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Deux discours "a braccio" de 2005

Le mot qui décrit le mieux Benoit, c'est "merci" (4/1/2014).

Ce sont les propos de Mgr Gänswein rapportés par Angela Ambrogetti et que je viens de traduire (Mgr Gänswein s'explique ) qui me ramènent à l'esprit le second de ces discours de 2005: "Il a consacré toute ses forces, ses capacités, ses expériences, toute sa personne au ministère pétrinien".

Les deux discours confirment ce que disait l'autre secrétaire, Mgr Xuereb: le mot qui décrit le mieux Benoit, c'est "merci" (benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/une-magnifique-interviewe-de-mgr-xuereb).

J'avais traduit ces discours à l'époque, et j'écrivais:
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[Dans ces discours "a braccio"] ce n'est pas le théologien érudit, qui se révèle, mais l'homme, dans toute sa gentillesse, sa chaleur et sa modestie.
Avec une simplicité touchante, il se laisse même aller aux confidences personnelles.
Et avec délicatesse, il se préoccupe, pour son auditoire, des plus petites choses de la vie de tous les jours (cf. le discours aux enfants du choeur de la Chapelle Sixtine).
Le professeur de théologie n'est jamais très loin, mais, s'il ne résiste pas au plaisir de nous livrer une cathéchèse, il le fait de façon vivante, légère et informelle - voir sa méditation sur la beauté du travail manuel et ce qu'il dit du "Créateur - qui, selon une belle image, a fait l'homme de ses mains".

Discours de Benoît XVI aux participants du Concert de la Chapelle Pontificale. (20 décembre 2005)

Cher Maestro, Mgr Liberio,
Chers enfants de la Chapelle Sixtine,
Chers chanteurs, enseignants, collaborateurs et collaboratrices,

Je n'ai pas trouvé le temps de préparer un discours, même si mon idée était très simple:
dire, en ces jours précédant Noël, qu'il s'agit de jours de remerciements pour les cadeaux;
dire, en ces jours, merci à vous, pour tout ce que vous nous donnez durant l'année, pour cette grande contribution pour la gloire de Dieu et pour la joie des hommes sur la terre.

Dans la nuit de la naissance du Sauveur, les anges ont annoncé aux bergers la naissance du Christ, avec ces mots: "Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus".
La tradition, depuis toujours, est convaicue que les anges n'ont pas simplement parlé comme font les hommes, mais qu'ils ont chanté, et que c'était un chant d'une beauté céleste, qui révélait la beauté du Ciel.

La tradition est aussi convaincue que les choeurs de voix blanches peuvent nous faire entendre un écho des chants angéliques.
Et c'est vrai que, dans le chant de la Chapelle Sixtine, lors des grandes liturgies, nous pouvons entendre la présence de la liturgie céleste, un peu de la beauté par laquelle le Seigneur veut nous communiquer sa joie.

En réalité, la louange de Dieu exige le chant. C'est pour cela que dans l'Ancien Testament -avec Moïse et David - jusque dans le Nouveau Testament -avec l'Apocalypse - , nous entendons de nouveau les chants de la liturgie céleste, laquelle nous offre un enseignement pour notre liturgie, dans l'Eglise de Dieu.
Pour cela, votre contribution est essentielle pour la liturgie: ce n'est pas un ornement marginal, mais la liturgie comme telle exige cette beauté, exige le chant pour louer Dieu et pour donner de la joie aux participants.

Pour cette grande contribution, je voudrais vous dire merci avec tout mon coeur.
La liturgie du Pape, la liturgie de Saint-Pierre, doit être une liturgie exemplaire pour le monde. Vous savez que, par la télévision et la radio, aujourd'hui, dans toutes les parties du monde, beaucoup de gens peuvent suivre cette liturgie. De cette façon, ils apprennent ce qu'est la liturgie, comment on doit célébrer la liturgie.
Pour cela, il est important, non seulement que nos cérémoniaires enseignent au Pape comment bien célébrer la liturgie, mais aussi que la Chapelle Sixtine soit un exemple de la façon dont on doit donner la beauté au chant pour la louange de Dieu.

Je sais -car mon frère m'a permis de toucher du doigt la beauté d'un choeur de voix blanches - que cette beauté exige un grand engagement et beaucoup de sacrifices de votre part.
Vous, les enfants, vous devez vous lever tôt pour aller à l'école; je connais la circulation à Rome, et je peux donc deviner combien il peut être difficile d'arriver à temps.
Et puis, vous devez travailler dur jusqu'au bout, afin que soit réalisée cette perfection que nous venons à nouveau d'entendre.

Pour tout ceci, je vous dis merci. Et aussi parce que, durant ces fêtes, tandis que vos camarades font de grandes promenades, vous devez rester à la Basilique pour chanter, et parfois aussi attendre une heure sans pouvoir chanter. Et pourtant, vous êtes toujours prêts à donner votre contribution.

Je ressens cette gratitude chaque fois, et, en cette occasion, je voulais vous la communiquer.
Noël est la fête des cadeaux.
Dieu lui-même nous a fait le plus grand des cadeaux, il s'est donné lui-même. Il s'est incarné, il s'est fait petit enfant. Dieu nous a fait le vrai don, et ainsi, il nous invite nous aussi à donner, à donner avec le coeur; à donner à Dieu et au prochain un peu de nous-mêmes. Et à donner aussi des signes de notre bonté, d'offrir de la joie aux autres. Ainsi, moi aussi, j'ai tenté de rendre visible ma gratitude à travers des dons, qui seront remis comme l'espression d'une gratitude pour laquelle les mots me manquent.

Discours aux agents du Vatican, qui ont collaboré à la restructuration de l'appartement pontifical (23/12/05)

Chers collaborateurs et collaboratrices

Malheureusement, les nombreux engagements de ces derniers jours ne m'ont pas permis de préparer un discours digne du travail que vous avez effectué. Je m'en excuse. Je peux seulement parler , comme on dit, "a braccio". Mais les mots viennent vraiment du coeur.

Je n'ai pas beaucoup de choses à dire. Seulement un mot. Mais ce mot, avec toute la force de ma conviction, est un "merci" qui vient du plus profond de mon coeur. En moins de trois mois, vous avez fait un travail immense pour restaurer mon appartement.
Je suis convaincu -parce qu'en Allemagne, j'ai fait construire une petite maison pour moi- que, partout ailleurs, un tel travail aurait duré une année, et même plus. Ainsi, j'ai vu avec quel dévouement vous avez travaillé, avec quelle compétence, et avec une collaboration entre les différents services techniques que je ne peux qu'admirer, et qui, pour moi, est la preuve d'un engagement intérieur à bien servir le Saint-Siège et le Successeur de Pierre.
Ainsi, vous avez vraiment donné l'exemple d'un travail responsable. Je peux seulement admirer les choses que vous avez faites, comme ces beaux dallages. Et puis, j'aime particulièrement ma nouvelle bibliothèque, avec ce plafond ancien.
Pour moi, c'est comme être entouré d'amis, maintenant que l'on a mis en place les étagères avec les livres. Et puis, le cabinet médical, et toutes les autres choses que je ne puis à présent énumérer. Mais j'ai vu, même si j'ai peu de compétence en la matière, qu'en trois mois, vous avez travaillé, je dirais jour et nuit, avec un incroyable dévouement. Je peux seulement vous assurer de ma profonde gratitude et de ma prière.

Il m'est venu à l'esprit que, dans le Nouveau Testament, comme profession du Seigneur Jésus avant sa mission publique, il apparaît le mot "tecton", que nous traduisons d'habitude par "charpentier", parce qu'à l'époque, les maisons étaient habituellement construites en bois.
Mais plus qu'un "charpentier", c'est un "artisan", qui doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire pour la construction d'une maison. Ainsi, en un certain sens, vous êtes des "collègues" de Notre Seigneur, vous avez vraiment réalisé ce que lui a fait volontairement avant d'annoncer au monde sa grande mission. Le Seigneur a voulu nous montrer ainsi la noblesse de ce travail.
Dans le monde grec, seul le travail intellectuel était considéré comme digne d'un homme libre. Le travail manuel était laissé aux esclaves.
La religion biblique est totalement différente.
Ici, le Créateur -qui, selon une belle image, a fait l'homme de ses mains- apparaît vraiment comme l'exemple de l'homme qui travaille avec ses mains, et, ce faisant, travaille avec son cerveau et son coeur.
L'homme imite le Créateur, afin que ce monde qui nous a été donné par Lui soit un monde habitable. Ceci apparaît dans la narration biblique depuis le début. Mais aussi, de manière plus forte, dans le fait que Jésus était "tecton", "artisan", émerge la noblesse et la grandeur de ce travail.

A présent, à proximité de la fête de Noël, c'est le moment de dire "merci" pour tout cela, pour votre travail qui m'encourage - comme vous qui avez tout donné - à donner moi ausi, en cette heure tardive de ma vie, tout ce que je peux donner.
Je salue ceux qui vous sont chers, et je vous accorde de tout mon coeur, ma bénédiction apostolique.