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Le grand-père du monde

L'hommage de Radio Vatican en Italien pour l'anniversaire de Benoît XVI (17/4/2014)

A ma connaissance, pas un mot dans l'Osservatore Romano d'hier, sur l'anniversaire de Benoît XVI: un manque de tact, d'autant plus regrettable qu'il est à peu près certain qu'il lit ce journal. Rien non plus sur Radio Vatican en français - ce qui à vrai dire ne me surprend pas trop. En revanche sur la version en italien, il y avait un article sympathique: le journaliste Alessandro de Carolis avait choisi comme fil conducteur le thème du "grand-père".

J'avoue que les propos du Pape François, parlant de son prédécesseur comme "du grand-père sage à la maison" m'ont paru, au moins venant de lui, plutôt réducteurs et même condescendants. Pour le Pape régnant, l'émérite pourrait être "sage", certes, mais aussi (et plutôt) un phare, un prophète, un guide, un modèle, une référence, un "maître d'âmes"....

Mais Benoît XVI lui-même ne se formalise pas qu'on le qualifie de "grand-père". On se rappelle que le 8 juillet 2006, à Valence à l'occasion de la Rencontre Mondiale des familles, l'acteur Lino Banfi l'avait appelé "le grand-père du monde". Il avait alors ri de bon coeur en battant joyeusement des mains. (benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/le-grand-pere-du-monde)

Dans l'article ci-dessous, Alessandro de Carolis souligne à quel point Benoît XVI sait nouer le dialogue avec les enfants, et il cite à ce propos deux échanges particulièrement émouvants, où il s'était livré avec beaucoup de simplicité et de candeur à des confidences très personnelles:

¤ La Rencontre Mondiale des Familles à Milan, le 2 Juin 2012, et le dialogue avec la petite Cat Tien (benoit-et-moi.fr/2012(II))
¤ La Rencontre avec l'enfance missionnaire le 30 mai 2009 (benoit-et-moi.fr/2009-II).

Mais il y a eu bien d'autres moments, notamment les nombreuses rencontres avec les enfants de l'Action catholique italienne (http://tinyurl.com/pml2d5a )

     
Le pape Benoît XVI, le "grand-père", qui montre le chemin de Dieu à ses "petits-enfants" dans la foi, fête ses 87 ans.

http://it.radiovaticana.va
Alessandro de Carolis
(ma traduction)
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L'Église se serre aujourd'hui autour de Benoît XVI, qui célèbre son 87ème anniversaire
Le pape émérite est né le 16 Avril 1927 à Marktl am Inn, une petite ville de Bavière. Sa vie est racontée, entre autres choses, dans une autobiographie, mais à plusieurs reprises, pendant son pontificat, Benoît XVI a rappelé les moments de sa jeunesse, souvent en dialogant avec les enfants.

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Pour le pape François, il est affectueusement «il nonno» (le grand-père) qui habite à côté et à la sagesse duquel on peut s'appuyer à tout moment.
Cette affirmation souligne immédiatement ce qui, de Benoît XVI, est universellement connu, qualités de doctrine, subtilité théologique, foi inébranlable.
Benoît est dans et pour l'Église un maître lumineux.

Mais le mot «grand-père» évoque aussi autre chose, une caractéristique souvent peu considérée par le «portraitiste» officiel qui tend à célébrer les dons du Pontife en négligeant les traits de l'homme.
Le grand-père est tel parce qu'il a des petits-enfants et ses petits-enfants sont des enfants, des jeunes, qui ont une relation intime avec lui, sont attirés par les histoires racontées face à face, discutant des choses jamais entendues auparavant, qui se sont passées il y a longtemps. Cela plaît aux petits-enfants, qui en revanche ne s'intéressent pas à l'éventuelle aura de prestige public dont jouit leur grand-père. Et c'est le «grand-père» que nous voulons rappeler aujourd'hui: Joseph Ratzinger, l'homme à la sympathie suave plus qu'ostentatoire, tempérée par une réserve naturelle, mais non moins réelle, émergée dans les occasions où le pape Benoît a pu parler comme un grand-père à des enfants, se souvenant de lui-même comme enfant.
Par exemple, quand il parle des dimanches, à lui chers, passés en famille:

«Le dimanche commençait déjà samedi après-midi, notre père nous lisait les lectures du dimanche, d'un livre, très répandu à cette époque en Allemagne, où étaient également expliqués les textes. Ainsi commençait le dimanche, nous entrevoyions déjà dans la liturgie une atmosphère de joie. Le lendemain, nous allions à la messe, nous habitions dans une ville près de Salzbourg, où on faisait beaucoup de musique, Mozart, Haydn, Schubert; quand commençait le Kyrie, c'était comme si le ciel s'ouvrait. Et puis à la maison, bien sûr, les chants ensemble. Mon frère est devenu un grand musicien, il a composé de la musique, déjà quand il était enfant. Pour nous tous, ainsi, toute la famille chantait, papa jouait de la harpe et chantait. Ce sont des moments inoubliables.». (Rencontre Mondiale des Familles).

Bribes de la vie d'un enfant qui deviendra pape et qui parle aux enfants comme parlerait un grand-père. Lequel transmet non seulement des souvenirs, mais la valeur que ces souvenirs portent avec eux. Par exemple, la valeur sans prix pour des enfants que sont la sérénité et la sécurité d'une famille unie:

«Nous avons fait ensemble des voyages, des promenades ; nous étions proches d’un bois et marcher ainsi dans les bois était quelque chose de très beau : aventures, jeux etc. En un mot, nous n’étions qu’un cœur et une âme, avec beaucoup d’expériences communes, même dans des temps très difficiles, parce que c’était le temps de la guerre, d’abord de la dictature, ensuite de la pauvreté. Mais cet amour réciproque qu’il y avait entre nous, cette joie aussi pour des choses simples était forte et ainsi on pouvait dépasser et supporter aussi ces choses. Il me semble que ceci fut très important : que de petites choses aussi ont donné de la joie, parce qu’ainsi s’exprimait le cœur de l’autre. Et ainsi nous avons grandi dans la certitude qu’il est bon d’être un homme, parce que nous voyions que la bonté de Dieu se reflétait dans les parents et dans les frères» (Rencontre Mondiale des Familles).

Et cela se reflétait également dans les amis, qui avant de l'être étaient des inconnus, puisques la famille Ratzinger n'était pas originaire du petit village où Joseph a vécu les premières années d'école.
On est alors frappé - en une époque de paradoxes, dans laquelle la diversité dresse encore des barricades et où, par ailleurs, la tolérance au «différent» est une valeur à imposer y compris en martelant - d'écouter un témoignage d'intégration où l'objectif du respect durable est atteint parce qu'on a eu la patience de passer, en se trompant et en recommençant, par la voie du dialogue:

«Notre famille, peu avant que je ne commence l'école elémentaire était arrivée dans ce pays venant d'un autre pays, donc nous étions un peu des étrangers pour eux, même le dialecte était différent(...) Nous n'étions pas des saints: nous avons eu nos disputes, mais toutefois il y avait une belle communion, où les distinctions entre riches et pauvres, entre intelligents et moins intelligents ne comptaient pas(...) Nous avons trouvé la capacité de vivre ensemble, d'être amis, et bien que depuis 1937, c'est-à-dire plus de soixante-dix ans, je n'ai plus été dans ce pays, nous sommes encore restés amis. Donc nous avons appris à nous accepter les uns des autres, à porter le poids l'un de l'autre» (Rencontre avec l'enfance missionnaire)

Souvenirs, et valeurs d'un «grand-père» - mais aussi d'un maître d'âmes - qui à ses «petits-enfants spirituels» ne confie pas seulement l'émotion d'une belle histoire de famille, mais avec l'histoire indique la route sûre, solide, pour une vie qui soit profondément heureuse. Une route qui pour lui, qui en a déjà parcouru une grande partie, est aussi un voyage qui continue vers une terre promise:

« Dans ce contexte de confiance, de joie et d'amour, nous étions heureux, et je pense qu'au Paradis, ce devrait être comme était ma jeunesse, et dans ce sens j'espère aller à la maison, en allant de l'autre côté du monde» (Rencontre Mondiale des Familles)

     

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