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A peine pardonné, le P. D'Escoto tape sur Wojtyla

Article de Matteo Matzuzzi sur Il Foglio (7/8/2014)

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Le Pape réhabilite un prêtre marxiste

Image ci-contre: en 1984, sur la piste de l'aéroport de Managua, Jean Paul II réprimande le père Ernesto Cardenal, autre prêtre-ministre sandiniste.

     

COMPAÑEROS ADELANTE! (Compagnons, en avant!)
A peine pardonné, le Père D'Escoto tape sur Wojtyla
Matteo Matzuzzi
6 Août 2014
http://www.ilfoglio.it
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Au Vatican, on dit que la décision du Pape de lever la suspension a divinis du Père Miguel d'Escoto Brockmann est un simple «acte de miséricorde» et que l'idée que la doctrine ou la politique soient en cause ne doit pas effleurer, même de loin.
«C'est une question disciplinaire» et il n'y a donc pas de réhabilitation de la théologie de la libération selon une clé marxiste, combattue et désavouée par le pape Jean-Paul II et son préfet pour la Doctrine de la Foi, Joseph Ratzinger.
A quatre-vingts ans révolus, l'ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement sandiniste du Nicaragua dirigé par Daniel Ortega avait pris stylo et papier et imploré François de lui accorder la permission «de célébrer l'Eucharistie à nouveau avant de mourir».
Le pape, ayant lu la demande, a «donné son consentement» - comme le rapportait Radio Vatican lundi - et a confié au Supérieur général de l'Institut dont fait partie D'Escoto, la congrégation Maryknoll, la tâche de «suivre son confrère dans le processus de réintégration au ministère sacerdotal».

Après tout, les temps ont changé, les conditions sociales et politiques aussi, et il n'y a rien à craindre, sous-entendait la note. Et puis, entre autres choses, le prêtre ex-ministre des Affaires étrangères n'avait jamais protesté contre les sanctions que Jean-Paul II lui avait personnellement imposées en 1984; l'année précédente - sur la piste de l'aéroport de Managua - le Pape avait réprimandé en mondovision, l'index réprobateur suspendu en l'air, le père Ernesto Cardenal, autre prêtre-ministre (de la culture) révolutionnaire resté à genoux tandis qu'il subissait la réprimande sévère du Pape qui lui reprochait d'avoir mélangé la foi avec la politique.

Le lendemain de la révocation de la suspension, cependant, en plus de célébrer à nouveau l'Eucharistie, le père d'Escoto - qui a immédiatement reçu via Twitter l'accolade de son ami Leonardo Boff, l'un des pères de la théologie de la libération - passe à l'attaque et accuse Karol Wojtyla d'avoir à l'époque exercé contre lui, «un abus de pouvoir». «Quand on m'a appris la nouvelle [de la suspension], j'ai pleuré. Pas pour moi, mais parce que l'église que j'aime tant et à laquelle j'avais consacré toute ma vie se montrait tellement petite».

Mais il ne pouvait pas revenir en arrière: «Je ne pouvais pas obéir à Rome parce que cela aurait signifié trahir mon peuple, ses aspirations légitimes, ses droits, la révolution sandiniste, nos héros, nos martyrs, tous nos compagnons de lutte».
Cela dit, sans rancune, aucune protestation, aucun désir de vengeance contre ses «persécuteurs». Même pas contre le Saint-Office d'alors, ni Jean-Paul II qui - dit le père d'Escoto - a personnellement décidé la sanction contre lui.

Le Père James Martin, du magazine jésuite "America", s'est tout de suite montré enthousiaste: l'annulation de la suspension «n'est pas seulement un signe de générosité et un désir de réconciliation, mais c'est aussi l'admission que beaucoup de ceux qui ont été impliqués dans ces opérations politiques faisaient de leur mieux pour aider les pauvres».

Le reste, y compris les nombreuses déclarations qu'au cours des dernières décennies d'Escoto a prononcées du haut de chaires influentes comme l'Assemblée générale des Nations Unies dont il a été président, n'a rien à voir avec l'accueil de la demande de clémence. Même la requête d'«expulser Israël de l'Organisation des Nations Unies pour l'agression constante contre la Palestine», les accusations contre les «sionistes», définis comme «les prostitués de l'Empire» et l'appel à «toutes les nations progressistes» de «rompre les relations commerciale et diplomatiques» avec le gouvernement de Tel-Aviv.

Dans le passé, le Père D'Escoto - qui, l'expérience de l'ONU terminée, est aujourd'hui conseiller d'Ortega pour les relations internationales - s'était même comparé à Jésus-Christ, «le plus grand anti-impérialiste de histoire, crucifié parce qu'il était anti-impérialiste».

     

No comment...
Ou plutôt, si! Sous Benoît XVI, la chose n'aurait évidemment pas pu arriver.
Mais imaginons (comme je le disais hier)....
On aurait eu les gros titres: LE PAPE RÉHABILITE UN PRÊTRE ANTISÉMITE!!!

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