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Un Pape d'Amérique latine?

Retour sur un article curieux d'Andrea Tornielli du 2 mars 2013, cité par Francesco Colafemmina: «Quatre années de Bergoglio seraient suffisantes pour changer les choses ...» murmure un cardinal ami de longue date de l'archevêque de Buenos Aires. (15/3/2014)

>>> Voir aussi: Anniversaire d'une élection (2)

Si vous avez décidé de vous recouvrir les yeux d'un bandeau, et de vous boucher les oreilles, il est préférable que vous effaciez Francesco Colafemmina et son blog Fides et Forma de la liste de vos favoris. Pour des informations "religieusement correctes", mieux vaut se reporter au bulletin VIS, à la plupart des blogs catholiques, voire aux dépêches de l'AFP, ou même au Monde !!
Comme moi (mieux que moi, certes!), il essaie de comprendre ce qui se passe depuis un an (cela n'a rien à voir avec une quelconque nostalgie de Benoît XVI), et d’analyser le malaise qui le taraude.
Il le fait avec passion, mais aussi un certain parti-pris, et sans doute quelque exagération. Je n'exclus pas qu'il se trompe - mais pas non plus qu'il voit juste. Quoi qu'il en soit, il n'y a guère de doute que des « affreux », indignes de la soutane qu'il leur arrive de porter (les mêmes qui ont fait des dernières années du pontificat de Benoît XVI un enfer) s’agitent autour du Pape François pour faire avancer leur agenda. Les prières du pape émérite sont plus que jamais nécessaires pour faire échouer leur projet.
Le dernier billet de Fides et Forma s’intitule « Papauté en CDD, apostasie et auto-destruction ». Le titre est un assez bon résumé…
Ceux qui lisent l’italien trouveront l’article ici : www.fidesetforma.com/2014/03/13/papato-tempo-apostasia-e-autodistruzione/
J'ai traduit seulement ce passage, qui m’a intriguée par l’allusion à Andrea Tornielli, le thuriféraire inlassable et porte-parole officieux, depuis un an, du Pape François - ou plus précisément à un article de lui écrit le 2 mars 2013, soit deux jours avant le début des congrégations générales de pré-conclave (comme le justifie cette dépêche de VIS):

La famille est le centre de l'attaque qui part de l'extérieur de l'Église, et est aujourd'hui largement partagée par l'Église elle-même. Ce sera l'un des éléments centraux du bref pontificat de François. Le suivant, par exemple, pourra s'occuper du célibat des prêtres. Mais - vous demanderez-vous - pourquoi est-ce que je parle d'un pontificat «bref»? Parce que c'est désormais une voix de plus en plus autorisée (???) qui place la fin du Pontificat de François en 2017, au cours du quatre-vingtième anniversaire de Bergoglio. D'ailleurs, n'est-ce pas le cardinal Hummes qui a annoncé à Tornielli juste avant le Conclave de l'année dernière: «Il suffirait à Bergoglio de quatre ans pour changer les choses?» . Et n'est-ce pas Bergoglio lui-même qui a annoncé à De Bortoli (dans l'interviewe à Il Corriere) que des papes émérites, il y en aurait d'autres à l'avenir?

L'article d'Andrea Tornielli

TENTATION SUD-AMÉRICAINE POUR LE PREMIER PAPE NON-EUROPÉEN
L'hypothèse d'un pape latino-américain pour donner un signal fort de changement
Andrea Tornielli
http://www.lastampa.it/
(traduction benoît-et-moi)
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«Quatre années de Bergoglio seraient suffisantes pour changer les choses ...» murmure un cardinal ami de longue date de l'archevêque de Buenos Aires.
Il y a le nom d'un cardinal qui n'entre pas dans l'évantail des papabili, ces jours-ci, en raison de son âge: celui du jésuite de 76 ans Jorge Mario Bergoglio, d'origine turinoise, archevêque de la capitale de l'Argentine. Le candidat qui, au troisième tour de scrutin du bref conclave de 2005, a obtenu une quarantaine de voix, faisant de lui le candidat le plus voté après Ratzinger (toujours cette histoire de cardinaux parjures qui ont révélé les secrets du conclave de 2005 !!!). Au cours des dernières années, son prestige a grandi dans l'Église latino-américaine et même au sein du Collège des Cardinaux. Il n'est pas exclu qu'il puisse encore obtenir quelques votes, mais il sera certainement l'une des figures clés destinées à avoir un poids dans les assemblées générales et lors du conclave. Dans son diocèse, depuis un certain temps, l'Eglise va dans les rues, les places, les gares, pour évangéliser et administrer les sacrements.

«Toute l'activité de l'Eglise s'est fondée sur la mission - dit Bergoglio, à propos de l'évangélisation. Cela implique une tension très forte entre le centre et la périphérie, entre la paroisse et le quartier. Il nous faut sortir de nous-mêmes, aller vers les périphéries. Il nous faut éviter la maladie spirituelle de l'Église, autoréférentielle: quand elle le devient, l'Église tombe malade. C'est vrai qu’en sortant dans la rue, comme cela arrive à tout homme et toute femme, des accidents peuvent survenir. Mais si l'Eglise est fermée sur elle-même, autoréférentielle, elle vieillit. Et entre une Eglise accidentée, qui sort dans les rues, et une Église malade d'autoréférentialité, je n'ai aucun doute à préférer la première».

Au consistoire de Février 2012, célébré au milieu de la tempête de Vatileaks, Bergoglio avait déclaré que «le pire péché dans l'Eglise» est «l'attitude de la mondanité spirituelle», où rentrent également «le carriérisme et la recherche de l'avancement».
Ceux qui souhaitent un changement significatif pourraient regarder vers lui.

La possibilité d'élire un candidat d'Amérique latine a été évoquée par le cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les Textes législatifs: «À mon avis, il est temps de regarder à l'extérieur de l'Italie et de l'Europe, et en particulier de considérer l'Amérique latine».
C'est la direction vers laquelle pourraient aussi s'orienter des cardinaux qui ont été nonces apostoliques dans ces pays, comme le président du Gouvernorat Giuseppe Bertello et le préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales Leonardo Sandri. Mais aussi des 'curiaux' chevronnés comme Giovanni Battista Re, désormais à la retraite. Un des noms que l'on entend le plus souvent est celui de l'archevêque de Sao Paulo, Odilo Pedro Scherer, 63 ans, un prélat qui n'a pas - et cela pourrait le desservir - un caractère "latin" et brésilien (ndt: cf Marco Tosatti ).

Un élément commun qui se dégage est le désir d'un changement de cap, d'abord et avant tout dans la gestion de la Curie romaine, mais pas seulement. Dans quelle direction la mettre en œuvre, ce sera l'objet de discussions dans les congrégations générales qui commenceront le lundi.

On voit que l'élection avait été préparée.
Les propos du cardinal Bergoglio cités ici sont ceux qu'on lui entend répéter depuis un an.
Quant à l'hypothèse d'une démission, on peut ne pas y croire.
Mais il n'y a pas longtemps, j'ai entendu Caroline Pigozzi évoquer cette possibilité pour François.
Venant de la "fine connaisseuse" des arcanes du Vatican dont le hasard m'a fait retrouver récemment un article ignoble qu'elle avait osé écrire pour Paris Match en avril 2012, alors que Benoît XVI rentrait d'un voyage épuisant mais triomphal au Mexique et à Cuba (www.parismatch.com/Actu/International/Benoit-XVI-fin-de-regne-au-Vatican), cela fait rétrospectivement (et même par anticipation!) froid dans le dos.
Et c'est ce qui s'appelle des sources croisées.