Une histoire de passeport
Pourquoi le Pape François a-t-il décidé de conserver son passeport argentin? (18/2/2014)
En vertu des Accords du Latran "entre le Saint-Siège et le Royaume d'Italie" du 11 février 1929, l'Etat du Vatican est "libre et souverain".
Le préambule des Accords stipule "qu'il faut, pour assurer au Saint-Siège l'indépendance absolue et visible, lui garantir une souveraineté indiscutable même dans le domaine international, et que, par suite, est apparue la nécessité de constituer avec des modalités particulières, la Cité du Vatican, en reconnaissant au Saint-Siège, sur ce territoire, pleine propriété, pouvoir exclusif et absolu et juridiction souveraine".
Benoît XVI le rappelait, recevant la visite officielle du président de la République Giorgio Napolitano le 20 novembre 2006:
Il s'adressait à son hôte en ces termes:
Afin d'assurer au Saint-Siège "l'indépendance absolue et visible" et de "lui garantir une souveraineté indiscutable également dans le domaine international", à travers le Traité du Latran a été constitué l'Etat de la Cité du Vatican. En vertu de ce Traité, la République italienne offre à différents niveaux et selon diverses modalités une précieuse et constante contribution à l'accomplissement de ma mission de Pasteur de l'Eglise universelle.
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Cette définition des relations entre l'Eglise et l'Etat a inspiré également l'Accord qui apporte des modifications au Concordat du Latran, signé par le Saint-Siège et l'Italie le 18 février 1984, dans lequel ont été réaffirmées tant l'indépendance et la souveraineté de l'Etat et de l'Eglise que la "collaboration réciproque pour la promotion de l'homme et pour le bien du pays"
(www.vatican.va)
C'est à ce titre que le pape et les cardinaux peuvent disposer de passeports diplomatiques émis par le Saint-Siège.
Or, une nouvelle reprise par de nombreuses agences de presse nous apprend que le Pape a demandé le renouvellement de son passeport argentin.
On peut penser que c'est juste une anecdote pittoresque, de celles dont les médias sont friands. Mais ce que fait un Pape ne peut pas être anodin. Il n'est pas une personne privée.
Au moment où l'ingérence du monde dans les affaires du Vatican taille à coup de canifs dans le contrat signé avec l'Etat italien 85 ans auparavant, je me demande si ce n'est pas un signal (inquiétant) de plus: le Souverain de l'Etat du Vatican ne veut pas voyager avec le passeport dont il dispose du fait de l'indépendance reconnue à l'Etat dont il est le Souverain. Comme s'il reniait cette souveraineté, comme un héritage historique dépassé.
Ce qui n'est pas sans risque.
On relira à ce sujet un curieux article que j'avais publié en décembre 2011 (http://benoit-et-moi.fr/2011-III/), après le voyage en Allemagne de Benoît XVI.
A travers une anecdote dérisoire (une histoire de ceinture de sécurité dans la papamobile) se posait la question de l'immunité diplomatique du Pape lors de ses déplacements à l'étranger.
J'écrivais à l'époque: La réponse donnée à cette question pourrait bien avoir d'autres implications, puisque le pape est visé par une plainte déposée en septembre par une association de victimes de prêtres pédophiles.
Il est vrai qu'à l'époque, le Pape, c'était Benoît XVI...
