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Benoît XVI et l'attention aux pauvres

Une sollicitude discrète mais profonde qui est un fil conducteur de son pontificat (12/4/2014)

Qui sont les pauvres?

Voici ce que disait Benoît XVI à Mariazell, en Autriche, le 8 septembre 2008, devant les prêtres et religieux :

Jésus Christ, qui était riche de toute la richesse de Dieu, s'est fait pauvre pour nous, nous dit saint Paul dans la Deuxième Lettre aux Corinthiens (cf. 8, 9); il s'agit-là d'une parole intarissable, sur laquelle nous devrions toujours réfléchir à nouveau.
Et dans la Lettre aux Philippiens on lit: Il s'est anéanti lui-même et s'est humilié en obéissant jusqu'à la mort sur une croix (cf. 2, 6sq). Lui, qui s'est fait pauvre, a appelé les pauvres "bienheureux".
Saint Luc, dans sa version des Béatitudes, nous fait comprendre que cette affirmation - le fait de proclamer les pauvres bienheureux - concerne sans aucun doute les gens pauvres, vraiment pauvres, dans l'Israël de son époque, où il régnait un contraste opprimant entre les riches et les pauvres.
Dans sa version des Béatitudes, saint Matthieu nous explique toutefois que la simple pauvreté matérielle ne garantit pas à elle seule la proximité de Dieu, car le cœur peut être dur et rempli du désir de richesse. Matthieu - comme toute l'Ecriture Sainte - nous laisse cependant comprendre que, quoi qu'il en soit, Dieu est proche des pauvres de manière particulière.
Cela devient alors clair: le chrétien voit en eux le Christ qui l'attend, qui attend son engagement. Celui qui veut suivre le Christ de manière radicale, doit renoncer aux biens matériels. Il doit cependant vivre cette pauvreté à partir du Christ, comme une manière de devenir libre intérieurement pour son prochain.
Pour tous les chrétiens, mais en particulier pour nous prêtres, pour les religieux et les religieuses, pour les individus ainsi que pour les communautés, la question de la pauvreté et des pauvres doit être toujours à nouveau l'objet d'un sévère examen de conscience. Précisément dans notre situation, dans laquelle nous ne sommes pas mal, nous ne sommes pas pauvres, je pense que nous devons réfléchir en particulier sur la façon dont nous pouvons vivre cet appel de manière sincère. Je voudrais le recommander à votre - à notre - examen de conscience.
(http://www.vatican.va/...)

Sur le thème de l'engagement constant de Benoît XVI en faveur des pauvres, en particulier à travers ses encycliques, voici un article-synthèse qui a été publié sur le site du Secours catholique le 22 février 2013.

     

L’attention aux pauvres, un leitmotiv de Benoît XVI
22/02/2013

Durant les huit années du pontificat de Benoît XVI, celui-ci a eu une attention particulière pour la lutte contre la pauvreté

Antoine Sondag
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Un pape annonce son “programme de gouvernement”, si l’on peut dire, dans sa première encyclique. Deus Caritas Est, première encyclique de Benoît XVI publié en décembre 2005, exprime son intuition fondamentale : Dieu est amour ; c’est dans l’amour vécu que se dévoile la figure de Dieu ; c’est dans l’amour que les êtres humains peuvent faire une expérience de Dieu.

Cet amour vécu n’est pas seulement une réalité individuelle, comme un chemin de spiritualité qui mène à Dieu. C’est aussi un chemin qui doit être parcouru par l’Église comme communauté. D’où le rôle central des organisations de charité dans l’Église – et parmi elles particulièrement les Caritas : ces organisations expriment une dimension centrale de l’Église au même titre que les Sacrements ou la Parole. Elle est souvent nommée diaconie, pour désigner cette nécessaire facette de toute communauté chrétienne.

Benoît XVI est présenté, à juste titre, comme un théologien, un intellectuel, un homme humble, un mystique timide. Et c’est ce pape là qui a souligné le rôle central de la charité dans la vie de tout croyant et de toute communauté chrétienne. C’est ce pape là qui nous rappelle que le cœur de l’expérience chrétienne consiste à vivre la charité, c’est-à-dire l’ouverture à l’égard de la pauvreté en ce monde et le combat contre elle. Comme le montrent ces quelques extraits de textes et discours de Benoît XVI.

Ce qu’est vraiment la pauvreté
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« Il est nécessaire d’avoir une vision ample et détaillée de la pauvreté. Si la pauvreté n’était que matérielle, les sciences sociales (…) seraient suffisantes pour en éclairer les caractéristiques principales. Nous savons cependant qu’il existe des pauvretés immatérielles (…). Par exemple, dans les sociétés riches et avancées, se trouvent des phénomènes de marginalisation, de pauvreté relationnelle, morale et spirituelle (…). Je pense à ce qu’on appelle le “sous-développement moral” et aux conséquences négatives du “surdéveloppement” (…). Toute forme de pauvreté non choisie prend racine dans le manque de respect envers la dignité transcendante de la personne humaine. »
(Message pour la Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2009 )


« Une des pauvretés les plus profondes que l’homme puisse expérimenter est la solitude (…). Les autres formes de pauvreté, y compris les pauvretés matérielles, naissent de l’isolement, du fait de ne pas être aimé ou de la difficulté d’aimer. »
(Caritas In Veritate, 29 juin 2009)

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La lutte contre la pauvreté doit être participative
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« Mettre les pauvres à la première place suppose que les acteurs du marché international construisent un espace où puisse se développer une juste logique économique, et que les acteurs institutionnels mettent en œuvre une juste logique politique ainsi qu’une correcte logique de participation capable de valoriser la société civile. »
(Deus Caritas Est, 25 décembre 2005)

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Changer le regard sur les personnes pauvres
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« Il faut “abandonner la mentalité qui considère les pauvres – personnes et peuples – comme un fardeau, comme d’ennuyeux importuns qui prétendent consommer ce que d’autres ont produit. Les pauvres revendiquent le droit d’avoir leur part des biens matériels et de mettre à profit leur capacité de travail afin de créer un monde plus juste et plus prospère pour tous”. »
(Deus Caritas Est)

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La justice précède la charité
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« Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux (…). La justice n’est pas étrangère à la charité, elle n’est pas une voie alternative ou parallèle à la charité : la justice est inséparable de la charité, elle lui est intrinsèque. La justice est la première voie de la charité. »
(Caritas In Veritate, 29 juin 2009)

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Dimension communautaire de la charité
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« L’amour du prochain est une tâche pour chaque fidèle, mais il est aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les niveaux : de la communauté locale à l’Église particulière jusqu’à l’Église universelle dans son ensemble. L’Église aussi, en tant que communauté, doit pratiquer l’amour. »
(Deus Caritas Est)

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La diaconie, dimension de toute Église
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« La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), célébration des Sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité (…) appartient à la nature de l’Église, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer. »
(Deus Caritas Est)

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Pas de prosélytisme dans la lutte contre la pauvreté

« La charité ne doit pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour est gratuit. Il n’est pas utilisé pour parvenir à d’autres fins (...). Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de Le taire et de ne laisser parler que l’amour. Il sait que Dieu est amour et qu’il se rend présent précisément dans les moments où rien d’autre n’est fait sinon qu’aimer. »
(Deus Caritas Est)

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La lutte contre la pauvreté mène jusqu’à Dieu

« L’amour – caritas – est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue. »
(Caritas In Veritate)