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Chaire de Saint Pierre

Le Consistoire, créant les nouveaux cardinaux, coïncide avec la fête de la Chaire de Saint-Pierre. Relisons l'homélie donnée par Benoît à St Jean de Latran lors de la prise de possession de sa chaire, le 7 mai 2005 (22/2/2014).

(Merci à Marie-Christine de nous remettre ce texte en mémoire)

     

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L'Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ

L'Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ. Ainsi la Chaire est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d'enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l'Eglise, l'Ecriture Sainte, dont la compréhension s'accroît sous l'inspiration de l'Esprit Saint, et le ministère de l'interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l'une à l'autre de façon indissoluble. Là où l'Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l'Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux; le travail des savants est d'une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l'Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité; elle n'est pas en mesure de nous donner, dans l'interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C'est pourquoi, il y a besoin d'un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C'est pourquoi il y a besoin de la voix de l'Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu'à la fin des temps.

Le Pape n'est pas un souverain absolu. Le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole

Cette autorité d'enseignement effraie un grand nombre d'hommes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise. Ils se demandent si celle-ci ne menace pas la liberté de conscience, si elle n'est pas une présomption s'opposant à la liberté de pensée. Il n'en est pas ainsi. Le pouvoir conféré par le Christ à Pierre et à ses successeurs est, au sens absolu, un mandat pour servir. L'autorité d'enseigner, dans l'Eglise, comporte un engagement au service de l'obéissance à la foi. Le Pape n'est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi. Au contraire: le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais se soumettre constamment, ainsi que l'Eglise, à l'obéissance envers la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d'adaptation et d'appauvrissement, ainsi que face à tout opportunisme. C'est ce que fit le Pape Jean-Paul II lorsque, face à toutes les tentatives, apparemment bienveillantes envers l'homme, face aux interprétations erronées de la liberté, il souligna de manière catégorique l'inviolabilité de l'être humain, l'inviolabilité de la vie humaine de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. La liberté de tuer n'est pas une véritable liberté, mais une tyrannie qui réduit l'être humain en esclavage. Le Pape est conscient d'être, dans ses grandes décisions, lié à la grande communauté de foi de tous les temps, aux interprétations faisant autorité qui sont apparues le long du chemin du pèlerinage de l'Eglise. Ainsi son pouvoir ne se trouve pas "au-dessus", mais il est au service de la Parole de Dieu, et c'est sur lui que repose la responsabilité de faire en sorte que cette Parole continue à rester présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté, de façon à ce qu'elle ne soit pas rendue vaine par les changements continuels des modes.


La Chaire est le symbole de l'autorité d'enseignement, qui est une autorité d'obéissance et de service

La Chaire est - disons-le encore une fois - le symbole de l'autorité d'enseignement, qui est une autorité d'obéissance et de service, afin que la Parole de Dieu - la vérité! - puisse resplendir parmi nous, en nous indiquant la route de la vie. Mais, en parlant de la Chaire de l'Evêque de Rome, comment ne pas rappeler les paroles que saint Ignace d'Antioche écrivit aux Romains? Pierre, venant d'Antioche, son premier siège, se dirigea vers Rome, son siège définitif. Un siège rendu définitif à travers le martyre par lequel il lia pour toujours sa succession à Rome. Ignace, quant à lui, restant Evêque d'Antioche, se dirigeait vers le martyre qu'il allait devoir subir à Rome. Dans sa lettre aux Romains, il se réfère à l'Eglise de Rome comme à "Celle qui préside dans l'amour", une expression très significative. Nous ne savons pas avec certitude ce qu'Ignace avait véritablement à l'esprit en utilisant ces mots. Mais pour l'antique Eglise, le mot amour agape, faisait allusion au mystère de l'Eucharistie. Dans ce Mystère, l'amour du Christ se fait toujours tangible parmi nous. Là, Il se donne toujours à nouveau. Là, Il laisse son coeur être toujours transpercé à nouveau; là, Il tient sa promesse, la promesse qui, de la Croix, devait tout attirer à lui. Dans l'Eucharistie, nous apprenons nous-mêmes l'amour du Christ. Cela a été grâce à ce centre et à ce coeur, grâce à l'Eucharistie, que les saints ont vécu, en apportant l'amour de Dieu dans le monde sous des formes et des manières toujours nouvelles. Grâce à l'Eucharistie, l'Eglise renaît toujours de nouveau! L'Eglise n'est autre que ce réseau - la communauté eucharistique! - dans laquelle nous tous, en recevant le même Seigneur, nous devenons un seul corps et nous embrassons le monde entier. Présider dans la doctrine et présider dans l'amour, à la fin, ne doivent être qu'une seule chose: toute la doctrine de l'Eglise, à la fin, conduit à l'amour. Et l'Eucharistie, cet amour présent de Jésus Christ, est le critère de toute doctrine. De l'amour dépendent toute la Loi et les Prophètes, dit le Seigneur (Mt 22, 40). L'amour est l'accomplissement de la loi, écrivait saint Paul aux Romains (13, 10).

Chers Romains, à présent je suis votre Evêque. Je vous remercie de votre générosité, je vous remercie de votre sympathie, je vous remercie de votre patience! En tant que catholiques, d'une certaine façon, nous sommes également tous Romains. Avec les paroles du Psaume 87, un hymne de louange à Sion, mère de tous les peuples, Israël chantait et l'Eglise chante: "Mais de Sion l'on dira: "Tout homme y est né"" (v. 5). Nous pourrions dire la même chose nous aussi: en tant que catholiques, d'une certaine façon, nous sommes tous nés à Rome. C'est pourquoi je veux chercher, de tout mon coeur, à être votre Evêque, l'Evêque de Rome. Et nous voulons tous chercher à être toujours plus catholiques - toujours plus des frères et des soeurs dans la grande famille de Dieu, cette famille où il n'existe pas d'étrangers. Enfin, je voudrais remercier de tout coeur le Vicaire pour le diocèse de Rome, le cher Cardinal Camillo Ruini, et également les Evêques auxiliaires et tous ses collaborateurs. Je remercie de tout coeur les curés, le clergé de Rome et tous ceux qui, en tant que fidèles, offrent leur contribution pour construire ici la maison vivante de Dieu.
Amen.

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