Accueil

Théorie du genre

En pleine polémique française, relisons une fois de plus ce que disait Benoît XVI dans son dernier discours à la Curie romaine (30/1/2014)

En ce moment, le microcosme politico-médiatique franchouillard est agité d'une étrange frénésie de mise au point, démenti, recadrage des déviants, dénonciation des fantasmes, cri à la manipulation, amalgames orientés (l'extrême-droite, bien sûr!)... en un mot, de désinformation à grande échelle, et mobilise pour cela toutes ses courroies de transmission, du Monde au Figaro, de l'Express au Nouvel Obs. Sans parler des radios, qui joignent leur voix de roquet à la grosse caisse des chaînes de télévision. L'artillerie lourde, en somme.
La raison de tout ce tohu-bohu?
Depuis quelques jours, dans un certain nombre d’écoles, des parents, ont répondu à l’appel du collectif "la Journée de retrait de l’école" (JRE), une association qui les invite à garder leurs enfants à la maison, une fois par mois, en signe de protestation contre l'enseignement à l'école de la théorie du genre.
Le collectif dénonce l'"ABCD de l'égalité", un programme du gouvernement, porté conjointement par le ministère de l'Education nationale et le ministère des Droits des femmes, qui vise à "transmettre des valeurs d'égalité et de respect entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes". (voir détails sur le site officiel ici: www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/accueil).
Dernier épisode à ce jour, le ministre de l'Education, Vincent Peillon, avec des tons qui font froid dans le dos, menace les réfractaires de sanctions, dont la première pourrait être la suppression des allocations familiales.

Gabrioel Cluzel fait une excellente synthèse sur le site Boulevard Voltaire.

Il n'est pas inutile de rappeler une fois encore que dans un de ses derniers discours, les voeux à la Curie Romaine de décembre 2012, Benoît XVI avait consacré à la théorie du gender un long développement angoissé.
Nous allons oublier la polémique qui avait entouré ce discours, le Pape ayant cité un certain Rabbin Bernheim, coupable de plagiat (en l'espèce, un livre du Père Joseph-Marie Verlinde, L’idéologie du gender comme identité reçue ou choisie, Éditions Le livre ouvert 2012) et de falsification de diplômes (une fausse agrégation). Cela n'enlève rien à la qualité de l'argumentaire (quel qu'en soit l'auteur) et à la force prophétique que leur donne la voix du Saint-Père:

     

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde.
Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine.
Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ».
Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité.
Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider.

La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L’être humain conteste d’avoir une nature préparée à l’avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée.
Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : « Homme et femme il les créa » (Gn 1, 27).
Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté.
La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même.
L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine.
Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre.
Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer.
Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2012/december/documents/hf_ben-xvi_spe_20121221_auguri-curia_fr.html