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François et les bavardages

Thème étrangement hyper-récurrent des homélies, cette fois devant les gendarmes du Vatican (30/9/2014)

     

Samedi 27 septembre, anticipant de deux jours la fête de Saint Michel Archange, protecteur des forces armées et saint Patron de la gendarmerie vaticane, François a célébré la messe entouré des membres de ladite Gendarmerie dans la chapelle du gouvernorat (www.zenit.org/fr).

J'ai trouvé sur le site Vatican Insider le compte rendu de l'homélie du Pape (sur ce passage, Zenit fait curieusement l'impasse, et je n'en ai pas trouvé trace sur le site du Saint-Siège).
L'article de Vatican Insider, que je traduis ici, est simplement signé "La rédaction".

La référence aux «commérages» (1) est décidément une obssession (mystérieuse) chez François. Si je dis qu'il en parle au moins une fois par semaine dans ses homélies matinales ou durant les audiences privées, des spécialistes du fact checking auront beau jeu de me prouver, chiffres à l'appui, que ce n'est pas le cas. Ce ne serait pas inintéressant de faire une étude statistique.
Quoi qu'il en soit, personne ne pourra nier que lors des voeux à la Curie romaine, le 21 décembre 2013 (alors que tant d'autres sujets graves auraient pu capter son attention), le Pape évoquait .... les bavardages (chiacchiere), plutôt longuement dans un discours assez bref:

Sainteté dans la Curie signifie aussi objection de conscience. Oui, objection de conscience aux bavardages ! Nous insistons beaucoup à juste titre sur la valeur de l’objection de conscience, mais peut-être devons-nous l’exercer aussi pour nous défendre d’une loi non écrite de notre environnement, qui est malheureusement celle des bavardages. Alors faisons tous objection de conscience ; mais attention je ne veux pas faire seulement un discours moral ! Parce que les bavardages abîment la qualité des personnes, abîment la qualité du travail et de l’environnement.
(w2.vatican.va...auguri-curia-romana)

     

BERGOGLIO AUX GENDARMES: «LE BAVARDAGE (1) EST LA PIRE DES "BOMBES" »
C'est ce qu'a dit le Pape dans l'homélie de la messe pour la gendarmerie
Vatican Insider
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S'il y a une bombe qui effraie le pape c'est «la mauvaise herbe des bavardages» («la zizzania delle chiacchiere») capable de détruire la vie des autres et également «la vie de l'Eglise». Et le diable - met en garde François - «utilise aussi des laïcs, des prêtres, religieux, religieuses, évêques, cardinaux» et même «des Papes (!!!) pour semer la discorde».
L'occasion de pointer à nouveau du doigt les pires maux qui affligent l'Église était l'homélie de samedi, lors de la messe pour la gendarmerie.

Se référant aux menaces terroristes présumées contre le Vatican, le pape a dit aux gendarmes: «Vous autres sentinelles gardez les portes, les fenêtres, pour qu'il n'entre pas de bombe». Mais, a-t-il ajouté, «je vais vous dire une chose un peu triste: il y a des bombes à l'intérieur, il y a des bombes très dangereuses à l'intérieur». Ce sont les bavardages, c'est la graine de la zinanie (zizzania: mauvais herbe) qui «est une bombe qui détruit la vie». «La pire bombe à l'intérieur du Vatican - a répété François - c'est le bavardage».

Et même si les paroles de celui qui «bavarde» étaient vraies, a précisé Bergoglio, il n'aurait de toute façon pas le droit de le dire à tous, mais seulement «à celui qui a la responsabilité» (2). D'où l'appel aux gendarmes: «Soyez les sentinelles des bavards» (le mot utilisé, "chiaccheroni", a une forte nuance péjorative)
Et le semis de la zizanie - a admis le pape - est un «danger» que «j'ai moi aussi» parce que «le diable t'en donne l'envie».
Et alors le travail de «garde» de la Gendarmerie du Vatican doit viser principalement le diable par la prière. Et «bien que certains disent que le diable est une idée», a-t-il plaisanté, «moi, cette idée, je veux l'avoir loin de moi».

«Ne pas semer des bombes: c'est la faveur que je vous demande», a répété le pape, invitant la gendarmerie à «garder, être des sentinelles courageuses, pour que l'ennemi ne sème pas la zizanie du bavardage». C'est un engagement qui pour François devrait être poursuivi en trouvant également le courage de dire: «S'il vous plaît, monsieur, s'il vous plaît, madame, s'il vous plaît mon père, s'il vous plaît ma soeur, s'il vous plaît excellence, s'il vous plaît éminence, s'il vous plaît sainteté, ne bavardez pas, ici, on ne peut pas».

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NDT:
(1) Le mot - pudique - généralement utilisé par les vaticanistes et dans les traductions officielles est "chiacchiere" (que le gros Robert & Zanichelli traduit par bavardages). Mais il est clair qu'il s'agit de commérages, voire de ragots (en italien "pettegolezzi" ou le mot anglais "gossip")
(2) Donc le Pape en réfère à Dieu...

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