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La fin d'une époque

N'essayez pas!

... et la capitulation de l'Eglise. Depuis deux décennies, les groupes LGBT font pression pour obtenir le droit de défiler sous leur bannière à la fameuse parade de la Saint-Patrick, à New York. Ils ont enfin obtenu gain de cause. Le récit circonstancié du NYT. (15/9/2014)

>>> Cf. La reddition du cardinal Dolan
>>> Photo ci-contre: Rorate Caeli

     

Le New York Times, qui fut longtemps considéré comme la référence du journalisme américain de qualité et la plus fiable des souces d'information, semble devenir de plus en plus le véhicule du pire "politiquement correct" - et donc le supplétif le plus efficace de l'idéologie mondialiste. Ce qui ne l'empêche d'ailleurs pas (et même lui permet) de rester un leader mondial, puisque les media mainstream lui emboîtent le pas, en s'abritant derrière son prestige passé
The olg grey lady est en effet de moins en moins respectable: on se souvient du rôle détestable joué contre Benoît XVI en 2010, alors que redoublaient les révélations les cas de pédophilie dans le clergé, et de l'amateurisme des accusations pourtant relayées avec autorité par ses "grandes plumes" (on trouvera tous les détails dans mon site ici, et en particulier dans cet article). Sans oublier que l'affaire-Ratisbonne avait très probablement été concoctée lors des conférences de rédaction du "prestigieux" quotidien new-yorkais.

Evidemment, le NYT, tout en faisant montre d'une neutralité de bon aloi destinée à endormir la méfiance des lecteurs, a pris fait et cause pour les gays, dans l'affaire de la marche de Saint Patrick: l'ultime épisode, l'autorisation donnée à au moins un groupe militant de défiler sous sa bannière lors de l'édition 2015, n'est en fait que l'aboutissement d'un long processus de sape commencée en 1993, dont l'article ci-dessous retrace les étapes agitées.

Ce n'est probablement pas un hasard, si le cardinal Dolan a été choisi comme Grand Marshall. Sauf à être aveugle, la nommination a évidemment une grande portée symbolique: rien moins que la "bénédiction" de l'Eglise - l'Eglise de François, comme le souligne l'article.
Certains veulent voir dans le nihil obstat du cardinal Dolan un acte de miséricorde. D'autres sans doute l'expression d'un sain réalisme face au cours inexorable des choses.
D'autres encore, peut-être plus lucides, la fin d'une époque, dont la photo du haut de page, publiée sur le site Rorate Caeli, montrant le cardinal O'Connor refermant le portail de St Patrick, est l'illustration idéale.

Une petite remarque, pour conclure: les rédacteurs de l'article (ils s'y sont mis à quatre!) n'ont pas manqué de citer le fameux "qui suis-je pour juger", de façon totalement erronée et farfelue. Peu importe! Leur ignorance arrogante ne fait que confirmer l'effet dévastateur de cette phrase-choc.

     

DES GROUPES GAYS EN MARS À LA PARADE DE LA SAINT-PATRICK; UN INTERDIT TOMBE.
http://www.nytimes.com
Mercredi 3 septembre 2014
(ma traduction)
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Les organisateurs de la parade de Saint-Patrick de New York ont déclaré aujourd'hui mercredi qu'ils levaient l'interdiction faite aux groupes ouvertement gays de défiler sous leur propre bannière, mettant un terme à près de deux décennies de protestations et d'âpres polémiques qui faisaient d'une célébration annuelle un débat national sur les droits des homosexuels.
La décision est le reflet frappant de l'évolution des droits des homosexuels dans la ville et dans la société américaine, et mesure l'évolution des mentalités dans la hiérarchie de l'Eglise catholique romaine.
Chaque année, la parade débute par une messe à la cathédrale Saint-Patrick, la plus importante église catholique du pays, et la politique d'interdiction de la Marche aux groupes gays a longtemps été considérée par les défenseurs des droits des homosexuels comme le reflet de l'hostilité de l'Église.
Ces derniers mois, les responsables catholiques ont essayé de mettre l'accent sur l'accueil par l'Église des gays et des lesbiennes en tant qu'individus, tout en défendant l'opposition de l'Église au mariage entre personnes de même sexe. Ce changement rhétorique a été adopté par le cardinal Timothy M. Dolan, qui fera office de Grand Marshal de la parade l'année prochaine.
«Je n'ai aucun problème avec la décision», a dit le cardinal Dolan lors d'une conférence de presse, en annonçant sa nomination comme Grand Marshal. «Je pense que la décision est sage».

Le recul des organisateurs de la parade vient après des années de surenchère politique, de pressions d'entreprises, et après que de nombreux États aient légalisé le mariage homosexuel. Peu après avoir pris ses fonctions en Janvier (2014), le maire démocrate Bill de Blasio, a déclaré qu'il ne défilerait pas tant que les groupes gays seraient interdits. Et de même que le géant de la bière, Guinness, a retiré son soutien financier, d'autres entreprises ont menacé de retirer aussi le leur.
Les pressions en faveur d'un changement ont continué à monter tandis que commençait la préparation du défilé de l'an prochain, selon plusieurs personnes impliquées dans les négociations.
Les organisateurs ont en particulier dû faire face aux pressions des employés de NBCUniversal - la chaîne de télévision qui retransmet les festivités et dont le contrat expire en 2015 - pour montrer que le défilé était 'inclusif'. Le premier groupe qui défilera l'an prochain sous une bannière gay sera OUT @ NBCUniversal - un groupe d'employés gays, bisexuels, lesbiennes et transgenres.
Ce mercredi matin (3 septembre), les organisateurs ont déclaré que les employés de NBC seraient le seul groupe gay autorisé à défiler dans la parade 2015 et que les autres groupes devraient postuler pour 2016. Mais mercredi soir, John L. Lahey, vice-président de la parade, a déclaré que d'autres groupes homosexuels pouvaient encore postuler pour la parade de l'année prochaine, mais il a averti que la place était déjà restreinte.

Avant même que la Déclaration d'Indépendance ait été signée et la Constitution rédigée, les Irlandais se rassemblaient dans les rues de New York pour honorer Saint Patrick, le missionnaire du Ve siècle qui est le saint patron de l'Irlande et de l'archidiocèse de New York.
Tandis que la population irlandaise de la ville croissait, la parade grandissait avec elle. Dans les années 1990, chaque année, en mars, des dizaines de milliers de marcheurs et de spectateurs convergeaient vers la Cinquième Avenue, transformée en une mer verte ondulant au son plaintif de la cornemuse.
Mais il y a deux décennies, alors que le mouvement des droits des homosexuels, poussé par la crise du sida, faisait pression pour plus d'égalité et d'acceptation, des divisions culturelles ont déchiré la ville.
En décembre 1989, des milliers de personnes ont manifesté devant la cathédrale Saint-Patrick contre les déclarations du cardinal John J. O'Connor sur l'avortement, l'homosexualité et le sida.
En 1990, la New York’s Irish Lesbian and Gay Organization a lancé une pétition pour défiler mais a été déboutée.
L'année suivante, le maire démocrate David N. Dinkins a cru trouver un compromis en faisant défiler un groupe avec une délégation existante. Mais des spectateurs ont bombardé les manifestants homosexuels d'insultes et leur ont lancé des canettes de bière, dont deux ont manqué de peu le maire. «Je savais que cela soulèverait des passions, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait des lâches dans la foule», déclarait-il à l'époque. En 1992 et 1993, il a boycotté le défilé.
Mais les organisateurs avaient la bénédiction ferme de l'Église catholique et le soutien des tribunaux . Le cardinal John J. O'Connor, saisissant l'esprit de cette époque, déclarait que «le politiquement correct» ne valait pas «une virgule dans le Credo des Apôtres».
Les batailles judiciaires faisant rage, le comité de la Marche s'est trouvé submergé par les frais juridiques et a presque fait faillite, une expérience dont un membre du comité a dit qu'elle avait seulement servi à durcir les sentiments.
D'autres villes qui organisent des défilés de la Saint-Patrick, notamment Boston, ont dû également affronter la question des personnes autorisées à participer. En 1995, la Cour suprême a statué à l'unanimité en faveur des organisateurs de la Marche de Boston qui interdisaient aux groupes gay de défiler.
Au cours des dernières années, les tensions se sont beaucoup apaisées. Mais alors même que les homosexuels gagnaient une plus large acceptation culturelle, la parade a refusé de changer.
Christine C. Quinn, ex-présidente du Conseil de la ville, une lesbienne qui a longtemps lutté pour faire changer la politique, a dit que l'interdiction avait été un affront personnel: «Voir la parade me pointer du doigt, et dire à moi et à d'autres "Vous n'êtes pas aussi bons que ces autres Irlandais", été très, très douloureux - a-t-elle déclaré - mais à présent, cela va finir».

Pendant des années, les organisateurs ont dit que l'interdiction visait à éviter de politiser la parade. Mais mercredi, ils reconnu qu'elle avait eu l'effet inverse. «Les organisateurs ont oeuvré avec diligence pour maintenir la politique - quelle qu'elle soit - en dehors de la parade afin de la préserver comme un événement culturel unique et unifié», ont déclaré les organisateurs dans leur communiqué. «Paradoxalement, cela a fini par politiser la parade».
Bill O'Reilly, un porte-parole des organisateurs, a déclaré que le défilé «restait fidèle aux enseignements de l'Eglise».

Le changement de politique intervient à un moment où le ton du Vatican est également en train de changer. L'été dernier, le pape François a signalé un changement dans la façon dont les dirigeants catholiques parlent de l'homosexualité quand il a été interrogé sur ses opinions sur les droits des homosexuels (???). Il a répondu: «Si quelqu'un est homosexuel et cherche le Seigneur et a de la bonne volonté, qui suis-je pour juger?».
Pourtant, certains condamnent encore la décision de lever l'interdiction, et l'approbation de l'archevêque de New York, le cardinal Dolan. «C'est une capitulation honteuse et coupable des organisateurs de la parade et du cardinal Dolan» a écrit Pat Archbold dans une tribune publié par le National Catholic Register. «Si un défilé qui est destiné à honorer un grand saint est utilisée pour promouvoir l'agenda de péché, mieux vaudrait l'annuler plutôt que de lui permettre d'être utilisé de cette façon».
Mais d'autres défenseurs de l'interdiction semblent prêts à accepter le changement. William Donohue, président de la Catholic League, a déclaré que du moment que tous les groupes étaient admis à marcher sous une bannière, et que les règles étaient les mêmes pour tout le monde, «il ne devrait pas y avoir de polémique».
De Blasio a salué le changement avec prudence. Cette année, il a refusé de marcher, devenant ainsi le premier maire depuis 20 ans à boycotter la parade. Lorsqu'on lui a demandé mercredi si la décision de lever l'interdiction signifiait qu'il participerait [en 2015], il a dit qu'il avait besoin de plus de détails: «C'est un pas en avant, mais j'ai besoin d'en savoir plus avant que je puisse vous dire comment nous allons gérer quelque chose dans six mois».
Sarah Kate Ellis, la président du groupe des droits des homosexuels GLAAD, a déclaré que deux décennies de pression constante ont forcé le changement. «Il est temps» a-t-elle dit. «La discrimination n'a pas sa place dans les rues d'Amérique, et surtout pas sur la Cinquième Avenue».
Irish Queers, un des principaux groupes de défense des Américains gays et lesbiennes d'origine irlandaise, a dit que la levée de l'interdiction était une bonne première étape, mais qu'il espérait qu'une participation plus large serait autorisé. «Nous saluons le fait que ce vernis de haine craquèle, mais jusqu'ici, les groupes LGBT irlandais n'ont toujours pas le droit de marcher dans les parades de notre communauté», a déclaré le groupe dans un communiqué. «Le combat continue».

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NDT:
L'article a suscité à ce jour 265 commentaires. Le premier dit: “Je ne pense pas que cette décision aurait été prise sans le leadership du pape François, qui met fin aux guerres culturelles de l'Église.”

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