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Incroyable censure ecclésiale

Le bras droit du Père Volpi - le commissaire nommé par le pape pour les Frères franciscains de l'Immaculée - porte plainte contre Francesco Colafemmina, l'auteur du site "Fides et Forma" à cause de deux articles publiés récemment (30/7/2014)

     

Marco Tosatti vient de publier sur son blog personnel San Pietro e dintorni un billet intitulé "FFI : DÉNONCIATION, CARABINIERS ET CENSURE".

Avant de passer à l'article proprement dit, un petit éclairage est nécessaire.

Mes lecteurs les plus assidus connaissent bien Francesco Colafemmina, qui anime le site <Fides et Forma>. Magnifique dans la forme, percutant et très original sur le fond (qualificatifs auxquel il faut désormais ajouter "courageux"). Cela fait des années que je le connais, et j'ai traduit de nombreux articles signés de lui, notamment au moment des grandes polémiques contre Benoît XVI, où il s'était comporté en preux chevalier, littéralement l'épée de la plume à la main (avec des arguments toujpurs parfaitement documentés) . On se rappelle peut-être aussi le splendide hommage à ce dernier écrit le 5 mars 2013 sous forme d'une lettre: Caro Papa Benedetto (benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/caro-papa-benedetto).

Un moment particulièrement actif, il est désormais silencieux.
Son dernier billet, consacré à Mgr Galantino date du 16 mai dernier: il était écrit par Antonio Mastino (je découvrais par la même occasion qu'ils sont amis... le monde est petit), lui-même s'étant contenté d'ajouter un post-scriptum.
Je me suis expliquée ce silence par la lassitude, ressentie par beaucoup de blogueurs qui n'ont plus envie de commenter un pontificat aussi déroutant, et ne souhaitent pas céder à la critique répétitive et finalement stérile. Francesco Colafemmina n'était pas tendre pour le nouveau Pape. L'affaire des FFI avait peut-être (me suis-je dit) été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

Donc, Marco Tosatti (dont on ne finira pas de dire à quel point il tranche sur le conformisme de presque tous ses collègues) raconte qu'il reçu une lettre écrite par Francesco Colafemmina, depuis les Etats-Unis. A ce que je crois comprendre, la lettre, rédigée en anglais (ce qui explique les quelques maladresses d'expression) ne lui est pas directement adressée: je suppose que dans l'esprit de son expéditeur (peut-être l'avocat de Francesco Colafemmina), Tosatti devait servir de relais médiatique: le choix de son nom, à la lumière de ce que je viens de dire, n'est certainement pas dû au hasard.

     

FFI : DÉNONCIATION, CARABINIERS ET CENSURE
Marco Tosatti (www.lastampa.it/2014/07/29/blogs/san-pietro-e-dintorni)
29/7/2014
Ma traduction
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Des Etats-Unis, nous recevons le texte d'une lettre dans laquelle Francesco Colafemmina, titulaire d'un blog très connu et très suivi dans le milieu ecclésiastique, <Fides et Forma>, raconte son histoire: qu'il a été convoqué avec sa femme par les carabiniers, à la suite d'une dénonciation pour diffamation du P. Alfonso Bruno, le bras droit du commissaire des FFI. C'est cela, l'Italie, c'est cela, le Vatican.

[Après avoir présenté Francesco Colafemmina, et précisé pour ses lecteurs que <Fides et Forma> est «un blog de caractère traditionnel», Marco Tosatti poursuit:]

Francesco Colafemmina a pris position avec vigueur contre la nomination d'un commissaire chez les Franciscains de l'Immaculée, sans qu'aucune accusation spécifique ait été élevée contre eux, sinon celle, vague, de «crypto-lefebvrisme» et avec des modalités qui, selon ce qui est paru dans les journaux, sont bien éloignées de la miséricorde proclamée à maintes reprises par le pape François.
Voici la lettre que nous avons reçue en anglais et que nous avons traduite en italien:

* * *

Cher ami,

Désolé pour le retard, mais la semaine dernière, il m'est arrivé quelque chose de très triste.
Ma femme a été convoquée par les carabiniers pour être interrogée. Ma femme est enceinte, et elle a été vraiment bouleversée par cet avis. Le lendemain, nous sommes allés chez les carabiniers, qui l'ont interrogée, puis m'ont ensuite interrogé. L'interrogatoire a porté sur l'Internet et la structure des téléphones chez nous. Ma femme est titulaire du contrat avec la compagnie téléphonique, et pour [la connexion à] Internet et donc ils avaient besoin de l'entendre.

Après une heure d'interrogatoire et des questions tout à fait banales, du genre «vous avez un routeur, vous avez un antivirus, de quels instruments disposez-vous...», je leur ai demandé la raison de cette procédure. Ils ont répondu: «un instant», puis ils ont repris avec une nouvelle question: «Connaissez-vous le Père Alfonso Maria Bruno?».

En un mot, ce P. Bruno semble avoir déposé une plainte contre moi pour diffamation. Et les carabiniers, de cette manière très étrange essayaient de certifier que les articles écrits sous mon nom avaient réellement été écrits par moi. Ainsi, l'interrogatoire de ma femme, m'a rappelé des histoires du régime soviétique cambodgien ... Après tout, je ne sais pas si il est du devoir des carabiniers de faire des choses de ce genre.

Je n'ai pas eu le droit de lire le texte de la plainte, mais l'officier a eu la gentillesse de m'expliquer que le P. Bruno avait écrit plusieurs pages de dénonciation, m'accusant de l'avoir diffamé «comme homme et comme religieux» en disant qu'il était un «traître».

Ils m'ont demandé de confirmer que ces deux articles de <Fides et Forma> étaient de moi:
¤ http://fidesetforma.blogspot.it/2013/09/p-alfonso-bruno-neo-segretario-dei-ffi.html
¤ http://fidesetforma.blogspot.it/2013/09/lobby-tradizionalista-o-ipocrisia-degli.html

J'ai analysé les deux articles avec mon avocat, et il n'y a rien de faux. Pas un mot qui serait «diffamatoire». Seulement deux documents: une lettre signée par le P. Bruno, se plaignant de la visite, et une copie du «who is» indiquant que le site <mediatrice.net> est bien son site.

J'ai écrit quatre lettres, aux autorités Vaticanes et au pape. En Italie, même si pour le moment il y a seulement une enquête, le délit de diffamation est passible d'une peine de six mois à trois ans de prison et des amendes, même si à la fin, personne - sauf Guareschi - n'a été puni de prison pour cela.
Tout cela est tout simplement fou.

* * *

Oui, en effet, c'est fou, et surtout très inquiètant.
Si l'information ne concernait pas un site que je connais bien, et auquel je fais totalement confiance, et n'avait pas été reprise par un journaliste aussi connu et aussi fiable que Marco Tosatti, je ne l'aurais pas crue!!

En attendant, je suis solidaire de Francesco Colaffemina.

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