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Benoît enseigne de nouveau

Le Père Santiago Martin, revient sur la récente lectio de Benoît XVI, et salue le retour du « Maître » Ratzinger. Traduction de Carlota (26/10/2014)

>>> La "lectio" de Benoît XVI à l'Urbanienne.

>>> Du même auteur: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/amour-verite-et-misericorde-la-vraie
>>> Ci-dessous:
Le Père Santiago Matin, fondateur des Franciscains de Marie (cf. www.laici.va), dans sa paroisse Maria Virgen Madre à Madrid (www.abc.es)

BENOIT ENSEIGNE DE NOUVEAU
P. Santiago Martín
catolicos-on-line.org
(Traduction Carlota)
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Le pape émérite Benoît XVI a envoyé un message à l'Université Pontificale Urbanienne, à l'occasion de l'inauguration d'une salle de conférences qui porte son nom.
Le sujet choisi par le Souverain pontife retiré était l’équivalence de toutes les religions au bénéfice d'une alliance par la paix.
Si toutes les religions renonçaient à croire qu'elles ont la vérité pleine, et se contentaient de dire qu'elles ont une partie de la vérité, affirme-t-on, il leur serait plus facile de présenter un front uni pour obtenir la paix mondiale. C’est ce qu’on dit. Dans le fond, ce n'est rien de plus que la vieille prétention de l'ONU, - dont en Espagne, la direction a été prise par le président Zapatero - avec l'« Alliance des Religions », une espèce de syncrétisme religieux dans lequel les différentes façons de chercher et honorer Dieu renonçaient à la mission, à la conversion de l'autre, parce qu'elles assumaient qu’une religion donnait autant qu’une autre, parce que tous les chemins étaient légitimes pour arriver à la même fin (cf. Le modèle de l'Antéchrist de Zapatero).

La prétention par toutes ou certaines d’entres d'elles de posséder la plénitude de la vérité était vue en elle-même comme une source de violence, en marge de ce que leurs partisans appliqueraient ensuite dans la pratique.
C'est pourquoi, ce qu’encourage et continue d’encourager l'ONU, c'est le renoncement à « la » recherche de la vérité, pour se conformer à des réalisations plus modestes et relatives : « ma » vérité, « ta » vérité, « sa » vérité. Si la vérité n'existe pas ou s’il est impossible de l'atteindre, il n'y a alors pas de raison de se combattre entre nous, ni même d’essayer d'offrir à l'autre la vérité elle-même, parce que dans le fond elle n'est pas meilleure.
Avec ces prémisses, on a mis un terme à l'évangélisation et à la mission. Et non seulement vers les membres d'autres religions, mais aussi vers les athées ou les agnostiques.
C'est pour cela que le Pape émérite affirme catégoriquement que le renoncement à la vérité est létal pour la foi. Aucune religion n'aurait été développée si ses partisans avaient cru que c’était la même chose de croire en son Dieu plutôt qu’en celui du voisin ou que c’était la même chose d'appliquer des normes morales et leurs contraires.
D'autre part, prétendre à l'heure actuelle et avec ce que nous voyons en Irak, en Syrie ou en Afrique que c’est la même chose de croire en Allah et en Jésus-Christ et que c’est la même chose de suivre son prophète que le Fils de Dieu, c’est non seulement un blasphème mais une insulte à la raison.

Mais, je ne sais pas si c’est volontairement ou non que l'intervention du Pape Benoît - au moment précis où elle s’est produite, après les discussions échauffées du Synode - vient mettre en lumière le nœud intellectuel de la polémique.
Parce que dans le fond ce que l’on a débattu, après la question de la communion des divorcés ou l'acceptation du comportement homosexuel, n'est pas autre chose que la relation entre vérité et miséricorde.
Pour certains, les deux choses ne peuvent aller séparément: dire la vérité est le premier acte de miséricorde et la première profession de notre foi, c’est pour confesser que Dieu miséricorde est amour et par conséquent miséricorde. Pour d'autres, par contre, il ne s'agirait d'un débat inutile, parce qu'il faut laisser la vérité dans le cadre de ce qui est théorique, tandis que dans le domaine du pratique devrait régner la miséricorde; cela signifierait que l’on ne nie pas que le second mariage est un adultère, mais que l’on permet aux divorcés remariés de communier parce que la communion n’est pas seulement pour ceux qui sont dans la grâce (ceux que l’on appelle aujourd’hui ironiquement les « parfaits ») mais aussi pour les pécheurs.

« Le renoncement à la vérité est mortel pour la foi ».
C'est une phrase parfaite, de celles auxquelles nous avait habitués le « maître » Ratzinger. Sans la vérité, sans assumer que le Christ est la vérité pleine et qu’Il est venu la révéler au monde pour son salut, le christianisme est mortellement blessé.
Sans vérité, la miséricorde se dilue, parce que sans vérité il n'y a pas la conscience de la faute et que sans cette conscience de la faute, il n’y a pas de demande de pardon pour lequel serait nécessaire la miséricorde.
La vérité n’est pas ennemie de la miséricorde, au contraire, c’est elle qui la sauve, celle qui rend indispensable son existence.
Par conséquent il n’y a pas de pire ennemi de la miséricorde que ceux qui disent que la vérité n’existe pas ou qu’on ne peut pas la connaître ou qu’elle doit rester dans les limbes des théories abstraites. Le Dieu de la vérité est le même que celui de la miséricorde. Et il s’appelle Jésus Christ.

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