Un "pape émérite" dont beaucoup ne voulaient pas
Discussions d'il y a un an sur le titre de Benoît XVI: y a-t-il un rapport avec sa présence à la Basilique St Pierre pour le Consistoire? (24/2/2013)
>>> Benoît à Saint-Pierre
>>> Deux Papes dans la basilique St-Pierre
Pour comprendre ce qui s'est passé hier dans la basilique Saint-Pierre, il faut revenir à peu près un an en arrière: Benoît XVI avait annoncé sa renonciation, mais assumait encore pour quelques jours la totalité du ministère pétrinien.
On discutait alors (et j'avoue que je n'y avais pas prêté attention, car cela me semblait des détails de simple protocole, dérisoires devant l'acte de renonciation) du titre attribué au futur "ex-pape", et même de la façon dont il s'habillerait: en blanc, en noir, garderait-il les chaussures rouges, la calotte, etc... J'ai déjà souligné l'importance que Benoît XVI accordait aux formes, et je regrette de ne pas avoir prêté plus d'attention à ce qui se discutait alors.
Voici ce que rapportait à ce sujet le site DICI :
Soutane blanche et « pape émérite » suscitent des commentaires
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Lors des Congrégations générales de préparation du conclave à huis clos, d'aucuns n'ont pas caché leur étonnement de voir Benoît XVI continuer à porter une soutane blanche et prendre le titre de « pape émérite », estimant que cela pourrait faire ombrage à son successeur.
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Mgr Patrick Valdrini, canoniste et pro-recteur de l’Université du Latran, s’est exprimé dans le quotidien italien Avvenire du 14 février et a rappelé sur KTO (1) qu’en renonçant à sa charge Benoît XVI devenait évêque émérite de Rome et renonçait à la chaire de Pierre. Aussi, selon lui, le titre le plus juste aurait été « évêque émérite de Rome ». De même, le Père jésuite Gianfranco Ghirlanda, canoniste, expliquait dans La Civiltà cattolica que « celui qui met fin à son ministère pétrinien (…), tout en restant évidement évêque, n´est plus pape ».
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(1) A revoir ici: http://youtu.be/i6-PYRFdp8M
Mgr Valdrini répondait aux questions de Philippine de Saint-Pierre dans le cadre de l'émission "Journal romain"
Andrea Tornielli (comme par hasard) sur Vatican Insider, se faisait l'écho des propos du canoniste sur la revue jésuite Civiltà Cattolica.... à laquelle François a accordé sa plus importante interviewe à ce jour (je n'ai pas trouvé la v.o.).
http://vaticaninsider.lastampa.it/nel-mondo/dettaglio-articolo/articolo/dimissioni-22802/
«Pape émérite, ou second Pape?»
http://vaticaninsider.lastampa.it/nel-mondo/dettaglio-articolo/articolo/dimissioni-22802/
Civiltà Cattolica en tient pour le titre d'«évêque émérite de Rome»
Les canonistes discutent le choix de Ratzinger
Andrea Tornielli
1er mars 2013
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«Pape émérite» ou «Pontife romain émérite»: ce sont les titres que Benoît XVI a choisi pour lui-même après la fin de son pontificat et le début du siège vacant. C'est ce qu'a dit ces derniers jours le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, rapportant la décision du Pape communiquée par son secrétaire personnel, Mgr Georg Gänswein.
Alors que la «Civiltà Cattolica», dans un article écrit par le canoniste Gianfranco Ghirlanda, affirme au contraire que le titre le plus approprié serait «évêque émérite de Rome».
D'autres canonistes préfèrent en revanche la définition de «ex-pape» (già papa) à ajouter au nom de Joseph Ratzinger, laissant le nom papal de Benoît XVI relié aux actes pontificaux de son règne de près de huit ans.
Le numéro de «Civiltà Cattolica» a été bouclé avant que Lombardi ne communique le choix de Ratzinger.
Ce qui est certain, c'est que, pour le moment, on ne réalise pas encore bien ce que pourrait comporter la présence simultanée inédite d'un Pape et d'un «Pape émérite».
Benoît XVI devant les cardinaux, a déblayé le terrain à toute objection, anticipant son inconditionnelle révérence et obéissance à son successeur, quel qu'il soit.
Reste toutefois un fait: le Pape démissionnaire n'est plus Pape, même s'il continue à donner toute sa vie à l'Eglise, dans la prière d'intercession, «cachée du monde».
«Celui qui cesse le ministère pontifical, non pas à cause de sa mort, tout en restant évidemment évêque, n'est plus pape - a écrit, de manière significative, le Père Ghirlanda - en ce qu'il perd toute la puissance de la primauté, car elle ne lui était pas venue par la consécration épiscopale, mais directement du Christ à travers l'acceptation de l'élection légitime».
L'attribution du titre de Pape, fût-il émérite, apparaît donc problématique selon cette logique. La formule «ex-Pape» (già Papa) ou «ex-Pontife romain» est tout à fait différente, car elle signale immédiatement que l'on cite une autorité définitivement cessée et appartenant au passé. Alors qu'un «Pape émérite» pourrait risquer d'apparaître comme un deuxième pape.
L'impression qui en ressort, c'est que sur cette question, on a eu peu de temps pour réfléchir en profondeur, non seulement du point de vue canonique, mais aussi théologique. Il ne s'agit pas de remettre en question la renonciation elle-même,par ailleurs prévue dans le Code de droit canonique, mais plutôt de méditer avec attention le cadre de référence dans lequel insérer la figure de l'ex-pape
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A cela, il faut ajouter les propos du bon cardinal Kasper, répondant aux questions de La Repubblica le 6 mars 2013 (benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/kasper-versus-ratzinger-suite.php ):
- Eminence, que direz-vous à Benoît XVI quand vous irez le trouver, après la fin du conclave?
« Beaucoup de choses. La première est une recommandation. Je lui suggèrerai de ne se laisser utiliser par personne. C'est un trop gros risque que le gouvernement de l'Eglise subisse son influence. Cela ne doit pas être. Il a fait un choix clair, ce qui suppose de se mettre en retrait. Il devra, par conséquent, être discret. Éviter d'entrer dans les questions relatives à la gouvernance des politiques de l'Église, dans les politiques ecclésiales.
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J'ai du mal à croire qu'il n'existe aucun lien entre ces considérations d'il y a un an, et l'acte d'humilité (peut-être de pénitence?) accompli hier par Benoît XVI dans la basilique Saint-Pierre.
Mais s'il y a un lien, lequel? Et comment l'interpréter?
