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La bombe d'Antonio Socci (2)

La préface du livre "Non è Francesco" par l'auteur lui-même. Première partie (2/10/2014)

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La bombe d'Antonio Socci

Socci, on aime ou on n'aime pas (moi, j'aime plutôt), mais il ne laisse pas indifférent. Il est honnête, avec la réserve qu'il est passionné, ce qui est peut-être ici sa limite: chez lui, la passion rique de l'emporter sur la raison. Mais il a une intuition indéniable, dont il a déjà donné des preuves.
J'aime son côté "chrétien de base" dans lequel chacun peut se reconnaître, davantage que dans les discussions théologiques savantes.

Il en a gros sur le coeur, Antonio Socci, il se sent trahi... et abandonné. Ce livre lui fournit en quelque sorte l'occasion de "vider son sac", et on ne peut nier que beaucoup de gestes de François, depuis le 13 mars 2013, donnent une consistance aux griefs qu'il expose dès cette préface.
Avec un grand courage, car avant même la sortie du livre "Non è Francesco", il est déjà la cible de tirs croisés (pour le moment en Italie) de la part des "loyalistes", au mieux ceux qui l'accusent poliment de diviser l'Eglise, au pire ceux qui l'insultent. Nul doute qu'il prend de gros risques.
Par ailleurs, sa défense sans faille de François durant les premiers mois du Pontificat (qui de son propre aveu était alimentée par la présentation des media, mais n'était étayée par aucun fait concret, sinon l'attachement à l'institution de la papauté) le range parmi les "normalistes", désormais repentis. Cela donne du poids à ses critiques, car elle ne sont pas motivées par des préjugées.
Mais cela affaiblit ses deux théories croisées (assez tirées par les cheveux, il me semble), celle de l'invalidité de la renonciation de Benoît XVI, et celle de l'invalidité de l'élection de François (cette dernière théorie a déjà réfutée par certains avec des arguments savants), puisqu'elles n'ont à l'évidence aucun rapport avec les actes de François.

Bref, le livre est un coup de pied dans une fourmilière, il est tout sauf consensuel.
Mais pourquoi le Pape de la main tendue n'entendrait-il pas son appel, et celui de ceux qui ressentent la même chose que lui?

     

FRANÇOIS EST LE PAPE DE SCALFARI, MAIS IL NOUS OUBLIE NOUS, LES CHRÉTIENS
"Non è Francesco": le livre de Socci sur le Pape, qui agite le Vatican

http://www.liberoquotidiano.it/news/italia/11700263/-Non-e-Francesco--.html
(ma traduction)
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«A Joseph Ratzinger, un géant d'espérance»
C'est par cette déclaration d'appartenance et de foi que commence le livre de l'intellectuel catholique et collaborateur de Libero Antonio Socci «Ce n'est pas François», publié par Mondadori et en librairie le 3 Octobre. Dédié aussi «aux chrétiens persécutés en Irak», l'ouvrage a fait discuter avant même d'arriver dans les rayons.
Rien que Socci n'ait voulu.
L'objectif, écrit-il lui-même, est d'enquêter sur des questions «si déstabilisantes et "interdites" par le mainstream que tout le monde évite de les dire en public». Ce ne sont pas des mots exagérés.
«Quels sont - demande en effet Socci - les motifs encore inconnus de la renonciation historique à la papauté de Benoît XVI? Quelqu'un l'a-t-il conduit à se retirer? Mais surtout: s'agissait-il d'un vrai renoncement? Pourquoi n'est-il pas redevenu cardinal, mais est-il resté "Pape émérite"?».
Socci aborde également une autre question perturbante: si, au cours du conclave qui a élu Bergoglio ont été violées - comme il semble - les normes de la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis. La journaliste argentine Elisabetta Piqué a en effet révélé que Bergoglio a été élu au cinquième tour le 13 Mars (le sixième au total), avec une série de procédures qui auraient transgressé les dispositions de la Constitution apostolique, rendant de fait «nulle et non avenue l'élection elle-même». De graves questions qui méritent des explications approfondies.

Les lecteurs de Libero trouveront ci-dessous de larges extraits de la préface du livre, où Socci raconte sa propre déception pour un pape, François, qu'il avait pourtant accueilli «à bras ouverts, comme il était juste de le faire, s'agissant du Pape légitimement élu»

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Préface (I)

J'avoue être un de ceux qui ont accueilli Bergoglio - le 13 Mars, 2013 - à bras ouverts, comme il était juste de le faire, s'agissant du Pape légitimement élu. Et aussi à cause d'une série d'amitiés communes (à moi très chères), qui m'avaient amené à nourrir un espoir bienveillant dans le nouveau Pontife.
Je l'informai même (et avec conviction) que - parmi beaucoup d'autres - il pourrait aussi compter sur mes prières et celles de ma famille, et sur l'offrande de nos croix pour l'accomplissement de sa haute mission.

J'aimais son style effacé. Les journaux le représentaient comme l'évêque qui parcourait Buenos Aires avec les transports en commun, qui vivait dans un modeste appartement plutôt que dans le palais de l'évêque, qui fréquentait les quartiers pauvres de la banlieue comme un bon père désireux d'apporter aux plus malheureux la caresse du Nazaréen.
Tout cela pouvait être une formidable bouffée d'air frais pour le Vatican et pour l'Eglise tout entière.
J'ai soutenu le Pape François pendant des mois, comme j'ai pu, comme journaliste, dans la presse. Il me semblait un apôtre du confessionnal, dévot de la Sainte Vierge. Je l'ai défendu contre les critiques hâtives de certains traditionalistes et je continue encore aujourd'hui à trouver absurde les polémiques de ceux qui utilisent comme prétexte les déclarations du pape François pour attaquer en réalité le Concile Vatican II, Joseph Ratzinger et Jean-Paul II (... ) qui n'ont aucune responsabilité dans les choix de Bergoglio. De ce point de vue, je suis bien content d'être parmi ceux que Roberto De Mattei considère comme «les plus farouches défenseurs du Concile Vatican II».
Je suis en effet convaincu, avec Benoît XVI (et avec Jean-Paul II et Paul VI), que le Concile est un événement très précieux. Mais le vrai Concile, celui qui est dans les documents et fait partie du Magistère de l'Eglise. Bien autre chose (et même à l'opposé) que celui «virtuel» construit par les médias, celui qui par exemple est théorisé par l'historiographie progressiste. (...) Soutenir aujourd'hui que les déclarations de Bergoglio à Scalfari (pour donner un exemple) sont en fin de compte en continuité avec Benoît XVI, Jean-Paul II et Paul VI, autrement dit que Bergoglio «incarne l'essence de Vatican II» (De Mattei), est absurde. (...).

Malheureusement, aujourd'hui, je suis l'un des très nombreux déçus (un sentiment qui se répand de plus en plus chez les catholiques, même s'il n'est pas raconté dans les journaux). (...).
Plusieurs cardinaux avaient voté pour Bergoglio avec l'espoir qu'il continuerait le travail de renouveau et de purification entrepris par Benoît XVI, qu'il ferait irruption dans la Curie du Vatican et (métaphoriquement) la retournarait comme une chaussette, presque avec le feu de Jean-Baptiste. Au lieu de cela, nous devons admettre avec amertume que peu ou rien n'a été fait (seulement quelques destitutions, et dans certains cas injustes).

C'est bien d'aller vivre dans la résidence de «Santa Marta», cela peut même être un signal positif, même s'il ne s'agit pas précisément d'une pauvre cellule monastique. Moi, dans un de mes livres, j'avais même rêvé d'un pape qui irait vivre dans une paroisse d'une bourgade. En tout cas, j'apprécie le message.

Mais ensuite, le problème est le gouvernement de cette chose complexe qu'est le Vatican et - par exemple - de l'IOR, que certains avaient même proposé de fermer, son utilité pour l'Église n'étant pas claire, mais que Bergoglio n'a pas fermé du tout. Au contraire, les observateurs les mieux informés disent que Bergoglio a multiplié les commissions, les bureaucraties et les dépenses. (...)
On s'attendait à une vague de rigueur morale contre la «saleté» (y compris ecclésiastique) dénoncée et combattue par le grand Joseph Ratzinger.
Mais comment devons-nous interpréter le signal donné au monde de laxisme et de capitulation face aux nouvelles mœurs sexuelles de la société et à l'effondrement des principes moraux et de la famille?
Comment interpréter le refus du pape Bergoglio de s'opposer aux questions éthiques, comme l'ont fait héroïquement ses prédécesseurs, ou même simplement de les «juger», c'est-à contrer culturellement cette révolution des relations affectives qui détruit tout lien sérieux et a laissé les gens plus seuls et plus malheureux, esclaves de l'instinct?
Saint Paul affirmait: «L'homme spirituel juge toutes choses» (1 Cor 2:15) et non «qui suis-je pour juger?».
Et pourquoi ne pas s'opposer à cette culture de mort qui ne reconnaît plus aucune sacralité chez les êtres humains ou à cette vague d'anti-humanisme et d'anti-christianisme qui, sous différentes bannières, imprègne désormais le monde? (...).

Il fallait confondre ceux qui, dans l'Église, jettent aux orties la juste doctrine catholique et qui - y compris depuis de puissantes Chaires - démolissent le cœur de la foi; à la place, nous avons vu «bastonner» les bons catholiques, les catholiques orthodoxes qui vivaient vraiment la pauvreté, la chasteté, la prière et la charité. Et même, le pape Bergoglio s'en prend à ceux qui utilisent «une langue totalement orthodoxe» car ainsi, ils ne correspondraient pas à l'Evangile (Gaudium Evangelii n. 41). Chose jamais vue, jamais entendue dans toute l'histoire de l'Eglise.

Sans parler des occasions où le même Bergoglio s'aventure dans des affirmations déconcertantes comme «si l'on ne pèche on n'est pas homme», une thèse surprenante qui ne réalise même pas qu'elle nie de fait l'humanité de Jésus et de Marie, lesquels furent exempts du péché, et sont pour cette raison le modèle idéal suprême de l'homme et de la femme.
Ou quand il attribue faussement à saint Paul la phrase «Je me vante de mes péchés» (Homélie à Santa Marta le 4 Septembre 2014), une énormité sur laquelle le site www.news.va a même cru devoir faire le titre «Pourquoi se vanter de ses péchés». Évidemment, au Vatican, et en particulier à Santa Marta, ils ne savent pas ce qu'a dit saint Thomas d'Aquin:«C'est un péché mortel quand on se vante des choses qui offensent la gloire de Dieu».

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A suivre....
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