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A propos de la rupture (qui n'existe pas)

Le cardinal Canizarès quitte le culte divin pour retourner en Espagne, dans son diocèse d'origine (30/8/2014).

     

Le 28 août, le bulletin de la salle de presse du Saint-Siège informait que le Pape avait accepté la démission pour limite d'âge du cardinal archevêque de Madrid, Antonio María Rouco Varela, nommant à sa place Mgr Carlos Osoro Sierra.
Et à la suite:

«Le Saint Père a nommé archevêque métropolite de Valence (Espagne) l'Eminentissime Card. Antonio Cañizares Llovera, jusqu'à présent Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements».

La rumeur a très vite circulé dans les milieux que l'on qualifie habituellement de «proches de la tradition» qu'il s'agissait d'une forme de rétrogradation.
L'idée vient en effet spontanément: un peu comme si un professeur de mathématiques en Math Spé au Lycée Louis le Grand se retrouvait nommé dans un lycée de province au prétexte qu'il y a fait ses études secondaires.
Andrea Tornielli, dans son rôle habituel de pompier, a couru interroger le cardinal pour démentir ces méchantes insinuations (vaticaninsider.lastampa.it) et il résume l'entretien en ces termes:

«J'ai dit au pape François: Je veux sentir l'odeur de la brebis. C'était mon désir de retourner en diocèse ... ».
Le Cardinal Antonio Cañizares Llovera, Préfet de Culte Divin, à peine nommé archevêque de Valence sourit, rayonnant, pour la nomination tant attendue qui est arrivée hier.
Ceux qui essaient de présenter son départ de la Curie romaine comme une diminutio ou même une "punition" sont complètement à côté de la plaque.
En premier lieu parce que «pour un pasteur, il n'y a rien de mieux que de pouvoir être au milieu de son troupeau». Et puis parce que c'est le cardinal lui-même qui avait demandé au pape de redevenir évêque diocésain.

Curieux qu'il n'y ait pas pensé plus tôt, lorsqu'il est venu à Rome à la demande de Benoît XVI en 2009.
Curieux aussi cette appropriation d'une expression devenue célèbre du Pape François (est-ce de l'humour, ou de la flatterie?).
Curieux enfin cette hâte, de la part d'Andrea Tornielli, à dénoncer et recadrer les mal-pensants: on n'a rien connu de tel du temps de Benoît XVI.

Marco Tosatti (qui peut évidemment lui aussi se tromper) a une autre lecture:

CANIZARES, RATZINGER ET LA DISCONTINUITÉ
San Pietro e dintorni
28/8/2014
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Le départ pour Valence du cardinal Antonio Canizares, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, apparaît comme un geste de forte discontinuité avec le règne de Benoît XVI, de la part du pape François.
Ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier, même si, pour l'amour de l'Eglise et du pape, on continue à proclamer la continuité entre les deux pontifes.

Canizares, ancien primat d'Espagne et Préfet de Congrégation, aurait pu s'attendre à une prolongation de son mandat, qui a expiré en Décembre de l'année dernière (comme cela s'est produit pour d'autres cardinaux de Curie); ou à prendre la place laissée par Rouco Varela à Madrid.
Au lieu de cela, après des mois d'incertitude que, pour autant que nous le sachions, le «petit Ratzinger» - ainsi nommé en raison de sa proximité théologique et d'une certaine ressemblance physique avec Benoît XVI - n'a pas vécu comme les plus beaux de son séjour à Rome, on lui a préféré pour Madrid un candidat moins «conservateur» que Canizares, l'actuel évêque de Valence, Mgr Osoro Sierra.
Inévitablement, au Vatican, certains parlent d'un choix sinon humiliant, certes pas exaltant.
Fait, apparemment, sans qu'ait été impliquée l'assemblée de la Congrégation pour les évêques.

En y regardant de près, on s'aperçoit que l'article de Tornielli, avec l'interviewe du cardinal Canizarès, est daté du lendemain: sans doute était-il urgent de démentir son collègue vaticaniste (qui s'exprimait non pas sur le site de vatican Insider, mais sur son blog personnel)...

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