et dont je n'attends rien. C'est la presse catholique, et la hiérarchie même de l'Eglise (il n'est pas question ici du Pape, qui a sans doute d'autres sujets de préoccupation!!) qui, cette fois encore, a prouvé qu'elle était à leur traîne, et qu'elle quémandait leur reconnaissance.

     

Au-delà de la couverture de Rolling Stone sur le Pape François
30 janvier 2014
Pietro Di Michele
www.formiche.net/2014/01/30/papa-francesco-la-comunicazione-rolling-stone/
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Les papes changent, mais de l'autre côté du Tibre, la communication reste la même. Des consultants, des spécialistes dans ce domaine, arrivent d'outre-Atlantique, mais l'essentiel est que certaines difficultés ont du mal à lâcher prise, sur la colonnade du Bernin.
Récapitulons pour le lecteur non averti ou négligent: il y a deux jours, le célèbre magazine Rolling Stone (dans son édition américaine) consacre sa couverture au Pape François.

L'écho sur les réseaux sociaux
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Immédiatement, le réseau social devient fou: de Facebook à Twitter, il y a un copier-coller de la couverture, on retweete l'info, on s'excite pour ce qui s'est passé. Wow, après le Time et le New Yorker , même Rolling Stone se rend compte que "les choses sont en train de changer". Oui, c'était le titre imprimé sous le visage de Bergoglio.

Malveillance, et euphorie au Vatican
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Du bureau de presse du Vatican, aucun commentaire officiel. Tant mieux si le pape est exalté par les médias américains, pas toujours tendres envers l'Église catholique romaine. Il y a des scandales qui ne peuvent pas être oubliés si vite, et donc la malveillance (de leur part) est toujours aux aguets. Même les journaux et les magazines autonomes mais qui traitent tous les jours de questions ecclésiastiques se sont trouvés impliqués pendant un certain temps dans l'euphorie (Famiglia Cristiana , pour ne citer qu'un exemple).

Ce qu'il y a derrière la couverture est ignoré
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Certains, cependant, ont pensé qu'il serait peut-être opportun de ne pas s'arrêter à la belle couverture, mais d'aller lire ce que le journaliste avait écrit pour justifier la couverture et le titre. Et c'est ici que le lecteur scrupuleux a été saisi d'un tremblement de la main. Dans ce texte, en effet, il y avait de tout et en plus, un concentré d'insultes et de vulgarités contre Joseph Ratzinger, pape émérite et prédécesseur de François.

Pape François vs Pape Benoît
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Une avalanche de phrases qui ne peuvent ne pas ne pas avoir créé d'embarras pour le Vatican. Outre que la papauté de Ratzinger est définie comme "catastrophique", et jusque là, tous comptes faits, on est dans le domaine du jugement subjectif et légitime (??? mais cela aurait pu justifier le rejet des "communicants"!!!), c'est le reste qui laisse abasourdi: le Pape Benoît XVI - lit-on - n'est rien d'autre qu'un traditionaliste obtus prêt à endosser une chemise à rayures et des gants avec des couteaux à la place des doigts pour terroriser les adolescents dans leurs cauchemars. Le tout confronté à "la maîtrise de François de la capacité de sourire", qui semble "un petit miracle".

Les insultes à Ratzinger
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On utilise le Pape actuel, donc, pour dénigrer l'émérite. Un petit jeu facile, surtout si l'on met noir sur blanc (et tout ensemble) des décennies d'insultes au "berger allemand" (couverture du Manifesto du 20 Avril 2005) qui avant de devenir pape avait été le gardien de la foi catholique.
Le Père Federico Lombardi, vingt-quatre heures après la publication de la couverture mentionnée ci-dessus, a publié une déclaration qui n'admet pas de réplique: "L'article de Rolling Stone est un signe de l'attention que la nouveauté du pape François suscite dans les environnements les plus divers. Malheureusement, l'article lui-même se disqualifie en tombant dans l'erreur habituelle d'un journalisme superficiel, qui pour mettre en évidence les aspects positifs du Pape François, croit pouvoir décrire de façon négative le pontificat de Benoît, et il le fait avec une grossièreté surprenante. Dommage. Ce n'est pas la façon de faire un bon service, même au Pape François, qui sait ce que l'Eglise doit à son prédécesseur".

Il est sage d'aller au-delà de l'attention médiatique
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Parfait, rien à ajouter. La prochaine fois, pourtant, entre consultants, magazines, porte-parole et divers monsignori qui avec beaucoup de soin lisent et relisent les portraits du perroquet ami du pape, il est à espérer que quelqu'un jette un coup d'oeil (même rapide, c'est plus que suffisant) à certains article claironnés comme l'encyclique du siècle. Et qui ne sont en réalité rien de plus que de la boue jetée sur la façade de Saint-Pierre.

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Note (de moi):
Le problème, c'est que deux jours plus tôt, le même site internet "Formiche" avait publié un article enthousiaste sur "François, le pape rock qui fait même la couverture de Rolling Stone"... sans faire la moindre allusion au contenu ordurier de l'article.. Ils ne l'avaient donc pas lu non plus.
http://www.formiche.net/2014/01/28/papa-francesco-il-papa-pop-che-saluta-pure-dalla-copertina-rolling-stones/