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Une nouvelle interviewe de François

Le Pape a accordé une longue interviewe au quotidien de Barcelone «La Vanguardia» daté du 13 juin. Il confirme l'institution d'un statut de "pape émérite" (13/6/2014).

     

Texte en espagnol ici: www.lavanguardia.com
L'OR a traduit l'entretien en italien (ilsismografo.blogspot.fr/).

J'ai traduit quelques échanges.

Le Pape a évoqué une fois de plus une possible démission, allant jusqu'à parler d'une maison de retraite pour vieux prêtres en Argentine où il avait choisi une chambre.
Il a abordé de nombreux sujets, la persécution des chrétiens, le fondamentalisme religieux ("dans les trois religions - a-t-il dit - nous avons nos fondamentalistes, petits par rapport à l'ensemble"... oui mais peut-on comparer le fondamentalisme catholique, si tant est qu'il existe, à celui de CERTAINES autres religions!!), les inégalités croissantes entre pauvres et riches, le chômage des jeunes, la prière pour la paix du dimanche de Pentecôte dans les jardins du Vatican, le voyage en Terre Sainte, ce que représentait pour lui le judaïsme, le "conseil des huit", le rapprochement avec les orthodoxes....

Points forts

  • Pauvreté et paupérisme sont deux choses distinctes
  • L'antisémitisme est de droite
  • Pie XII et l'ouverture des archives
  • Je n'aime pas le protocole mais il est nécessaire
  • Démission de Benoît XVI, un grand geste.
     

- Pourquoi est-il important que l'Eglise soit pauvre et humble?
- La pauvreté et l'humilité sont au cœur de l'Évangile et je le dis dans un sens théologique, pas sociologique. On ne peut comprendre l'Évangile sans la pauvreté, mais il faut la distinguer du paupérisme. Je crois que Jésus désire que les évêques ne soient pas des princes, mais des serviteurs.

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- Comment voyez-vous l'antisémitisme?
- Je ne peux pas expliquer pourquoi il advient, mais je pense que c'est très proche, en général, et sans qu'il y ait une règle fixe, de la droite. L'antisémitisme se cache généralement mieux dans les courants politiques de droite plutôt que de gauche. Vous ne pensez pas? Il continue encore. Il y en a même qui nient l'Holocauste. Une folie.

- Un de vos projets est d'ouvrir les archives du Vatican sur l'Holocauste.
- Elles apporteront beaucoup de lumière.

- Etes-vous inquiet de ce que vous pourriez découvrir?
- Sur ce point, ce qui m'inquiète, c'est la figure de Pie XII, le pape qui a dirigé l'Eglise pendant la Seconde Guerre mondiale. Le pauvre Pape Pie XII, on lui a tout mis sur le dos. Mais il faut rappeler qu'avant, il a été considéré comme le grand défenseur des Juifs. Il en a caché beaucoup dans des couvents de Rome et d'autres villes italiennes, et même dans la résidence d'été de Castel Gandolfo. Là, dans la chambre du pape, sur son lit, sont nés 42 enfants, les enfants de juifs et d'autre refugiés persécutés. Je ne veux pas dire que Pie XII n'a pas commis d'erreur - moi aussi j'en commets beaucoup - mais son rôle doit être lu dans le contexte de l'époque. Valait-il mieux, par exemple, qu'ili ne parle pas pour qu'ils ne tuent pas plus de Juifs, ou qu'il parle? Je tiens aussi à dire qu'il me vient parfois de l'urticaire quand je vois que tout le monde s'en prend à l'Église et à Pie XII et oublie les grandes puissances. Vous savez qu'elles connaissaient parfaitement le réseau de chemin de fer des nazis pour amener les Juifs vers les camps de concentration? Ils avaient des photos. Ils n'ont pas bombardé les voies. Pourquoi? Ce serait bien si nous parlions un peu de tout.

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- Vous vous sentez toujours comme un curé de paroisse (pasteur), ou vous assumez votre rôle de chef de l'Église?
- La dimension de pasteur est celle qui montre le plus ma vocation. Servir les gens me vient de l'intérieur. J'éteins la lumière pour ne pas dépenser trop d'argent, par exemple. Ce sont des choses que fait un pasteur. Mais je me sens aussi Pape. Cela m'aide à faire les choses avec sérieux. Mes collaborateurs sont très sérieux et professionnels. J'ai des aides, pour remplir mon devoir. Il ne faut pas jouer au Pape-pasteur. Ce serait immature. Quand vient un chef d'Etat, je le reçois avec la dignité et le protocole qui conviennent. C'est vrai qu'avec le protocole j'ai mes problèmes, mais il faut le respecter.

- Vous êtes en train de changer beaucoup de choses. Vers quel avenir conduisent ces changements?
- Je ne suis pas un illuminé. Je n'ai pas un projet personnel que j'ai porté sous mon bras, tout simplement parce que je n'ai jamais pensé qu"'ils m'auraient laissé ici" au Vatican. Tout le monde le sait. J'étais venu avec une petite valise pour retourner tout de suite à Buenos Aires. Ce que je fais, c'est réaliser ce que nous, cardinaux, avons pensé durant les congrégations générales, c'est-à les réunions, pendant la vacance du Siége, que nous avons organisé chaque jour pour discuter des problèmes de l'Eglise. D'où les réflexions et les recommandations. Parmi elle, l'une, très concrère, était que le prochain pape devrait pouvoir compter sur un conseil extérieur, un groupe de conseillers qui ne vivent pas au Vatican.

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- Que pensez-vous de la démission de Benoît XVI ?
- Le Pape Benoît XVI a fait quelque chose de très grand. Il a ouvert une porte, il a créé une institution, celle des papes émérite (ndt: mais était-ce l'intention de Benoît XVI?). Il y a soixante-dix ans, il n'y avait pas d'évêques émérites. Aujourd'hui, combien sont-ils? Eh bien, puisque nous vivons plus longtemps, nous arrivons à un âge où nous ne pouvons pas continuer à nous occuper des choses. Je vais faire la même chose, je demanderai au Seigneur de m'éclairer, le moment venu et de me dire ce que je dois faire, et il me le dira sûrement.

- Vous avez une chambre réservée dans une maison de retraite à Buenos Aires.
- Oui, dans une maison de retraite pour prêtres âgés. Je devais quitter l'archevêché d'ici la fin de l'année dernière et j'avais déjà présenté ma démission au pape Benoît pour mes 75 ans. J'ai choisi une chambre et j'ai dit, "Je veux venir vivre ici". Je travaillerai comme prêtre, aidant les paroisses. Ce devait être mon avenir avant de devenir pape.

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- Comment aimeriez-vous que l'histoire se souvienne de vous?
- Je n'y ai pas pensé, mais j'aime quand on se souvient de quelqu'un en disant: "C'était un brave homme, il a fait ce qu'il pouvait, ce n'était pas si mal". Cela me suffit