Accueil

Le Pape réhabilite un prêtre marxiste

François lève la sanction de Miguel D'Escoto, suspendu 'a divinis' par Jean Paul II pour avoir (entre autre) fait partie du gouvernement du régime sandiniste du Nicaragua (6/8/2014)

>>>
Lire aussi à ce sujet l'article d'Yves Daoudal.

     

De Radio Vatican

Le Pape François a approuvé la révocation de la suspension a divinis du père Miguel d’Escoto.
Ce religieux de la Congrégation de Maryknoll, aujourd’hui âgé de 81 ans, était tombé sous le coup de cette peine canonique dans les années 1980 pour sa participation au gouvernement sandiniste du Nicaragua.
La suspension a divinis s’applique à un membre du clergé n’ayant plus le droit de célébrer la messe et d’administrer les sacrements. Le père d’Escoto avait accepté la sentence et avait cessé toute activité pastorale, tout en demeurant membre de son institut missionnaire.
Très engagé en faveur de la justice sociale, des pauvres et des populations défavorisées (càd partisan de la Théologie de la Libération: ah! qu'en termes galants ces choses-là sont dites...), il avait été l’un des fondateurs, à New York, du Groupe des Douze, composé d’intellectuels et de membres de professions libérales, qui a soutenu le Front Sandiniste de Libération Nationale dans sa lutte pour renverser le dictateur Somoza.
Il a ensuite été pendant plus de dix ans ministre des affaires étrangères du Nicaragua et a joué un rôle de premier plan dans les processus de paix visant à mettre fin à des conflits armés en Amérique centrale. En 2008, il a été élu président de l’assemblée générale des Nations Unies.
Depuis quelques années, il avait abandonné son engagement politique. Il avait adressé une lettre au Saint-Père pour manifester son désir de recommencer à célébrer l’Eucharistie avant de mourir.

     

Un lecteur Philippe R. me signalait hier un article du site américain Accuracy in Media (AIM) dont j'ai traduit une partie:

* * *

Un avocat de la "théologie de la libération" d'inspiration marxiste et lauréat d'un prix Lénine de la paix a repris son ministère de prêtre dans l'Eglise catholique romaine, après une suspension de 29 ans.
Accuracy in Media
------

Miguel D'Escoto, qui a été président de l'Assemblée générale des Nations Unies de Septembre 2008 à Septembre 2009, avait été suspendu de ses fonctions sacerdotales par Jean-Paul II en 1985.
D'Escoto avait rejoint le régime communiste sandiniste du Nicaragua comme ministre des Affaires étrangères, après quoi les Soviétiques reconnurent ses services en lui donnant le prix Lénine de la paix internationale.

Sa réintégration est un autre signe de la "dérive à gauche" du pontificat de François, le chouchou des médias du monde entier, qui a récemment dit «Je peux seulement dire que les communistes nous ont volé notre drapeau» parce que les marxistes affirment qu'ils se soucient des pauvres (interviewe à Franca Giansoldati sur Il Messagero: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/une-nouvelle-interviewe-du-pape).
(...)
Un décret du 1er août annonce sa réintégration complète dans l'Église catholique romaine: «Le Saint-Père a donné son assentiment bienveillant pour que le père Miguel D'Escoto Brockmann soit dispensé de la censure canonique qui lui a été infligée, et le confie au Supérieur Général de l'Institut Maryknoll dans le but de l'accompagner dans le processus de réintégration dans le sacerdoce ministériel».
Mike Virgintino, responsable de la communication de l'Institut Maryknoll, a confirmé à "Accuracy in Media" que la décision signifie que le pape François a personnellement approuvé le retour de D'Escoto à la prêtrise, ajoutant que D'Escoto s'était directement adressé au Vatican.
La décision de ramener D'Escoto en bonne et due forme au sein de l'Église catholique romaine envoie au monde un signal fort sur l'orientation de la papauté, mais elle a reçu jusqu'ici étonnamment peu d'attention des médias .

[Suit une critique virulente des prises de position du "prêtre", notamment sa condamnation du capitalisme, de la politique américaine, et du rôle d'Israël au Moyen-Orient. Ce sont sans doute ces positions politiquement incorrectes qui justifient l'embarras des médias. Ne partageant pas toutes les analyses du site, je préfère m'abstenir de commenter....
Plus intéressant, ce qui suit:
]

D'Escoto est également un partisan du mouvement «vert». En 2009, il a prononcé un discours en tant que président de l'Assemblée générale des Nations Unies, où il a déclaré: «Il y a une prise de conscience croissante que nous sommes tous fils et filles de la Terre et que nous lui appartenons». Il a appelé à une «civilisation planétaire» qui soit «plus respectueuse de la Mère Terre, plus inclusive de toutes les personnes et avec plus de solidarité avec les plus pauvres, qui soit plus spirituelle et remplie de respect pour la splendeur de l'univers, et qui soit plus heureuse».

Le communiqué de presse officiel sur la levée de la suspension mentionne que d'Escoto a servi en tant que fonctionnaire au World Council of Churches (ou COE: Conseil oecuménique des églises). Selon un ex-officier du renseignement roumain, le WCC était un pion du Kremlin infiltré par le KGB.

     

Philippe R. m'envoie à l'instant le résultat de ses investigations ultérieures:

* * *

J’avais déjà constaté que nulle part, on ne trouvait une contrition de la part de ce prêtre, si bien que j’avais du mal à comprendre la décision du pape de le réincorporer pleinement comme prêtre, si ce n’est, dans la perspective la plus optimiste, celle qui plairait aux "aficionados" de François, du sentimentalisme lié au fait qu’il est âgé et qu’avant de mourir, il aurait souhaité être autorisé à nouveau à célébrer la messe.

Mais voilà que je lis sur un site nicaraguayen (www.laprensa.com.ni) ce complément intéressant:

Le prêtre et ex-ministre nicaraguayen Miguel D’Escoto Brockmann a dit aujourd’hui que le leader cubain Fidel Castro est un homme que Dieu a choisi pour transmettre le message du Saint-Esprit en Amérique latine.
-----

Le religieux de 81 ans a déclaré sur la chaîne de télévision Canal 4: «Le Vatican peut rester silencieux face au monde entier. Alors, Dieu fera parler les pierres, et fera en sorte que les pierres transmettent son message. Mais ce n’est pas ce qu’il a fait. Il a choisi le plus grand latino-américain de pratiquement tous les temps: Fidel Castro».
«C’est à travers Fidel Castro que l’Esprit-Saint nous transmet le message. Ce message de Jésus, sur la nécessité de lutter (ndt: avec quels moyens ?) pour établir de manière ferme et irreversible le règne de Dieu sur cette terre, qui est l’alternative à l’empire / impérialisme».

Non seulement on n’y découvre aucune contrition, aucun regret, mais au contraire, il apparaît clairement qu’il n’a rien renié.
On pourra toujours dire (une fois de plus) que François ne savait pas, qu’il a été dupé.
Mais on peut y lire aussi ce message: «J’ouvre toutes grandes les vannes de la miséricorde. Quant à la conversion, ça ne m’intéresse pas. C’est l’extérieur qui compte. L’effet. Le spectaculaire. Les mouvements de l’âme relèvent de la liberté de l’homme. Et puis d’ailleurs, qui suis-je pour juger? »

On aurait pu imaginer que François assortisse sa levée de sanction d’une repentance publique et de l’interdiction de s’exprimer sur le moindre sujet politique.
C’était sans doute trop demander.

* * *

Et donc...

les raisons qui avaient justifié la suspension du prêtre marxiste (qui l'est resté!) demeurent intactes - la seule circonstance qui a changé, c'est l'âge.
On pourra y voir un geste de miséricorde de plus du Pape. Ou, si l'on est plus critique, un désaveu de Jean-Paul II.

Inversons la situation, et imaginons que ce soit un prêtre "traditionaliste", forcément étiqueté à l'extrême-droite, suspendu a divinis pour avoir participé à un gouvernement, disons dans une dictature militaire d'Amérique latine, qui ait été ensuite pardonné par le pape. Et, avec un effort supplémentaire, imaginons que ce pape se soit appelé Benoît XVI: que n'aurait-on entendu de la part des medias!!

  © benoit-et-moi, tous droits réservés