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François et la collégialité

Les interrogations d'un prêtre anglais, le Père Ray Blake (22/10/2014)

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J'aime bien le Père Blake. Il pose sur l'actualité de la religion un regard plein de bon sens, sans aucune crispation "sectaire" d'un côté ou d'un autre.
Et j'ai bien aimé la première partie de son article, la plus intéressante: elle montre bien les réserves d'un catholique de base, qui n'est pas un traditionaliste.

La seconde est moins claire, et je ne suis pas sûre de bien comprendre l'auteur.
Que veut-il dire? Que c'est volontairement qu'au Synode, le Pape a "laissé la main" aux évêques, dans le but de favoriser la collégialité? Difficile à croire, quand on voit comment les choses se sont passées.
Il dénonce à juste titre la médiocrité du clergé (elle est malheureusement sous les yeux de chacun, avec évidemment des exceptions confirmatrices). Mais ne serait-ce pas cette médiocrité qui explique l'élection d'un Pape tel que François? Un des leurs, en somme.
A moins encore que ce Pape soit le plan de Dieu, qui serait Lui-même en faveur "en faveur" de plus de collégialité?

Apparemment, l'auteur n'est pas sûr de bien se comprendre lui-même, et sa conclusion est un aveu: Mais peut-être que je m'accroche à n'importe quoi.

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Une remarque en marge: Je suis trés étonnée par la liberté d'expression dans la blogosphère de langue anglaise (sans parler de celle italienne)... et par le verrouillage presque absolu du débat en France. Nos compatriotes, si bruyants sous Benoît XVI (souvenons-nous du déchaînement lors de l'affaire Williamson, culminant avec une pétition CONTRE le Pape?) semblent devenus brusquement totalement amorphes. Tous alignés sur une pensée unique qui, au fur et à mesure que le temps passe, ressemble de plus en plus à de l'aveuglement volontaire?

     

ÉTAIT-CE LA RAISON POUR LAQUELLE IL A ÉTÉ ÉLU?
http://marymagdalen.blogspot.ca
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Je dois admettre que je ne comprends toujours pas François. Est-il la meilleure chose arrivée depuis le pain non tranché, un vieux jésuite rusé, un conservateur, un "trad" (ndt: je suppose "tradi", mais à l'évidence, sur ces deux dernières questions, le Père Blake fait de l'humour aux dépens des commentateurs), un prophète, un fou ou même l'anti-Christ; une bouffée d'air frais ou l'odeur de tombe de ces hommes assez détestables qui ont entouré le Bienheureux Paul VI et ajouté à sa souffrance?
Je n'ai jamais marché dans le «Benoît en attendant François», mais je ne suis pas non plus entièrement convaincu par le «François contre Benoît».
Je suis toujours perplexe et plongé dans la confusion à son sujet.
Peut-être qu'en la personne de François, au lieu d'avoir un empereur qui ne porte pas de vêtements, nous avons des vêtements sans empereur. Je veux parler de ces homélies du matin qui sortent des salles de marbre de Santa Marta, qui sont pleines de piques mais en réalité n'enseignent rien. Mais peut-être devrions-nous nous attendre à rien!

Il est bon de rappeler que ce que beaucoup de cardinaux appelaient avant le conclave était une église décentralisée et une plus grande collégialité. La BBC, ces idiots, ont parlé d'un François progressiste contre le Synode conservateur et comment il a échoué à faire avancer l'Eglise, comme si le Synode portait uniquement sur les divorcés remariés, ou les homosexuels pratiquants.
Ce qui semble avoir échappé au radar, c'est que pour la première fois dans les temps modernes, des cardinaux et des évêques ont résisté au Pape et l'ont publiquement défié, et certains comme Raymond «Lion du Synode» Burke ont même osé lui demander de faire son travail et défendre la foi, comme Paul réprimandant Pierre.

Ce qui s'est passé, c'est qu'au Synode ceux d'entre nous qui espéraient que le successeur de l'Apôtre Pierre défendrait la foi contre les autres évêques, ont tourné leur regard du successeur de Pierre vers les successeurs de autres Apôtres. C'est selon moi l'action caractérisant le Synode, pour la première fois, une grande partie des catholiques ont tourné leur regard vers les évêques, et pas vers le pape, pour défendre la foi.

Un prêtre de mes amis m'a dit: «Je n'ai aucun problème avec la collégialité, seulement avec ceux qui pourraient l'exercer».
Pour beaucoup de catholiques, le vrai problème dans l'Église n'est pas Rome, mais leurs évêques locaux; en Angleterre (..) par rapport à la France ou l'Allemagne ou l'Irlande ou les États-Unis ,jusqu'à la dernière décennie, nos évêques ont été dans l'ensemble des paradigmes de zèle apostolique et de soutiens fidèles de la Tradition. Les évêques de France jusqu'à récemment ont fait de leur mieux pour vider leurs églises et semblent avoir plus en commun avec les déconstructionalistes et les existentialistes qu'avec le Christ (!!!), les allemands ne se soucient de rien d'autre que de leur impôt pour l'Église (tout va bien pourvu que l'on paie), les irlandais ont expérimenté la faillite et l'Amérique a fait naître des sommités comme Bernardin, Weakland et Mahony (ndt: je suppose que ce n'est pas un compliment!), et on pourrait énumérer au moins une vingtaine d'autres noms qui gouvernent l'Eglise comme des bandits du Far West.

L'échec de l'Église a été un échec de leadership au moins au niveau local. Il convient de rappeler que nous sommes en communion avec Rome parce que nous sommes en communion d'abord avec notre évêque local qui est la communion avec Rome et l'Eglise tout entière. En Angleterre et ailleurs, nous nous sommes tournés vers Rome pour nous protéger de nos évêques. Le problème est que la plupart des catholiques ne font tout simplement pas confiance à leur évêque, et le regardent comme étant de peu d'importance, comme si entre eux et le pape il n'existait pas d'intermédiaire, surtout s'ils n'aiment pas leur curé ou simplement ne veulent pas s'impliquer avec lui et sa communauté. D'une certaine manière l'Internet a exacerbé cela, au point que la «e-église» est plus réelle que la vraie Eglise, tout le monde se tourne vers le pape, mais personne vers l'évêque.

Le grand souci de François, c'est que beaucoup d'évêques sont en fait de médiocre qualité; s'il y a une chose qui est claire dans l'enseignement confus de François, c'est que de nombreux évêques ne sont tout simplement pas dans leur rôle tel que défini dans les documents de Vatican II.
Au Synode, ce sont les évêques qui ont brillé, pas le Pape. Etait-ce l'intention du Pape? Je ne sais pas, mais était-ce la raison pour laquelle il a été élu?

Mais peut-être que je m'accroche à n'importe quoi.

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