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L'exemple de la bonté comme argument théologique

Quelle cohérence dans cette vie! Marie-Anne me rappelle un passage de l'autobiographie de Joseph Ratzinger "Ma vie" (15/2/2014)

>>> Ci-contre: le jeune Joseph Ratzinger et le cardinal Frings

Quelle cohérence dans cette vie!
A chaque instant, c'est le souci pour les autres qui fait pencher la balance. Déjà, en 1963, deux étudiants en panne à cause de la jalousie qui vise le professeur trop brillant, est l'évènement qui le détermine à quitter l'université de Bonn pour celle de Münster...
(Marie-Anne)

     

[En 1963] j'eus à prendre une décision personnelle difficile.
Le grand dogmaticien Hermann Volk de Münster, avec lequel j'étais ami malgré notre différence d'âge, avait été nommé évêque de Mayence en été 1962. Je fus donc appelé à sa chaire d'enseignement. J'aimais la Rhénanie, j'aimais mes étudiants et mon travail à l'université de Bonn ; une tâche dont j'étais d'ailleurs redevable au cardinal Frings. Mais Mgr Volk me pressait d'accepter, et des amis insistèrent pour me persuader que la dogmatique me convenait parfaitement et m'ouvrait un champ d'action beaucoup plus vaste que la théologie fondamentale ; ma formation biblique et patristique trouverait beaucoup mieux à s'y exercer. C'est ainsi que cette décision si simple en apparence devint difficile, et qu'après quelques atermoiements, je me décidai à décliner le poste de Münster. Cela aurait dû être le dernier mot de cette affaire, mais un aiguillon, à présent douloureux, me resta dans la chair, lorsque je me heurtai à d'énormes opposition au sujet de deux habilitations à la faculté de Bonn, soumise à de fortes tensions, risquant selon toute vraisemblance de se terminer par un échec pour les deux jeunes chercheurs. Je repensai au drame de ma propre habilitation et vis que Münster était la voie que m'indiquait la Providence pour pouvoir aider les deux candidats.
Ce fut d'autant plus lumineux que, dans d'autres cas également, il fallait s’attendre à des difficultés semblables, que je n'avais pas à craindre à Münster, étant donné les circonstances.
Ajoutées à l'argument - que j'avais auparavant écarté - de ma plus grande familiarité avec la dogmatique, ces raisons prirent une force devant laquelle je m'inclinai. J'en avais évidemment parlé au cardinal Frings, et ne peux que lui être reconnaissant de sa compréhension paternelle et de sa générosité tout humaine. C'est ainsi que je donnai en été 1963 mes premiers cours à l'université de Münster devant un large auditoire, doté d'un personnel et d'un matériel hors de comparaison avec celui dont je disposais à Bonn. L'accueil des autres professeurs fut extrêmement cordial ; les conditions ne pouvaient guère être plus favorables. Mais je dois avouer qu'il me resta la nostalgie de Bonn, de la ville au bord du fleuve, de sa gaieté et de son dynamisme intellectuel.

("Ma vie", pages 112-113)