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Enzo Bianchi, le faux prophète.

Sur la Bussola d'aujourd'hui, réponse d'Antonio Livi à la nomination du "prieur" de Bosé comme consultant du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens (25/7/2014)

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Enzo Bianchi consultant du Pape pour l'oecuménisme

L'auteur est ce "théologien du Latran" dont Nathalie Trouiller expliquait ici que Bianchi était "dans son collimateur"
Il ne faut pas se leurrer: don Livi "ne touche pas" au Pape, en prêtre catholique loyal qu'il est (et conformément à la ligne de La Bussola). Mais son inquiètude est palpable...

Question cruciale: pourquoi ce choix du Pape? S'agit-il d'une nouvelle manifestation de la stratégie du fil de fer? Ou bien François espère-t-il ainsi (comme avec la myriade de "dénominations" protestantes auxquelles il semble tendre la main, comme le prouve la visite qu'il va faire lundi 28 juillet à Caserte pour y rencontrer un pasteur pentecôtiste) garder sous contrôle ceux qui se trouvent aux périphéries de la catholicité?

     

BIANCHI COMME SCALFARI: IL UTILISE LE PAPE POUR SES PROPRES FINS
Antonio Livi
25/07/2014
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-bianchi-come-scalfari-usa-il-papa-per-i-suoi-fini-9847.htm
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En célébrant aujourd'hui la messe, j'ai été très troublé par la première lecture, tirée du prophète Jérémie:

J'ai entendu cette parole du Seigneur: Va proclamer ceci aux oreilles de Jérusalem.
Ainsi parle le Seigneur : Je n'ai pas oublié la tendresse de tes jeunes années, ton amour de jeune mariée, lorsque tu me suivais au désert, dans une région stérile. Israël était un trésor sacré pour le Seigneur, les premières gerbes de sa récolte ; celui qui osait en manger devait le payer : il lui arrivait malheur; Oracle du Seigneur.
Je vous ai fait entrer dans un pays plantureux pour vous nourrir de tous ses dons. Mais à peine arrivés, vous avez profané mon pays, changé mon domaine en un lieu de sacrilèges.
Les prêtres ont cessé de dire : 'Où est le Seigneur ?'. Les dépositaires de la Loi ne me connaissaient plus; les pasteurs se sont révoltés contre moi; les prophètes ont prophétisé au nom du dieu Baal, ils ont suivi des dieux sans pouvoir.

Cieux, soyez-en consternés, horrifiés, épouvantés !
Mon peuple a commis un double péché. Oracle du Seigneur : ils m'ont abandonné, moi, la source d'eau vive, et ils se sont creusé des citernes : des citernes fissurées, qui ne retiennent pas l'eau ! (Livre de Jérémie, 2,1-3.7-8.12-13).

Voici ce que nous dit la Parole de Dieu aujourd'hui, insérée dans la liturgie de l'Eglise.
L'argument de cet "oracle du Seigneur," c'est précisément ce qui se passe aujourd'hui au sein de l'Eglise, qui est la "Jérusalem céleste" , préfigurée par cette Jérusalem qui a préparé la venue du Christ.
Dans cette Jérusalem qui pour nous chrétiens est l'Église, au milieu du peuple que Dieu a libéré de l'esclavage dn Egypte et conduit à posséder la terre promise, il y a des prêtres infidèles (et c'est pourquoi j'ai moi-même tressailli à la lecture de ces mots terribles, en pensant au risque que je cours); il y a des détenteurs de la loi qui ignorent de façon coupable l'auteur lui-même de la loi, qui est Dieu; il y a des pasteurs qui ont un pouvoir légitime, mais en abusent, fomentant la rébellion du peuple contre Celui qui est le «Pasteur suprême»; et il y a des faux prophètes, qui détournent l'Eglise du culte de Yahvé, le seul vrai Dieu, pour complaire aux idoles des païens, et, finalement, au diable (Baal).
Mais Dieu n'a pas l'intention d'abandonner son peuple à l'abomination de l'idolâtrie et de la trahison de l'Alliance. C'est pourquoi il pourvoie à envoyer un vrai prophète qui s'oppose aux faux prophètes. Dieu lui-même, qui est l'auteur principal de l'Écriture, assure que Jérémie est un vrai prophète, quelqu'Il a vraiment «consacré et envoyé» et qui a le charisme de parler vraiment au nom de Dieu

Comment ne pas appliquer cette page biblique, si dramatique, à la situation actuelle de l'Eglise?
Comment ne pas tenter, à la lumière de la révélation divine, une «lecture» des «signes des temps»?
La Parole de Dieu est toujours actuelle et toujours pertinente à notre vocation personnelle et à la situation sociale, ecclésiale, dans laquelle Dieu veut que nous vivions et oeuvrions pour notre salut et pour celui des autres.
C'est la raison pour laquelle je me vois contraint (vraiment à contre-coeur !) à mettre en garde mes frères dans la foi (qui ne consiste pas en opinions arbitraires et subjectives, mais est toujours et seulement «la foi de l'Eglise») contre certains mauvais maîtres et faux prophètes qui opèrent au sein de l'Eglise pour la dénaturer et la priver de sa fonction essentielle, qui est la transmission intégre et fidèle de la doctrine des Apôtres et l'attribution de la grâce sacramentelle.

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L'actualité médiatique me contraint à reprendre le discours sur le plus connu de ces mauvais maîtres et faux prophètes, Enzo Bianchi.
Vatican Insider donnait le 23 Juillet une large couverture à ses déclarations suite à sa nomination en tant que «consultant» d'un organisme pastoral du Saint-Siège. Bianchi se laisse aller au triomphalisme le plus ridicule, disant que le pape Bergoglio, après l'avoir reçu à trois reprises, a décidé de lui donner une sorte d'approbation officielle de ses opinions sur la papauté et l'œcuménisme.
S'il s'était limité à se vanter d'avoir une relation privilégiée avec le Pape (celui actuel, car avec les prédécesseurs, il était toujours très polémique), il aurait seulement témoigné de trop de vanité, ce qui est l'une des nombreuses misères humaines dont nous sommes tous affligés, à un degré plus ou moins grand. Mais Bianchi ne se limite pas à se vanter de son triomphe personnel présumé: il va plus loin, jusqu'à ce se faire interprète officiel du Pape et annoncer un programme révolutionnaire, qui - comme par hasard - est précisément son programme de «réforme» de l'Eglise, celui qu'il défend depuis des décennies avec des livres et des conférences.

Le programme, cependant, ne peut pas être attribué au Pape, pour deux raisons: avant tout parce qu'il s'agit d'initiatives révolutionnaires qui sont contraires à toute la tradition catholique et même à la doctrine ecclésiologique de Vatican II; et ensuite parce que quelqu'un qui concevrait pour le Saint-Père respect et amour filial ne se permettrait pas de «révéler» à la presse d'improbables projets pastoraux encore jamais énoncés officiellement dans les documents du magistère ordinaire, par le pape lui-même (il y a pourtant des précédents avec ce pape. Et si cela est vrai, au nom du ciel, pourquoi cette nomination?).

En fait, le bien connu (je dirais tristement célèbre) programme révolutionnaire de Bianchi est une requête systématique de mesures «pastorales» qui, sous le prétexte de l'œcuménisme, visent à accorder aux protestants et aux orthodoxes entièrement raison dans leur polémique séculaire contre l'Eglise catholique.

Luther voulait abolir le magistère ecclésiastique et fonder la foi chrétienne sur la seule Écriture interprétée avec le «libre examen»?
Voici alors que Bianchi se fait chef de file des mauvais théologiens qui travaillent pour une dé-dogmatisation de l'Eglise catholique, c'est-à-dire à remplacer la Doctrine de la Foi (sanctionnée par le Magistère) par une exégèse biblique fragmentaire et arbitraire. Après quoi, la pastorale détachée du dogme, reste conditionnée par des motifs contingents de convenance socio-politique (la soi-disant «proclamation de l'Évangile à l'homme d'aujourd'hui» est en réalité l'asservissement volontaire à cette partie de l'opinion publique qui soutient le projet réformateur, certes pas pour le bien de l'Église).

Les protestants veulent abolir tous les sacrements, sauf le baptême?
Voici Bianchi qui justifie et encourage la pratique de plus en plus répandue de l'élimination de la confession, et de la transformation de la messe (fondée sur le dogme de la transsubstantiation, donc sur la "présence réelle" du Christ qui s'immole pour la rédemption du monde) en un «repas du Seigneur», une simple réunion de chrétiens qui célèbrent la «mémoire» d'un événement qui se perd dans les brumes du mythe.

Les protestants veulent abolir le culte des saints et de la Vierge Marie?
Voici Bianchi qui ignore la très haute dignité de celle que le Concile d'Ephèse (que Bianchi devrait connaître, lui qui parle tellement de l'annonce chrétienne des premiers siècles) définit dogmatiquement comme la "Mère de Dieu" - et aussi Vatican II, dans le chapitre VIII de Lumen Gentium - et qui se limite le cas échéant, à en parler comme de «notre sœur».

Quant aux saints, dans le calendrier liturgique de la communauté de Bosé, sont enregistrés sans distinction - comme indiqué dans la présentation - «les célébrations et les mémoires des saints catholiques, orthodoxes, anglicans, les fêtes juives et les sabbaths hébraïques. C'est une possibilité supplémentaire de se rapprocher de la tradition des églises chrétiennes et de la foi du peuple d'Israël. Pour étendre cette mémoire également aux hommes d'autres religions, nous avons voulu ajouter une table avec des dates des grandes festivités islamiques et bouddhistes».
Et ainsi le culte catholique des saints (avec la doctrine dogmatique sur leur union avec Dieu dans la gloire du ciel et leur intercession pour nous qui sommes encore 'viatores' - voyageurs) cède la place à de simples commémorations d'hommes illustres et même à des hérétiques et des persécuteurs de l'Église .

En somme la «réforme» que Bianchi a toujours préconisée et que maintenant (selon lui) le pape François serait prêt à mettre en œuvre à court terme, serait, dans ses points-clés, la réforme même de Luther!

Pas très différente, la stratégie de réforme adoptée par Bianchi envers les orthodoxes , toujours au nom de ce qu'il appelle «devoir oecuménique».
Les orthodoxes ont en commun avec les catholiques tous les dogmes (sauf l'infaillibilité du pape, sanctionnée en 1870 par Vatican I) et tous les sacrements, et pourtant ils sont divisés des catholiques depuis des siècles uniquement sur le refus d'accepter la primauté de Pierre, c'est-à-dire le rôle du pape comme Pasteur de l'Eglise universelle.
La Primauté du Pape n'est pas seulement «d'honneur» mais aussi «de juridiction» pour garantir l'unité de l'Eglise et le développement homogène du dogme. Les orthodoxes reconnaîtraient également une certaine primauté d'honneur de l'évêque de Rome, mais pas sa juridiction universelle réelle et immédiate sur l'ensemble de l'Église.
Que fait alors Bianchi? Il propose (et attribue au ¨Pape François) une «réforme radicale de la papauté» au nom d'une «synodalité» qui donnerait le pouvoir de décision à tous les évêques du monde, à travers leurs représentants, sur toutes les questions qui sont actuellemnt sous la responsabilité du seul évêque de Rome.
Et il lance un slogan sans contenu réel: «Il n'y a pas de primat synodalité, et il n'y a pas de synodalité sans primat».

Je dis que c'est un slogan vide de contenu réel, parce que la «synodalité» que Bianchi espère (et l assure que le pape a l'intention de la mettre en œuvre comme élément central d'une «réforme de la papauté») ne serait une nouveauté que si elle allait au-delà de la pratique actuelle de consultation des évêques (pratique qui remonte aux décrets de Paul VI immédiatement après le Concile).
Mais dans ce cas, l'Église catholique adopterait la même «collégialité» que les «églises autocéphales» de l'Orthodoxie, lesquelles n'acceptent que les dispositions pastorales et disciplinaires décidées en commun entre eux dans les synodes de chaque patriarcat. De la primauté de Pierre, entendue comme juridiction universelle et immédiate du pape sur l'Église tout entière, il ne resterait rien. Ici aussi, comme dans le cas des protestants, le projet œcuménique de Bianchi (qui est inspirée par les théories matériellement hérétiques de Hans Küng) consiste finalement à donner raison aux «frères séparés», et tort à la Tradition dogmatique de l'Eglise catholique.

Dans les deux cas, attribuer au pape l'intention d'abroger la papauté et, ce faisant, contredire les dogmes de la foi catholique (non pas un, mais tous) est quelque chose qui est difficile à concilier avec le «sens de la foi», et encore avant, avec le bon sens.
Bianchi est tellement projeté vers l '«Église du futurr» qu'li n'a pas peur de prophétiser, en faux prophète qu'il est, l'auto-démolition de l'Église catholique par celui qui - par la volonté du Christ lui-même - a la mission et la grâce de garantir en chaque temps et contre toute attaque son indéfectibilité.

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