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En Tanzanie, un symposium sur Benoît XVI

Le Pape émérite a écrit une lettre aux participants. Interviewe du promoteur de l'évènement, le P. Buckenmaier: accèder au très riche trésor théologique de Joseph Ratzinger/Benoît XVI (11/3/2014)

     

Du 10 au 12 mars se déroule à la Jordan University College de Morogoro, en Tanzanie, un symposium en anglais intitulé: "D'où viens-tu? (Jean 19,9). la figure et le message de Jésus dans la trilogie Jésus de Nazareth de Joseph Ratzinger / Benoît XVI".
Voici le fac similé de la lettre du pape émérite, datée du23 décembre 2013, en réponse à l'annonce que lui avait faite l'organisateur de l'évènement, le P. Buckenmaier.
La lettre est en allemand, je l'ai traduite d'après la traduction en italien sur le site www.fondazioneratzinger.va .
On observera la signature (Benedictus XVI), contrairement à la signature de la lettre à Tornielli, confirmant ce qu'avait dit Antonio Socci (cf. Enigme autour de la lettre à Tornielli )

Chers amis,

Par le professeur Bruckenmaier, j'ai appris qu'en mars 2014 vous tiendrez un symposium où vous voulez vous employer à comprendre la figure de Jésus de Nazareth à partir de mes trois livres sur Jésus.
Jésus-Christ est le centre de notre foi laquelle par sa nature est rencontre avec Lui, et donc avec le Dieu vivant. Le fait qu'à notre époque sa figure soit de plus en plus repoussée et devienne inaccessible à cause de multiples discussions et opinions, est pour l'Eglise une préoccupation qui ne doit pas nous donner de paix. Poussé par cette préoccupation, j'ai écrit mes livres dans la tentative de rendre sa figure de nouveau visible. J'ai cherché à cueillir toutes les possibilités d'une proximité plus profonde à Jesus, offerte par la théologie actuelle, en m'efforçant de dépasser les motifs qui nous empêchent de nous rapprocher de Lui.
J'espère que vos journées d'étude vous seront une aide pour rencontrer nouvellement le Seigneur, et contribueront ainsi à annoncer l'Evangile avec une force nouvelle, et à guider les hommes vers l'eau de la Vie qu'il nous ouvre.

     

Interviewe du P. Buckenmaier

À Morogoro pour accéder au «riche trésor théologique de Joseph Ratzinger»
Entretien avec le professeur Achim Buckenmaier, responsable de l'organisation
(Traduction benoit-et-moi)
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- Professeur, pourquoi organiser un séminaire sur le «Jésus de Nazareth» en Tanzanie?

- Je pense que dans l'Église et dans le monde d'aujourd'hui, le haut relief et le sens profond de la théologie de Joseph Ratzinger sont reconnus. Toutefois, il n'est pas facile pour tout le monde de la connaître. Peut-être y a-t-il des obstacles culturels. Considérant les difficultés et les grands défis de l'Afrique, qui chaque jour sont devant les gens, on peut comprendre qu'un chrétien redoute de ne pas trouver l'accès à une pensée qui, à première vue, s'est développée dans un contexte culturel différent, celle de l'Occident et de son histoire. Parfois, on se trouve face à des difficultés économiques pour financer ses études, ou tout simplement acheter les livres. Nos journées d'étude veulent supprimer ces obstacles et aider à trouver un accès au très riche trésor théologique de Joseph Ratzinger / Benoît XVI.

- A qui s'adresse le séminaire et quels sont ses objectifs?

- Sont invités des prêtres, des religieux et des religieuses, des séminaristes et des catéchistes, des étudiants en théologie. Selon ce que je sais pour le moment, participeront également deux évêques Tanzaniens. Notre intérêt est de trouver des gens qui puissent bénéficier de cette étude et l'utiliser ensuite dans la pastorale et la théologie. Nous espérons aussi qu'ils deviendront des multiplicateurs.

- Qui sont les promoteurs et quel rôle jouerez-vous personnellement?

- L'initiative pour l'Afrique anglophone est née au sein de la fondation des anciens élèves de Joseph Ratzinger / Benoît XVI, qui, sous la direction de Mgr Barthélemy Adoukonou, a déjà réalisé un congrès similaire à Cotonou, au Bénin. Ensuite, nous avons le soutien généreux de la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger, en Tanzanie notre partenaire est la Jordan University College pour la philosophie et la théologie des Salvatoriens à Morogoro, où se déroulera le Congrès. En tant que membre de la Communauté Catholique d'Intégration j'ai vécu pendant six ans en Tanzanie, de sorte que la Chaire pour la théologie du peuple de Dieu, dont je suis le directeur, a pu diriger l'organisation dans son ensemble.

- Combien coûte l'organisation de ce genre d'événement?

- On peut dire que la plus grande partie des coûts concerne les livres que nous avons mis à la disposition des participants. Grâce au financement généreux de la Fondation du Vatican, nous avons été en mesure de commander 750 livres. Puis il y a les frais des voyages et différentes autres dépenses.

- Quels sont les principaux thèmes qui animeront la réflexion du séminaire?

- Les professeurs sont deux anciens élèves de Joseph Ratzinger, le P. Stephan Horn et le P. Vincent Twomey; puis il y aura des exposés du Rev Michael Maier, professeur d'Ancien Testament à la Grégorienne, du P. Idahosa Amadasu, professeur à la "School of faith" de l'archidiocèse de Bénin City au Nigeria et moi. Nous offrirons des thèmes d'herméneutique, comme l'unité entre l'Ancien et le Nouveau Testament, ou l'analyse du langage limpide utilisé dans les livres de Joseph Ratzinger, ou des aspects particuliers de la théologie du Pape émérite, comme la théologie de l'Eucharistie et des Béatitudes dans les livres sur Jésus. Notre collègue africain parlera de l'Église comme famille de Dieu dans l'œuvre de Benoît XVI. Les exposés seront en anglais et suivis de discussions en petits groupes.

- Quelle valeur assume, selon vous, la trilogie de Jésus dans la production globale du théologien Joseph Ratzinger?

- Dans la préface du premier volume de la trilogie, Joseph Ratzinger a écrit: «A ce livre sur Jésus, je suis arrivé après un long chemin intérieur». En un certain sens, les livres sont un résumé de sa recherche théologique, dans laquelle sont entrées toutes les pensées et les réflexions des années précédentes. A de nombreuses reprises, en particulier durant son pontificat, Benoît XVI a souligné que le christianisme n'est pas une idéologie ou une doctrine, mais une manière de vivre, parce que c'est une rencontre avec une personne, avec la personne de Jésus. Ainsi, les réflexions des livres sur la personne et le message de Jésus sont au centre de la théologie.

- Benoît XVI a été informé de cette initiative?

- Oui, bien sûr. Non seulement il l'a soutenue, mais il a également écrit aux participants un beau message, où il exprime sa joie pour l'initiative, promet sa proximité dans la prière et explique à nouveau l'intention de la trilogie.

- Vous dirigez la Chaire pour la théologie du peuple de Dieu à l'Université pontificale du Latran, où est également en cours un séminaire intitulé «Thèmes émergents en dialogue avec les "Structures de l'être chrétien" de Joseph Ratzinger». Que faites-vous pour diffuser les œuvres et la pensée du Pape émérite?

- Dans ce séminaire, nous partons des six «structures de l'être chrétien» que nous trouvons comme excursus dans son livre le plus célèbre, «Introduction au christianisme». Déjà dans les années soixante, Joseph Ratzinger avait vu la nécessité d'expliquer le christianisme d'une manière concise, compréhensible même par des gens qui ne le connaissent pas et qui cherchent. Dans ces «éléments» - tels que «le principe du 'pour'», «la loi de la surabondance» ou «la loi de l'inconnu» - nous trouvons des réponses surprenantes et utiles, qui peuvent également servir pour les demandes émergentes dans l'Église, et objet de discussion de nos jours. J'en suis convaincu.

- Quel héritage et quelle pensée théologique Joseph Ratzinger-Benoît XVI laisse-t-il à l'Eglise et au monde?

- Ce n'est pas à moi de faire un jugement conclusif. Nous voulons contribuer dans une certaine mesure à un examen plus ample de son oeuvre, ici en Europe, mais aussi dans d'autres continents, comme l'Afrique. Nous voulons juste aider à construire un pont qui permettra aux générations futures de théologiens africains, latino-américains et asiatiques d'aller de l'avant, dans les traces des expériences déjà faites. Nous sommes encouragés par le pape lui-même, et aussi par l'estime et l'amitié que le pape François continue à exprimer à son prédécesseur.
Les enseignements qui, entre autres, resteront du grand maître de théologie Joseph Ratzinger / Benoît XVI seront - à mon avis - sans aucun doute sa confiance dans le témoignage de la Sainte Écriture, et donc aussi sa confiance en un travail scientifique de théologie dans l'Eglise , exprimée dans la célèbre formule fides et ratio; et sa certitude que, même aujourd'hui, on peut retrouver et vivre la forme de l'Église-communauté, dans laquelle est née toute la théologie, comme aide réelle pour toutes les parties du monde.

Luca Caruso