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L'Eglise de François prend forme (suite)

Etude de cas, par Sandro Magister: la nomination du nouvel archevêque de Chicago. Ou comment le pape qui veut plus de collégialité dans le gouvernement de l'Eglise nomme les évêques sans consulter le dicastère vatican idoine. (24/9/2014)

>>> L'Eglise de François prend forme

>>> Ci-contre: Mgr Cupich, nouvel évêque de Chicago.

Cet article de Sandro Magister sur son blog en italien, a été traduit par Anna Maria.
Il montre comment le Pape, bien plus que ses prédécesseurs, met de côté les procédures dans les nominations, façonnant ainsi l'Eglise selon sa propre vision.

     

LE DERNIER SERA LE PREMIER. A CHICAGO, ÇA C'EST PASSÉ COMME ÇA.
La nomination le samedi 20 septembre par le pape Francois du nouvel archevêque de Chicago a été une surprise qui a pris à contre-pied l'épiscopat des Etats-Unis.
Settimo Cielo
21 septembre 2014
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Que ce fut une surprise on le devine à partir du dernier numéro de l'hebdomadaire «Our Sunday Visitor», le plus officiel des périodiques catholiques américains
(dont le président de l'homonyme maison d'édition est le journaliste Greg Erlandson, membre de la commission des média du Vatican qui se réunira la première fois la prochaine semaine),lequel, en donnant la liste de huit possibles successeurs du cardinal Francis E. George, a juste omis l'élu du pape Jorge Mario Bergoglio, à savoir Blase J. Cupich, jusque là évêque de Spokane.
Le fait que la nomination ait pris à contre-pied l'épiscopat américain est également mis en évidence par les résultats des élections des actuels président et vice-président de la conférence épiscopale, qui ont eu lieu il y a moins d'un an, en novembre 2013.
Parmi les dix candidats de ce scrutin il y avait en effet aussi Cupich. Sa candidature était jugée la plus nettement «progressiste», en termes ecclésiastiques, parmi celles présentées.
Or, lors du premier vote, qui a vu l'élection immédiate à la présidence de la conférence du vice-président sortant archevêque de Louisville Joseph E. Kurtz, avec 125 voix sur 238, Cupich n'arriva que septième avec juste 10 voix.
Ont obtenu plus de votes que lui: le cardinal de Houston Daniel N. Di Nardo (25), l'archevêque de Philadelphia Charles J. Chaput (20), les archevêques de Los Angeles José H.Gomez et de Baltimore William E. Lori (15 voix chacun), l'archevêque de New Orleans Gregory M. Aymond (14).
Ensuite, lors des deux scrutins pour la vice-présidence, Cupich fut bien loin d'être élu, arrivant cinquième (sur neuf) au premier scrutin, ainsi qu'au deuxième avec 17 voix sur 235.
Pour la succession à Chicago le pape François n'a donc pas tenu compte des orientations de l'épiscopat des Etats-Unis, contrairement par exemple à ce qui s'est passé en Espagne où il a promu Carlos Osoro Sierra à Madrid, qui en mars dernier, en tant qu'archevêque de Valence avait été élu vice-président de la conférence épiscopale au premier tour avec 46 voix sur 79.
Le pape ne semble non plus avoir tenu compte des indications du cardinal George qui aurait voulu comme son successeur un prêtre de son diocèse. Au contraire de ce qui est arrivé à Sydney, où François a nommé archevêque le 18 septembre le dominicain Anthony Colin Fisher, très apprécié par l'ordinaire sortant, à savoir ce cardinal Pell que le pape a voulu à Rome en tant que «tsar» de l'appareil économique et financier vatican.

Sur un seul point, le pape François a utilisé pour Chicago la même procédure qu'à Madrid et Sydney. Dans les trois cas il a procédé aux nominations sans les faire préalablement examiner par les cardinaux et évêques de la Congrégation pour les Evêques, bien qu'ils y aient tous étés renommés par lui-même l'année dernière avec de significatives entrées et autant de significative épurations (celle du cardinal des Etats-Unis Raymond L. Burke étant la plus éclatante).
Ce n'est pas une nouveauté de ce pontificat que des nominations d'évêques, même importants, ne soient pas examinés collégialement par le dicastère vatican approprié. Avec Benoît XVI la nomination de Venise ne fut pas examinée (tandis que celles de Milan, Malines-Bruxelles, Santiago du Chili et Manille oui).
Avec ce pontificat, cette mise de côté des procédures semble être bien plus fréquente. En effet, ce non sont pas les seules nominations de Chicago, Sydney et Madrid à ne pas être passées par ce crible, mais aussi bien toutes celles (une vingtaine) qui ont concerné l'Argentine.
En Italie, ne sont pas passées par l'examen de la congrégation des évêques les nominations de Locri et Isernia, où ont été promus les vicaires généraux de deux ecclésiastiques dans les bonne grâces du pape, c'est à dire, respectivement, de l'évêque de Cassano all'Jonio et secrétaire général de la CEI Nunzio Galantino, et de l'archevêque de Chieti-Vasto et secrétaire du prochain synode Bruno Forte.

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Samedi 20 septembre, outre la nomination du nouvel archevêque de Chicago, a été annoncée la naissance d'une Commission spéciale d'étude pour la réforme du procès matrimonial canonique dans le but d'en «simplifier la procédure, en la rendant plus souple et en sauvegardant le principe d'indissolubilité du mariage».
Onze membres en font partie. Outre le fait qu'aucune femme n'y ait été appellée, un autre élément curieux, sans précédent semble-t-il, est que, tout en comptant parmi ses membres un cardinal (Francesco Coccopalmerio) et deux évêques (Luis Ladaria et Dimitrios Salachas), la commission est présidée par un «simple» prêtre, Mgr. Pio Vito Pinto, quoique ayant le titre d'«excellence» en tant que doyen de la Rote Romaine.



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