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Interview d'Antonio Socci

... sur le site <Intelligo News>. Il parle de son livre, et bien sûr du Synode. Traduction d'Anna (23/10/2014)

     

MOI, CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ROMAIN...

François n'est pas 'super partes'.
Après le Synode, risques de purges


Fabio Torriero
www.intelligonews.it
22 octobre 2014
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Question: Antonio, en écrivant "Non è Francesco" étais-tu conscient de l'impact qu'il allait produire "urbi et orbi"? Te sens-tu un martyre, un traditionaliste ou tout simplement un catholique non clérical, comme tu l'écris dans ton livre, indifférent à la raison d'Etat? Est-ce que tu t'es suicidé professionnellement ou t'es-tu mis dans les mains de Dieu?
Réponse: Premièrement je ne suis pas traditionaliste, je suis simplement un catholique apostolique romain et donc un catholique de paroisse normal. J'ai fait simplement mon devoir de conscience comme nous l'enseigne le Catéchisme de l'Eglise Catholique. J'ai essayé de le faire avec souci et sérieux comme il se doit à un journaliste ou un intellectuel, avec le sérieux d'un chrétien".

Q: Conclave à refaire, à cause de l'invalidité de l'élection du Pape François?
R: Je ne donne pas de jugements; j'ai soulevé des questions, rapportant thèses et éléments auxquels d'autres devront répondre. Si mes observations étaient confirmées il est évident que l'hypothèse de refaire le conclave devrait être prise en compte. Mais ce n'est pas à moi de fournir des réponses ou dire ce qu'il faut faire. Pour moi, à ce jour, le pape est François.

Q: Mais il est incontestable, en lisant ton livre, que la co-présence avec le Pape émérite Ratzinger est vue sous un éclairage différent. Son rôle est à présent plus consistant que celui du simple "grand-père donnant ses avis"...
R: Le cas Ratzinger est un autre problème par rapport au Conclave de 2013 que j'ai examiné. Il concerne la nature de sa renonciation. Des canonistes ont étudié les actes, la fameuse "declaratio", son explication donnée à l'audience du 27 février, et ont conclus qu'on ne comprend pas bien le contenu et la nature de cette renonciation, surtout si on la met en parallèle avec le choix de rester Pape émérite, de garder le titre et les insignes tout en restant dans l'enceinte de Pierre. La vérité est qu'il y a un certain nombre d'inconnues et de points d'interrogation qu'on ne peut pas faire semblant d'ignorer. Aussi parce qu'en deux mille ans d'histoire de l'église rien de pareil ne s'est jamais produit.

Q: Synode sur la Famille. Le Pape Bergoglio apparaît aujourd'hui, selon des voix de poids (par exemple le "Corriere della Sera") comme une figure centriste, modératrice entre les deux composantes (traditionnelle et progressiste), qu'il a désapprouvées d'ailleurs dans son intervention en conclusion du Synode: non à ceux qui ne se laissent pas surprendre et se retranchent dans la rigidité et non à l'angélisme (buonismo) destructeur qui au nom d'une miséricorde trompeuse panse les blessures avant de les soigner. Lorsqu'il se réfère aux premiers les nommant intellectualistes, zélés et attentionnés, est-ce que tu te sens mis en cause?
R: Je ne pense pas que le Pape Bergoglio se soit conduit en figure 'super partes'. Il a été le protagoniste absolu de toute cette affaire qui va du Consistoire au Synode. C'est lui qui a voulu que le Synode se concentre sur des thèmes comme la communion aux divorcés remariés. Cela est discutable si on pense à la situation de la famille contre laquelle une guerre est menée depuis des décennies. C'est lui qui a voulu Kasper comme rapporteur au Consistoire, c'est lui qui en a fait l'éloge et ne l'a jamais démenti. Il a permis que la position de Kasper s'identifie avec la sienne jusqu'à la fin, ne s'en démarquant qu'après le rejet des thèmes promus par le cardinal. Le discours final du Pape Bergoglio n'est donc pas compréhensible. Et puis, peut-on être 'super partes' entre l'orthodoxie catholique, celle que tous les Papes ont depuis toujours enseignée, et les positions révolutionnaires de Kasper?.

Q: Un Bergoglio partisan, donc, qui en tout cas a déplacé vers l'avant l'axe de la doctrine?
R: Il n'y a pas de position médiane entre l'enseignement catholique de toujours et les positions de Kasper. Avec tout mon respect, ce n'est pas compréhensible. D'abord l'Eglise s'est déchirée sur les positions de ce cardinal, elle s'est divisée, et ce cardinal ne représenterait personne? Mais c'est Bergoglio qui l'a voulu en tant que rapporteur du Synode et Kasper a continué à soutenir qu'il était d'accord avec le pape sans jamais être démenti. Et encore une chose du point de vue procédural. Conformément au règlements du Synode, les fameux points controversées comme celui de la communion aux divorcés remariés ou la question des homosexuels, ils ont été rejetés n'ayant pas atteint les deux tiers; et toutefois il a été décidé d'autorité qu'ils seront toujours en discussion au prochain Synode. Cela ne va-t-il pas à l'encontre des règlement du Synode?
Puisque nous ne sommes pas des pigeons, mais que le bon Dieu nous a donné la raison, donc nous l'utilisons, et constatons les faits: c'est une façon de faire rentrer par la fenêtre ce qui vient de sortir par la porte.

Q: Qu'est ce que cela veut dire?
R: Cela signifie, me semble-t-il, que le pape François veut que l'on continue à débattre et s'affronter sur ces thèmes (divorcés remariés et homosexuels). Comme il est évident que c'est à lui, en fin de compte, qu'on doit attribuer toutes ces règles grâce auxquelles ne devait sortir du Synode qu'une seule version… des choses très peu conciliaires et très peu synodales. Ce n'est pas par hasard qu'elles ont provoqué la protestation de nombre de cardinaux. Tout ce ramdam a déchiré l'Eglise, l'a divisée et exposée dans le monde et aux médias, avec des thèses et opinions contredisant le magistère de l'Eglise de toujours: on espérait que ce serait fini avec le Synode extraordinaire mais le chaos va continuer.

Q: L'annulation de la suspension a divinis de Miguel D'Escoto Rockmann, le prêtre sandiniste qui considère Fidel Castro "élu par Dieu", et le "manque de miséricorde" envers les Franciscains de l'Immaculé (deux admonitions et une suspension), montre que les orthodoxes sont plus dangereux pour le pape François que les Scalfari?
R: Dans l'examen de l'Eglise et du monde il faut avoir un critère de jugement évangélique et johannique que je ne trouve pas dans ce schéma.

Q: (...) La question maintenant est: que va-t-il arriver dans un an au prochain Synode et, en attendant, dans l'Eglise?
R: Dans le discours conclusif du pape Bergoglio il y a une mise en évidence: il nous a rappelé qu'il n'est pas seulement l'Evêque de Rome, mais bien le Pape avec toutes ses prérogatives, il a donc le pouvoir direct et absolu sur toute l'Eglise. C'est une affirmation qui entend lancer un signal significatif et doit être ajouté à la décision de faire circuler quand même les trois points rejetés par le Synode. Cela m'amène à penser qu'il veut garder ces points malgré tout. Et la référence au pouvoir de l'Eglise, puisqu'on parle de remplacements (que l'on pense à Müller), me fait penser au risque de répression et de purges, c'est à dire aux défenestrations. Si on procédait de cette façon là, en remettant sur la table les points rejetés par le Synode et en frappant ceux qui ont soutenu les points de vue différents, la situation deviendrait traumatique et l'Eglise est déjà dans la confusion.

Q: Dans ton livre tu as rappelé la phase du Grand Maître de la Grande Loge Gustavo Raffi lors de l'élection du pape François : "Rien ne sera plus comme avant". S'agit-il d'une flagornerie maçonnique, de l'auto-promotion ou d'un avertissement en code?
R: Je ne lui donnerais pas une grande importance. Parfois ce sont des phrases de circonstance, qui résultent peut-être de l'accent donné par les médias à certains détails, par exemple le fait que le soir de l'élection il ait dit "bonsoir" au lieu de "Loué soit Jésus Christ". Dans le cas contraire, je devrais me demander sur la base de quelles informations M. Raffi a fait cette déclaration.

Q: Pour conclure: banalisation de l'Eucharistie et transformation lexicale de l'idée de péché en imperfection, on va où?
R: J'essayerais de faireune recherche sur des expressions comme Péché Mortel ou Enfer dans le Magistère du Pape François. Vous verrez si vous les trouvez.



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