Accueil

Pourquoi nous devons nous dire chrétiens

... Le libéralisme, l'Europe, l'éthique. Reprise: La préface de Benoît XVI à un livre de Marcello Pera, en 2008 (19/6/2014)

>>> Référence du livre: www.ibs.it/code/9788804588313/pera-marcello/perche-dobbiamo-dirci.html
>>> Interviewe de Marcello Pera par Giuseppe Rusconi: Mon ami le Pape

     

Marcello Pera écrivait dans Il Corriere della Sera, qualifiant Ratzinger de "pape de l'espérance chrétienne":
«Je peux dire que, en dépit de toutes mes sollicitations intérieures, ce travail n'aurait pas pu exister si Benoît XVI n'avait pas écrit et parlé, et pas témoigné comme il l'a fait».

Et aussi:
«Ma position est celle du laïque libéral qui se tourne vers le christianisme pour lui demander des raisons d'espérer, d'une "espérance" possible pour notre société, pour la politique, pour le monde des institutions, et en particulier pour la vieille Europe " la terre la plus déchristianisée de l'Occident, et qui s'en vante". Où le fait de vivre 'comme si Dieu n'existait pas' "n'a pas donné les fruits promis". Une Europe qui doit revenir au christianisme "si elle veut vraiment s'unifier dans quelque chose qui ressemble à une nation, une communauté morale "».

* * *

La préface du Pape (ma traduction)

Cher Sénateur Pera,

Ces jours-ci, j'ai pu lire votre nouveau livre "Pourquoi nous devons nous dire chrétiens". Ce fut pour moi une lecture passionnante.
Avec une magnifique connaissance des sources et avec une logique imparable, vous analysez l'essence du libéralisme à partir de ses fondements, en montrant que l'enracinement dans l'image chrétienne de Dieu fait partie de l'essence du libéralisme: la relation avec Dieu, dont l'homme est l'image, et de qui nous avons reçu le don de la liberté. Avec une logique irréfutable, vous montrez que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s'il abandonne son fondement.
Je n'ai pas été moins impressionné par votre analyse de la liberté et par l'analyse de la multiculturalité dans laquelle vous montrez la contradiction interne de ce concept et donc son impossibilité politique et culturelle.

Votre analyse de ce que peuvent être l'Europe et une Constitution européenne dans laquelle l'Europe ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais trouverait son identité à partir de ses fondements christo-libéraux, est aussi d'une importance fondamentale.

J'ai trouvé personnellement particulièrement significatives vos analyses des concepts de dialogue interreligieux et interculturel.
Vous expliquez avec une grande clarté que le dialogue interreligieux au sens étroit du terme n'est pas possible, alors que le dialogue interculturel qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond s'avère urgent. Tandis que sur cette dernière, un vrai dialogue n'est pas possible sans mettre sa foi entre parenthèse, il est nécessaire d'affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond. Ici, le dialogue et une mutuelle correction, sont un enrichissement réciroque et sont possibles et nécessaires.
Dans la contribution au sens que tout ceci revêt dans la crise contemporaine de l'éthique, je trouve important ce que vous dites sur la parabole de l'éthique libérale. Vous montrez que le libéralisme, sans cesser d'être libéralisme, mais au contraire, en étant fidèle à lui-même, peut se relier à une doctrine du bien, en particulier la doctrine chrétienne qui lui est semblable (congenere), offrant ainsi une contribution réelle au dépassement de la crise.
Avec sa sobre rationalité, sa vaste information philosophique et la force de son argumentation, le présent livre est, à mon avis, d'une importance fondamentale dans ce moment de l'Europe et du monde. J'espère qu'il trouvera une large audience et aidera à donner au débat politique, au-delà des problèmes urgents, cette profondeur sans laquelle nous ne pouvons pas dépasser le défi de notre instant historique.

Reconnaissant pour votre travail, je vous souhaite de tout coeur la bénédiction de Dieu.
Benoît XVI