Accueil

Il y a juste deux ans...

Benoît XVI revenait de son voyage au Mexique et à Cuba. Le mercredi suivant, durant la catatéchèse, il nous en faisait le récit (28/3/2014)

>>> Pages spéciales ici: benoit-et-moi.fr/2012-I

Il y a tout juste deux ans, le 28 mars 2012, s'achevait l'avant dernier voyage international de Benoît XVI, celui au Mexique et à Cuba; celui surtout au cours duquel, selon une vulgate désormais admise, il aurait définitivemnt décidé de renoncer au Pontificat, après avoir fait une petite chute dans sa chambre le 25 mars.
C'est possible. Je n'ai aucun moyen de le vérifier (et il est vrai que cette explication arrange beaucoup de gens).
Il est vraisemblable que Benoît XVI a compris alors qu'il ne pourrait pas se rendre aux JMJ de Rio. Mais SURTOUT, qu'en cas de renoncement à ce voyage, "on" ne lui aurait fait aucun cadeau.
Il n'aurait pourtant pas été impensable d'imaginer un Pape présent au Brésil en video, d'autant plus qu'on nous a suffisamment seriné, depuis le triomphe-surprise de Cologne, en 2005, qu'aux JMJ, ce que les jeunes venaient acclamer, c'était la chanson (sic!) mais en aucun cas le chanteur.
Il est vrai aussi que depuis 2013, nous avons pris l'habitude de réactions beaucoup plus indulgentes à d'éventuelles "défaillances" papales. Mais à part son renoncement, les nouveautés ne sont saluées par la presse que si elle sont le fait d'un autre que Benoît XVI.

Selon son habitude, dans l'audience du mercredi suivant son retour (alors que, malgré l'épuisement qu'on lui a généreusement prêté, il allait remplir scrupuleusement tous ses engagements exigeants de la Semaine Sainte), il racontait son voyage.

Voici ma traduction de l'époque:

     

Chers frères et sœurs,

Les émotions suscitées par le récent voyage apostolique au Mexique et à Cuba, que je voudrais évoquer aujourd'hui sont encore vives en moi. Jaillit spontanément de mon cœur l'action de grâce au Seigneur: dans sa providence, il a voulu que je me rende pour la première fois en tant que Successeur de Pierre dans ces deux pays, qui conservent la mémoire indélébile des visites effectuées par le bienheureux Jean-Paul II. Le bicentenaire de l'indépendance du Mexique et d'autres pays d'Amérique latine, le vingtième des relations diplomatiques entre le Mexique et le Saint-Siège et le quatrième centenaire de la découverte de l'image de la Vierge de la Charité de Cobre à Cuba ont été les occasions de mon pèlerinage. Avec lui, j'ai voulu étreindre idéalement l'ensemble du continent, invitant tous à vivre ensemble dans l'espoir et l'engagement concret à marcher unis vers un avenir meilleur. Je suis reconnaissant aux présidents du Mexique et de Cuba, qui avec déférence et courtoisie, m'ont souhaité la bienvenue, ainsi qu'aux autres autorités. Un grand merci aux archevêques de León, Santiago de Cuba et La Havane et aux autres vénérés frères dans l'épiscopat, qui m'ont accueilli avec une grande affection, ainsi qu'à leurs collaborateurs qui se sont généreusement prodigués pour cette visite pastorale. Ce furent des jours inoubliables de joie et d'espérance, qui resteront gravés dans mon cœur!

La première étape a été Léon dans l'État de Guanajuato, centre géographique du Mexique. Là une grande foule festive m'a réservé un accueil extraordinaire et animée, comme un signe de l'étreinte chaleureuse de tout un peuple. Dès la cérémonie de bienvenue, j'ai pu saisir la foi et la chaleur des prêtres, des personnes consacrées et des fidèles laïcs. En présence des représentants des Institutions, de nombreux évêques et des représentants de la société, j'ai rappelé la nécessité de la reconnaissance et de la protection des droits humains fondamentaux, parmi lesquels se distingue la liberté religieuse, assurant de ma proximité ceux qui souffrent à cause de plaies sociales, de conflits anciens et nouveaux, de la corruption et de la violence.
Je repense avec une profonde gratitude à la file interminable de personnes le long des rues, qui m'ont accompagné avec enthousiasme. Dans ces mains tendues en guise de salut et d'affection, dans ces visages heureux, ces cris de joie, j'ai saisi l'espérance tenace des chrétiens au Mexique, espérance qui brûle encore dans les cœurs, malgré les moments difficiles des violences, que je n'ai pas manqué de déplorer et aux victimes desquelles j'ai adressé une pensée sincère, pouvant en réconforter quelques-uns.
Le même jour, j'ai rencontré beaucoup d'enfants et d'adolescents, qui sont l'avenir de la nation et l'Église. Leur joie inépuisable, exprimé avec des chants sonores et de la musique, ainsi que leurs yeux et leurs gestes, exprimaient le vif désir de tous les enfants du Mexique, d'Amérique latine et des Caraïbes, de vivre en paix, en sérénité et en harmonie, dans une société plus juste et réconciliée.

Les disciples du Seigneur doivent faire grandir la joie d'être chrétiens, la joie d'appartenir à son Eglise. De cette joie naissent aussi les énergies pour servir le Christ dans les situations difficiles et de souffrances. J'ai rappelé cette vérité à la foule immense venue pour la célébration eucharistique dominicale au parc du Bicentenaire à León. J'ai exhorté tout le monde à avoir confiance en la bonté de Dieu tout-puissant qui peut changer de l'intérieur, du cœur, les situations sombres et insupportable. Les Mexicains ont répondu avec leur foi ardente, et, dans leur adhésion convaincue à l'Evangile, j'ai reconnu une fois de plus des signes consolants d'espérance pour le continent.
Le dernier événement de ma visite au Mexique a été, toujours à Leon, la célébration des Vêpres dans la cathédrale de Notre-Dame de la Lumière, avec les évêques mexicains et les représentants de l'épiscopat d'Amérique. Je leur ai exprimé ma proximité pour leur engagement à répondre aux divers défis et difficultés, et ma gratitude pour ceux qui sèment l'Evangile dans des situations complexes et souvent non sans limites. Je les ai encouragés à être des pasteurs zélés et des guides fiables, suscitant partout la communion sincère et l'adhésion cordiale à l'enseignement de l'Eglise.
J'ai ensuite quitté la terre bien-aimée du Mexique, où j'ai fait l'expérience d'une dévotion et d'une affection particulière au Vicaire du Christ. Avant de partir, j'ai exhorté le peuple mexicain à rester fidèles au Seigneur et à son Église, fortement attaché à ses racines chrétiennes.

Le lendemain, a commencé la deuxième partie de mon voyage apostolique avec l'arrivée à Cuba, où je me suis rendu avant tout pour soutenir la mission de l'Eglise catholique, engagée à annoncer l'Evangile avec joie, malgré la pauvreté des ressources et des difficultés encore à surmonter pour que la religion puisse accomplir son service spirituel et de formation dans le milieu public de la société. C'est ce que j'ai voulu mettre en évidence à Santiago de Cuba, deuxième ville de l'île, ne manquant pas de souligner les bonnes relations existant entre l'État et le Saint-Siège, visant à servir la présence vivante et constructive de l'Eglise locale. J'ai également assuré que le Pape porte dans son cœur les préoccupations et les aspirations de tous les Cubains, en particulier ceux qui souffrent de la limitation de la liberté.

La première messe que j'ai eu la joie de célébrer sur le sol cubain se plaçait dans le contexte du quatrième centenaire de la découverte de l'image de la Vierge de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba. Il s'est agi d'un moment de grande intensité spirituelle, avec la participation attentive et priante de milliers de personnes, signe d'une Église qui vient de conditions pas faciles, mais avec un témoignage vivant de charité et de présence active dans la vie des gens. Aux catholiques cubains, qui avec l'ensemble de la population, espèrent en un avenir meilleur, j'ai adressé l'invitation à donner un nouvel élan à leur foi et à contribuer, avec le courage du pardon et de la compréhension, à construire une société ouverte et renouvelée où il a toujours plus de place pour Dieu, parce que quand Dieu est chassé, le monde devient un endroit inhospitalier pour l'homme. Avant de quitter Santiago de Cuba, je suis allé au Sanctuaire de Notre-Dame de la Charité del Cobre, si chère au peuple cubain. Le pèlerinage de l'image de Notre-Dame de la Charité dans les familles de l'île a suscité un grand enthousiasme spirituel, représentant un événement significatif de nouvelle évangélisation et une occasion de redécouverte de la foi. J'ai recommandé à la Sainte Vierge en particulier les personnes qui souffrent et les jeunes Cubains.

La deuxième étape cubaine était La Havane, capitale de l'île. Les jeunes, en particulier, ont été les principaux protagonistes de l'accueil exubérant dans le parcours vers la nonciature, où j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec les évêques du pays pour parler des défis auxquels l'Eglise à Cuba est confrontée, en sachant que les gens la regardent avec une confiance croissante.
Le lendemain, j'ai célébré la Messe sur la place principale de La Havane, bondée de gens. A tous, j'ai rappelé que Cuba et le monde ont besoin de changements, mais que ceux-ci ne pourront se faire que si chacun s'ouvre à la vérité intégrale sur l'homme, présupposé essentiel pour atteindre la liberté, et décide de planter autour de soi la réconciliation et la fraternité, fondant sa propre vie sur Jésus-Christ: Lui seul peut dissiper les ténèbres de l'erreur, nous aidant à vaincre le mal et tout ce qui nous opprime. J'ai voulu aussi rappeler que l'Eglise ne demande pas de privilèges, mais demande à pouvoir proclamer et célébrer sa foi même publiquement, portant le message d'espoir et de paix de l'Evangile dans tous les domaines de la société. Tout en appréciant les mesures prises jusqu'ici dans ce sens par les autorités cubaines, j'ai insisté sur la nécessité de poursuivre sur cette voie de liberté religieuse toujours accrue.

Au moment de quitter Cuba, des dizaines de milliers de Cubains sont venus me saluer le long de la route, en dépit de la forte pluie. Lors de la cérémonie d'adieu, j'ai rappelé qu'à l'heure actuelle, les différentes composantes de la société cubaine sont appelés à un effort de collaboration sincère et de dialogue patient pour le bien de la patrie. Dans cette perspective, ma présence sur l'île, comme témoin de Jésus-Christ, a voulu être un encouragement à ouvrir les portes du cœur à Lui, qui est source d'espérance et de force pour faire grandir le bien. Pour cela, j'ai salué les Cubains en leur demandant de raviver la foi de leurs pères et de construire un avenir meilleur.

Ce voyage au Mexique et à Cuba, grâce à Dieu, a eu la réussite pastorale souhaitée. Puissent le peuple mexicain et le peuple cubain en tirer des fruits abondants pour construire en communion avec l'Eglise et avec courage évangélique un avenir de paix et de fraternité.

(La catéchèse se poursuit par la référence à l'entrée dans le Triduum Pascal)