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Avec les évêques suisses (suite)

Réflexion sur la catéchèse, le sacrement de pénitence et le ministère épiscopal (4/1/2014)

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Morale du monde, morale de l'Eglise

Après avoir lu l'extrait du discours de Benoît XVI aux évêques suisses publié hier, Monique m'écrit:

Je suis impressionnée par la connaissance qu'a le Pape des hommes de notre époque (avec leurs deux niveaux de morale), lui qu'on présentait toujours comme vivant dans une tour d'ivoire. Il est l'homme le plus conscient de l'état du monde et le meilleur connaisseur actuel de l'âme humaine, comme j'ai pu le constater aussi en lisant ses livres. L'image (belle et poétique) des oiseaux qui viennent se reposer un moment dans l'arbre de l'Eglise pour s'envoler à nouveau représente bien ce qui se passe en ce moment.
De même que plus personne (ou presque) n'arrive à prendre un engagement définitif, rares sont ceux qui font leur nid dans l'arbre de l' Eglise pour y élever une couvée d'oisillons.

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Je suppose que ceux qui me lisent auront eu l'idée de rechercher le reste des discours.
Pour ceux qui ne l'auraient pas fait, voici trois autres extraits, du premier discours, celui prononcé au début de la rencontre:
(Texte complet ici: www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/november/documents/hf_ben-xvi_spe_20061107_swiss-bishops_fr)

La catéchèse

La catéchèse (..), depuis une cinquantaine d'années, a, d'une part, accompli de grands progrès méthodologiques mais, de l'autre, s'est cependant beaucoup perdue dans l'anthropologie et dans la recherche de points de référence, si bien que l'on ne rejoint souvent même plus les contenus de la foi.
Je peux le comprendre: même à l'époque où j'étais vice-curé - il y a donc 56 ans - il était déjà très difficile d'annoncer la foi dans l'école pluraliste, avec de nombreux parents et enfants non croyants, car celle-ci semblait être un monde totalement étranger et irréel. Aujourd'hui, naturellement, la situation s'est encore aggravée. Toutefois, il est important que dans la catéchèse, qui s'exerce dans les milieux de l'école, de la paroisse, de la communauté etc., la foi continue à être pleinement valorisée, c'est-à-dire que les enfants apprennent vraiment ce qu'est la "création", ce qu'est l'"histoire du salut" réalisée par Dieu, qui est Jésus Christ, ce que sont les Sacrements, quel est l'objet de notre espérance... Je pense que nous devons tous, comme toujours, nous engager profondément pour un renouveau de la catéchèse, dans laquelle le courage de témoigner sa propre foi et de trouver les façons afin que celle-ci soit comprise et accueillie est fondamental. Car l'ignorance religieuse a aujourd'hui atteint un niveau effrayant. Toutefois, en Allemagne les enfants ont au moins effectué dix ans de catéchèse, ils devraient donc, au fond, connaître beaucoup de choses. C'est pourquoi nous devons certainement réfléchir de manière sérieuse sur nos possibilités de trouver des voies pour transmettre, même de manière simple, les connaissances, afin que la culture de la foi soit présente.

Le sacrement de la pénitence

Le deuxième thème que je voudrais aborder dans ce contexte, concerne le sacrement de la Pénitence, dont la pratique a progressivement diminué au cours des cinquante dernières années. Grâce à Dieu, il existe des cloîtres, des abbayes et des sanctuaires, vers lesquels les gens se rendent en pèlerinage et où leur coeur s'ouvre et est également prêt à la confession.
Nous devons vraiment apprendre ce sacrement à nouveau.
Déjà, du point de vue purement anthropologique, il est important, d'une part, de reconnaître la faute et, de l'autre, d'exercer le pardon. L'absence diffuse d'une conscience de la faute est un phénomène préoccupant de notre époque. Le don du sacrement de la Pénitence consiste donc non seulement dans le fait que nous recevons le pardon, mais également dans le fait que nous nous rendons tout d'abord compte de notre besoin de pardon; de ce fait, nous sommes déjà purifiés, nous nous transformons intérieurement et nous pouvons ensuite également mieux comprendre les autres et les pardonner. Le reconnaissance de la faute est quelque chose d'élémentaire pour l'homme - il est malade s'il ne la ressent plus - et l'expérience libératrice de recevoir le pardon est tout aussi importante pour lui. Pour ces deux choses le sacrement de la Réconciliation est le lieu décisif de leur exercice. En outre, la foi devient une chose tout à fait personnelle, elle ne se cache plus dans la collectivité. Si l'homme affronte le défi et, dans sa situation de besoin de pardon, se présente, pour ainsi dire, sans défense devant Dieu, alors il fait l'expérience émouvante d'une rencontre tout à fait personnelle avec l'amour de Jésus Christ.

Le ministère épiscopal

Je voudrais enfin traiter du ministère épiscopal. Au fond, nous avons déjà implicitement parlé de celui-ci pendant tout le temps.
Il me semble important que les Evêques, comme successeurs des Apôtres, d'une part portent vraiment la responsabilité des Eglises locales que le Seigneur leur a confiées, en faisant en sorte que l'Eglise, en tant qu'Eglise de Jésus, y croisse et vive. D'autre part, ils doivent ouvrir les Eglises locales à l'Eglise universelle.
Constatant les difficultés que les orthodoxes ont avec les Eglises autocéphales, ainsi que les problèmes de nos amis protestants face à la désagrégation des Eglises régionales, nous nous rendons compte de la grande signification que possède l'universalité, combien il est important que l'Eglise s'ouvre à la totalité, en devenant vraiment une Eglise unique dans l'universalité. D'autre part, elle n'en est capable que si elle est vivante dans son propre territoire. Cette communion doit être alimentée par les Evêques avec le Successeur de Pierre dans l'esprit d'une succession consciente au Collège des Apôtres. Nous devons tous nous efforcer sans cesse de trouver dans ce rapport réciproque le juste équilibre, afin que l'Eglise locale vive son authenticité et, dans le même temps, que l'Eglise universelle en reçoive un enrichissement, afin que toutes les deux donnent et reçoivent et qu'ainsi l'Eglise du Seigneur grandisse.