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Une graine semée par Benoît...

et la main tendue aux anglicans. L'hommage d'un ex-pasteur anglican, marié et père de famille, qui a été ordonné prêtre catholique en 2006. (5/3/2014)

L'auteur, Dwight Longenecker, dont je viens de découvrir le blog hébergé par le portail www.patheos.com (j'y reviendrai sûrement), est un américain, élevé dans la religion évangélique. Ordonné prêtre anglican après des études de théologie à Oxford, il a été successivement curé, puis aumonier à Cambridge, puis pasteur sur l'Ile de Wight.
Réalisant que l'Eglise anglicane prenait un chemin divergent, en 1995, lui, sa femme et ses enfants, se convertissent au catholicisme. En décembre 2006, il est ordonné prêtre catholique grâce à une dispense de Benoît. Il est très actif sur internet, et l'auteur de nombreux livres.

     

Le Pape Benoît me manque

www.patheos.com
Père Dwight Longenecker
(traduction benoît-et-moi)
28 février 2014
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Aujourd'hui c'est l'anniversaire, avec des souvenirs incroyables, d'un frêle pape Benoît agitant la main en signe d'adieu, montant dans l'hélicoptère et volant au-dessus des toits de Rome vers sa retraite.
Il me manque, et voici pourquoi.
Tout d'abord, je pense que le pape Benoît partageait mon amour de l'Angleterre et de l'anglicanisme. Il a fait un voyage historique en Angleterre, prononçant un discours incroyable au Parlement, à l'endroit même où saint Thomas More a été jugé. Au cours de la visite, il s'est mis en quatre pour béatifier un saint homme si proche de son cœur et de son caractère: le doux savant John Henry Newman. Newman est le mentor et le guide d'innombrables anglicans dans leur chemin vers Rome, et le pape Benoît l'a compris non seulement avec sa tête, mais aussi avec son coeur.
Benoît a également accompli le pas incroyablement historique d'établir l'ordinariat anglican. Au lieu de simplement continuer indéfiniment les discussions œcuméniques détendues avec les Anglicans, il a réellement FAIT quelque chose. Il a pris un grand risque en instituant l'ordinariat, et a montré une foi immense et des qualités de chef, en faisant confiance aux anglicans qui frappaient à la porte de Rome et en leur offrant un chemin vers la pleine communion. Ce pas qu'il a fait, si important pour nous, anciens anglicans, et si ignoré du reste du monde, pourrait être un de ces graines que Mgr Gänswein, dans une récente interview, pense que Benoît a plantées (cf. Le Pape Benoît regarde son successeur s'envoler).
Ce que j'aime (love) au sujet de Benoît? Son esprit de savant et son cœur d'artiste. Voilà un théologien de classe mondiale, un érudit de la Bible qui est capable d'écrire avec clarté, humilité et grâce. Voilà un musicien, un homme paisible, qui aime les chats et ne souhaitait rien d'autre que se retirer à son étude et être avec son frère musicien, et pourtant au moment de la possible retraite, qui a revêtu le manteau de la papauté, déclarant au monde, lors de sa première apparition exactement ce qu'il était, un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur. Sa démission finale de la papauté a été une autre marque de son courage remarquable, de sa totale humilité et de sa foi incroyable. Il l'a fait, a-t-il dit, en obéissance au Seigneur, tout comme il a pris la soutane blanche comme un acte d'obéissance au Seigneur.
J'aime le pape Benoît parce que je suis un oblat bénédictin. J'ai passé de nombreuses heures, de nombreux jours heureux à visiter des monastères bénédictins pour y faire retraite, à écrire des livres sur Saint Benoît et sa règle, et à partager la voie bénédictine avec d'autres. Que Joseph Ratzinger ait pris le nom de Benoît a résonné comme de la musique à mes oreilles, parce que Saint Benoît est l'un des plus grands, et encore plus silencieux, et apparemment quelconque des saints. C'était un nom papal parfait pour un homme qui a un esprit monastique, scientifique et la culture de la prière au coeur. Comme Saint Benoît et ses moines sont coupés du monde et incompris par le monde et même moqués et persécutés par le monde, ainsi cet introverti était prêt à assumer la plus terrible des tâches, dans la papauté, et à ouvrir son tendre cœur à la moquerie et au mépris du monde.
Les gens pensent-ils qu'il n'était blessé par les comparaisons avec Seigneur noir des Sith, Palpatine (ndt: personnage de Star Wars, cf. fr.wikipedia.org/wiki/Palpatine)? Pensent-ils qu'il n'était pas blessé qu'on parle de lui comme d'un nazi, d'un Rottweiler de Dieu? Pensent-ils qu'il n'était pas blessé dêtre raillé parce qu'il portait des chaussures rouges et de beaux vêtements, quand il portait toutes ces choses non pas parce qu'il aimait s'habiller mais parce qu'il croyait vraiment dans un principe appelé «l'herméneutique de la continuité» - dans lequel les traditions du passé sont précieusement conservées car elles nous gardent liés et enracinés dans le passé afin que nous puissions vivre de manière positive dans le présent et avancer avec confiance vers l'avenir. Pensent-ils que ce doux savant et ce musicien timide n'était pas blessé par les moqueries du monde, les luttes intestines au Vatican, les scandales et les conflit? Et pourtant, il a tout supporté avec grâce, dignité et une douce patience.
Enfin, j'aime le pape Benoît pour la raison personnelle qu'en 2006, il a été celui qui a approuvé les documents pour une dispense du vœu de célibat qui a ouvert la porte de mon ordination à la prêtrise catholique. Il est celui que je dois remercier pour la rapidité de la décision et l'accord me permettant d'aller de l'avant pour servir l'Eglise malgré que j'aie une femme et des enfants.
L'histoire montrera que le pape Benoît XVI a été l'un des grands papes de cette ère moderne. Un gentilhomme, un savant, un authentique homme de foi et de l'Esprit-Saint, un homme plein de grâces et de bénédictions:
Longue vie au pape émérite Benoît
Vous nous manquez.