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Politique-fiction vaticane

"Jésus à Rome": un curieux récit paru en 2012, oeuvre de l'historien des religions espagnol Juan Maria Laboa, prévoyait (en rêve) la démission de Benoît XVI qui devait se retirer au Sanctuaire de la Verne (7/4/2014)

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C'est la coïncidence de la visite à Benoît XVI, ces jours-ci, des Franciscains de la Verne, qui m'a fait remonter à cette information.
Le livre a été écrit en 2012, et traduit en italien pour sortir en février 2013!
J'avoue que je suis sans voix. Je n'arrive pas à croire à une simple coïncidence.
J'ai traduit les recensions d'alors sur Vatican Insider, et l'OR.

     

Fiche le l'éditeur

(http://www.libreriauniversitaria.it/gesu-roma-sogno-benedetto-xvi/libro/9788816305281 )
Le célèbre historien de l'Église Espagnol Juan María Laboa a écrit en 2012 un long récit, une parabole: la venue du Christ à Rome de nos jours, avec toutes les personnalités d'aujourd'hui, de la politique, du Vatican ... A l'accueil festif des faubourgs de Rome et des paroisses des quartiers s'oppose le trouble des personnes célèbres. Jésus est accompagné de différents apôtres et saints. Rome et son charme baroque semblent détonner, il y a disproportion! Pourtant, la chaleur qui se dégage de nouveau venu embrasse tout, tout peut redevenir possible. Quiconque aujourd'hui «rencontrerait le Christ, n'écouterait-il pas la bonnes nouvelle de sa source même?». Avec le suspense d'un thriller, l'oeuvre est une parabole qui met le lecteur à l'aise. Vers la fin Benoît XVI prend la décision de démissionner, et dans le dernier chapitre, le pape se réveille: tout avait été un rêve, et un autre jour commence ...

     

Vatican Insider

Chroniques de l'avenir: politique-fiction vaticane
Fabrizio Mastrofini
16 mai 2013
http://vaticaninsider.lastampa.it/recensioni/dettaglio-articolo/articolo/recensioni-24893/
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La littérature fantastique et de science-fiction anticipe et parfois dépasse la réalité. Cela arrive aussi quand elle parle de la papauté. Comme le démontre le roman de Juan Maria Laboa, une parabole fantastique intitulée Jésus en Roma et aujourd'hui publiée en italien. Le protagoniste est Benoît XVI: une nuit, il rêve du retour de Jésus, qui se matérialise dans la banlieue romaine, et de la confusion qui s'ensuit.

Ce Jésus rencontre des personnes, écoute et répond aux doutes de la foi, accostent tous ceux qui souhaitent le rencontrer. Le rêve du pape se poursuit et se déplace sur lui-même et ainsi Benoît XVI commence à réfléchir sur la réalité de l'Eglise, sur l'importance d'un mode de vie différent, sur le transfert du Palais apostolique au Latran.

Et l'annonce qui suit: je me retire au monastère franciscain de La Verne. Et puis le pape se réveille.

La parabole vient d'être publiée en italien et a reçu l'honneur d'un long article du père Ferdinando Castelli, un jésuite, dans le dernier n° de la Civiltà Cattolica (seul le début de l'article est en ligne ici). L'auteur du roman, Laboa, est un historien de l'Église et professeur d'université en Espagne.
Sur le ton «léger» de la fantasy, de nombreux problèmes très sérieux sont examinés: la bureaucratisation de l'Église, le problème du carrièrisme, les lacunes dans les attitudes de dialogue et d'écoute, le renouvellement du langage et la capacité à accueillir les personnes. Le jugement du Père Castelli est positif, parce que le livre répond de manière sérieuse à des interrogations très actuelles: comment mettre en œuvre une attitude vraiment chrétienne? Comment concrétiser la cohérence entre la foi et la vie? Comment lutter contre l'égoïsme et les intérêts particuliers? Etc..

     

L'Osservatore Romano

L'article de l'OR du 27 février 2013
http://www.osservatoreromano.va/it/news/sogno-e-realta#.U0JN6ah_uHd
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«Benoît XVI n'est pas le premier pape qui a renoncé à la papauté, mais il a probablement été le premier à prendre conscience que, bien que l'amour à Dieu et aux hommes n'ait pas de limites, les services qui nous sont demandés sur cette terre sont toujours fonction des projets du Seigneur et du bien des croyants».
Ainsi se termine l'avant-dernier chapitre de la «parabole», écrite par Juan María Laboa en 2012. Dans le long récit "Jésus à Rome", qui vient de sortir en italien, le célèbre historien espagnol de l'Église imagine que Jésus revient sur terre à Rome de nos jours.

Jésus arrive dans la paroisse de Primavalle: peu à peu, les paroissiens réalisent la présence singulière; parmi eux, le vicaire, Anselmo, par exemple, est bien sûr heureux de le voir en chair et en os, mais il se rend compte que Jésus l'a vraiment accompagné dans tous ses jours, et dans toutes ses décisions: «l'avoir là, en face, ne voulait pas dire qu'il était plus proche qu'il ne l'avait été pendant des années». Quand les gens rencontrent Jésus marchant dans la ville, Laboa imagine qu'entre le Christ et les individus, s'échangent des regards pleins de complicité et de joie.

Jésus ne parle pas beaucoup. Jésus écoute, observe, console, réveille, éclaire. Avec sérénité, regard vigilant et amour, Jésus sème. Il sème partout. Mais la réponse à sa main tendue est laissée, une fois de plus, à la liberté individuelle.

Jésus n'est pas seul: Pierre, Matthieu, Marie-Madeleine, Cyprien, Catherine, François, Mélanie, Tertullien, Augustin, Agnès, Jean et Jacques, Priscilla, Grégoire le Grand, Cecilia, Marthe et Marie, Ignace de Loyola et François Xavier. C'est l'un des plus beaux aspects du roman: Jésus ne revient pas seul. Il revient avec son Église. Les grands saints commentent entre eux ce qu'ils étaient. Ils commentent entre eux ce qu'ils voient dans la Rome d'aujourd'hui, ce qui manque, le beau et le laid qu'ils rencontrent. Et surtout, ils comprennent le caractère exceptionnel de ce qu'ils vivent.

Jésus marche de la périphérie vers le centre, entre dans la maison, traverse les rues. Il y a ceux qui, en le rencontrant, sont saisis du feu de vouloir bouleverser leur propre vie. Mais il y a aussi ceux qui se sentent encouragés dans le parcours entrepris. Qui sont rassérénés, apaisés. Ceux qui sont guéris, désaltérés, nettoyés. Et il y a ceux qui sont inquiets. La haute hiérarchie, en particulier, s'avère - dans le récit de Laboa - très secouée. Il y a une partie de l'Eglise qui ne sait pas quoi faire, ne sait pas comment se comporter.

Mais ce qui se distingue surtout, c'est la réaction du pape. Conscient que pour suivre Jésus, il faut mettre de côté tout ce qui empêche d'être plus libre, plus transparent, plus généreux, la réponse de Benoît XVI avec le Christ est le désir de reconstruire une Église Nouvelle. Donc - imagine toujours Laboa - «après avoir convoqué le synode romain pour le mois suivant, avec un geste simple et profond, le pape Benoît prend congé du monde et de sa demeure, annonçant qu'il allait se retirer au monastère franciscain de La Verne, où il a décidé de vivre dans le recueillement la dernière étape de la vie. Le monde chrétien accueille sa décision avec compréhension et sympathie. Ils savaient que seul le Christ est l'indéfectible pierre angulaire de leur foi et de l'Eglise».

Puis, dans le dernier chapitre de "Jésus à Rome", Benoît XVI se réveille: ce n'était qu'un long rêve. Un rêve intense, très intense: la journée qui va commencer sera toutefois très différente, pour le Pape. Jusque là, c'était le roman de Laboa, mais, on le sait, la réalité dépasse toujours l'imagination.