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Le bon évêque

Portrait-robot par le don Camillo espagnol, "notre" curé madrilène, le Père Jorge González Guadalix. Traduction de Carlota (8/9/2014)

>>> Du même auteur, récemment:
¤ Irak: Basta buonisme!!
¤ Marre de l'option pour les pauvres

     

Des nominations d’évêques dans des diocèses ou archidiocèses d’importance viennent d’avoir lieu en Espagne. Le Père Jorge González Guadalix, curé d’une paroisse madrilène et blogueur, profite de l’occasion pour revenir ce que ce que doivent être, les évêques, tous les évêques, des petits ou des grands diocèses, ceux qui sont sous les feux de la rampe médiatiques ou dont on ne parle jamais. Nous partageons tout à fait son approche sans langue de buis !

Original ici: infocatolica.com/blog/cura.php/1408261107-un-obispo-ha-de-ser-mucho-mas

UN ÉVÊQUE DOIT ETRE BEAUCOUP PLUS QUE CELA
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Les critères avec lesquels un bon nombre de catholiques valorisent un pasteur ne cessent de surprendre.
Nous le voyons depuis que François a commencé son pontificat, nous l’avons observé de nouveau dès que le nom de Mgr Carlos Osoro est sorti comme nouvel archevêque de Madrid (en remplacement de Mgr Rouco), et aujourd’hui nous en avons une nouvelle version avec le décès de Mgr Ramón Echarren (*).

Comme on peut le comprendre, à votre serviteur (donc le rédacteur de l’article, le Père J. G.G), cela paraît fantastique qu’un évêque soit travailleur, simple, affable, près des pauvres, sympathique et humble. Mais ce sont des qualités qui me paraissent excellentes pour un évêque, un maire, un président du gouvernement, un instituteur, un père de famille, un directeur de banque et un régisseur de propriété. Naturellement je préfère un évêque qui soit ainsi plutôt qu’un évêque paresseux, orgueilleux, âpre dans les relations avec les autres, aimant la bonne chair, despotique et hautain comme un paon.
Mais cela ne suffit pas et de loin
.

Un évêque n’est pas un bon évêque simplement parce qu’il est sympathique, simple et affectueux, des qualités, qui sont, j’insiste, fantastiques non pas pour un pasteur, mais pour tout être humain. Il faut lui demander plus.

Il faut exiger de lui qu’il enseigne la doctrine avec fidélité, sans s’accorder le moindre repos, qu’il se préoccupe de la formation de ses fidèles, en commençant pas ceux qui ont plus spécialement la mission d’enseigner : les prêtres, les catéchistes, les agents de la pastorale. Il faut demander à l’évêque un zèle ardent pour la sanctification de ses fidèles : que les sacrements soient célébrés avec assiduité comme le commande l’Église, que les gens prient, qu’il augmente la vie de piété de ses fils et que tous grandissent en grâce et en vie chrétienne.

Finalement que l’évêque soit un pasteur pour tous, qu’il gouverne son Église avec charité et fermeté, qu’il la dote de tout ce qui est nécessaire pour la sainteté des fidèles : des églises, un séminaire, des organisations, des organismes dédiées à la pastorale, et en cela qu’il ait une sensibilité et un dévouement spécial envers les pauvres et ceux qui souffrent.

C’est ce que suppose la triple mission de l’évêque : enseigner, sanctifier et régir. Si en plus de tout cela l’évêque est affectueux, sympathique et charmant, c'est la cerise sur le gâteau!

C’est un bon évêque. Parfait. Dans son diocèse enseigne-t-on la Parole avec fidélité au profit de tous, sans s’arrêter, y-a-t-il des gens vraiment bien formés ? Dans son diocèse les sacrements sont-ils célébrés, le fait-on correctement, le peuple de Dieu prie-t-il, augmente-t-il la vie spirituelle des fidèles ? Dans son diocèse les organismes diocésains de direction et de participation fonctionnent-ils, y a-t-il un bon séminaire, la Caritas (le Secours catholique) oeuvre-t-elle avec force pour sortir à la rencontre des besoins des plus pauvres, s’occupe-t-on des communautés de religieux et de religieuses ?

Bon, enfin… C’est important que l’évêque soit très bon, très simple, proche des pauvres. C’est bien. Mais cela ne suffit pas…

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Note de traduction

(*) Ramón Echarren Ystúriz né à Vitoria (Pays Basque espagnol) en 1929 et décédé le 25 août 2014 à Las Palmas de Gran Canaria (Canaries). Il fut notamment l’évêque auxiliaire du Mgr Vicente Enrique y Taracón, fait cardinal par Paul VI en 1969, pas vraiment conservateur dans les dernières années du franquiste et président de la conférence des évêques espagnol entre 1971 et 1981 et qui oeuvra tout particulièrement durant la période dit de transition entre la mort du général Franco (1975), l’établissement de la Constitution de 1978 et l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981. Ce n’est pas un hasard si, en pleine période zapatériste le cardinal Taracón a fait l’objet d’une mini série à grand budget à la télévision espagnole (2011).

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