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Vincent Lambert: où sont les évêques?

Réflexion sur les similitudes troublantes avec l'affaire Englaro qui avait déchiré l'Italie en 2009. Et deux interventions publiques de Mgr Negri (25/6/2014)

>>> Cf. Barbarie

Dernières nouvelles de Vincent Lambert

Hier: le Conseil d'Etat autorise l'arrêt des traitements
Cette nuit: la cour européenne des droits de l'homme ordonne le maintien en vie de Vincent Humbert, en attendant d'examiner le cas.

     

L'histoire de Vincent Lambert présente des similitudes troublantes (si troublantes que l'instrumentalisation par les médias fait penser à un scenario écrit d'avance!) avec celle d'Eluana Englaro (1), morte le 9 février 2009 au terme d'une procèdure létale d'interruption de l'hydration et de l'alimentation: même âge, mêmes circonstances (un accident de voiture qui l'avait laissée dans un état végétatif) même déchirement au sein de la famille (le père voulant mettre fin aux "souffrances" de sa fille, la mère se battant pour la maintenir en vie), même prétexte (la jeune femme ayant prétendument exprimé avant son accident le désir de ne pas être victime d'acharnement) même exploitation médiatique indécente, même issue attendue.

Les similitudes s'arrêtent là.
L'affaire Eluana avait à l'époque profondément déchiré l'Italie. Aujourd'hui, les français, hébétés par le pauvre spectacle de 22 types courant derrière une balle, ne manifestent même pas d'indignation.

L'épiscopat italien, soutenu par le magistère de Benoît XVI et emmené par le cardinal Bagnasco, avait fait entendre sa voix haut et fort. Malheureusement sans succès. L'épiscopat se sentait soutenu par le Pape, que les médias accusaient d'ingérence inadmissible dans les affaires de la société civile. Aujourd'hui, le Pape François a délégué aux églises locales le débat avec les autorités politiques: où est l'épiscopat français?
Déjà en septembre 2013 Jeanne Smits titrait sur son blog:
AFFAIRE VINCENT LAMBERT : L'ASSOURDISSANT SILENCE DES ÉVÊQUES
La question se pose avec encore plus d'acuité aujourd'hui.

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J'ai retrouvé deux interventions courageuses de Mgr Negri: le 3 février 2009, alors que le processus fatal avait été initié, et le 10, au lendemain de la mort d'Eluana

N'y a-t-il en France aucun "Luigi Negri"?

     

Mgr Negri, le 3 février 2009

http://blog.libero.it/larocca/6451282.html

La presse nationale nous a informés, avec l'hypocrisie typique des nouvelles terribles, la procédure commencée pour porter Eluana à la mort.
L'évêque de San Marino-Montefeltro, dans ses différentes interventions sur la question, a une fois défini l'issue fatale comme la fin de la civilisation italienne, la fin de la civilisation du droit, du respect de la vie, de la liberté de conscience, du bien commun.
La définition qui a été donnée en ces jours, c'est qu'il s'agit de la première condamnation à mort effectuée après la chute du fascisme, dans un pays qui a refusé la peine de mort et qui a même assumé en grande partie le mérite du moratoire sur la peine de mort dans presque tout le monde civilisé.

C'est un signe terrible de la désintégration de notre société.
Ce crime qui s'accomplit jette une ombre grave sur l'inhumanité de notre vie sociale et prépare des temps peu heureux pour les générations futures.

L'évêque de San Marino-Montefeltro, en face de cette histoire si terrible et si essentiellement diabolique, dispose que:

- A partir d'aujourd'hui et pour les trois prochains jours, les églises du diocèse, à la tombée des Vêpres, sonneront le glas pendant une durée appropriée;
- L'évêque de San Marino-Montefeltro demande également à toutes les communautés religieuses et à toutes les familles de réciter le chapelet dans la journée comme une humble demande à la Vierge que celle à qui la vie a été refusé sur terre, soit accueillie et chérie pour toujours dans la miséricorde maternelle de Marie.

Pennabilli 3 Février, 2009

     

Mgr Negri, 10 février 2009

www.libertas.sm/cont/comunicato/messaggio-di-mons-luigi-negri-all-indomani-della-morte-di-eluana-englaro

Office de presse et de communication
Diocèse de San Marino-Montefeltro

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Dans la tragédie qui s'est consommée sous nos yeux et qui remplit de consternation notre conscience de chrétiens et d'hommes de bonne volonté, je lance l'invitation à une pause silencieuse.
Mais dans le silence ne doit pas gagner l'hypocrisie, cette immense hypocrisie qui modifie les données de la réalité et qui fait circuler le mensonge plutôt que la réalité objective des événements et des positions. Dans le silence de la prière, au moins pour les croyants, nous devons dire la vérité, et la vérité, c'est que cela a été un geste d'élimination violente de la vie d'une personne faible et sans défense. Face à cela, chacun est appelé à prendre ses propres responsabilités: la mauvaise conscience qui a joué un rôle déterminant dans l'opinion publique, la bonne science qui n'a pas eu le courage d'un geste approprié, la magistrature, les institutions politiques, les moyens de communication sociale. Demandons-nous si on a voulu respecter et promouvoir le principe sacro-saint de la valeur absolue de la vie; dans la conscience claire que la vie dont par sa nature personne ne peut disposer, et qui est seulement dans la disponibilité de Dieu, on pourra avec peine remonter de cette terrible condition dans laquelle notre société est tombée.
Je demande à Dieu la grâce de la proclamation de la vérité, et, en même temps, l'expérience d'une grande miséricorde. La vérité sans miséricorde devient une idéologie abstraite; la miséricorde sans la vérité n'est pas la miséricorde.
J'invite le diocèse de San Marino-Montefeltro dans toutes ses ariculations à élever à Dieu des prières dans les formes que chacun estimera appropriées afin que le Seigneur nous accorde la grâce de la vérité et la grandeur de la miséricorde.

Pennabilli 10 février 2009
+ Luigi Negri,
Evêque de San Marino-Montefeltro

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(1) Eluana Englaro (née en 1970 et morte le 9 février 2009) fut victime le 19 janvier 1992 d'un accident de voiture qui la laissa dans un état végétatif irréversible. À partir de 1999, témoignant qu'elle « aurait exprimé le désir de mourir, si elle devait tomber dans le coma », son père entreprend des démarches pour que son système d'alimentation artificielle soit débranché.