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Machiavel au Vatican

Réflexion d’un prêtre canadien sur la punition (annoncée, mais non confirmée) infligée au cardinal Burke (23/9/2014)

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Le cardinal Burke

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Nous avons déjà croisé à deux reprises dans ces pages le Père Ray Blake, un prêtre (anglais?) qui anime un blog pour sa paroisse de Brighton (marymagdalen.blogspot.ca).
Pour autant que j’ai pu en juger, il est attaché à la belle liturgie, mais il est aussi un un modéré, très respectueux envers le Pape, en tout cas nullement un traditionaliste «bas du front» (selon une caricature répandu chez les bien-pensants).
Cela n’en donne que plus de valeur à cette réflexion sur la « punition » infligée au cerdinal Burke.

     

MOVING BEYOND

Machiavel au Vatican (*)
http://marymagdalen.blogspot.fr/2014/09/moving-beyond.html
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Ainsi, selon les rumeurs, le Cardinal Burke est en passe de devenir le cardinal-Patron de l'Ordre de Malte. Ce n'est guère surprenant si l'on considère son opposition à la nouvelle orthodoxie.
Si quelqu'un s'est présenté comme l'«opposition loyale», c'est bien Burke.
Sandro Magister souligne que contrairement à de nombreux autres cardinaux de la Curie, il est resté intégre, et c'est aussi ce que j'ai entendu de Rome. Il est un Nathanaël, «un Israélite sans artifice» (cf. Jean, 1:47). D'autres pouvaient intriguer pour des places, comme des princes de la Renaissance, en jouant les jeux machiavéliques qui font autant partie de la scène romaine aujourd'hui qu'il y a cinq cents ou mille ans.

Ratzinger a bien pu nommer ses ennemis à des postes-clés (...), mais les choses sont différentes aujourd'hui, les cadavres désarticulés sont désormais exposés sur les places de la ville. Il n'est pas nécessaire que le Prince dise quoi que ce soit, ou même de connaître sa politique, ce sont les actions qui sont importantes, et le fait d'être de son parti. Ce n'est pas la loi qui compte, mais la façon de l'interpréter. Les signes des temps sont plus importants que les paroles, la nuance que ce qui est réellement dit. Les « manières à l'ancienne » (straightbat) de Burke pouvaient difficilement survivre longtemps dans cet environnement.
Machiavel dont les œuvres sont les livres de chevet de certains clercs, parle d'exemples à faire, d'actes occasionnels de cruauté, de signes de la puissance impitoyable du Prince.

Ce qui semble en train d'être dit, c'est que l'ère du dogme et de la doctrine est morte, tout est pastoral, les groupes de discussion remplacent les croyances, on se préoccupe davantage de la façon dont on est perçu par l'opinion publique que d'enseignement.
Des théologiens contemporains - Küng ou Martini en sont des exemples évidents - ont comme ces religieux américains "dépassé" (ndt: moved beyond, qui donne le titre de l’article) Jésus, l'Eglise, les formules archaïques, les documents archaïques, les déclarations ou les exemples de morts. Ce qui nous préoccupe désormais, c'est l'«expérience vécue». Dans la Nouvelle Pentecôte, l'âge de l'Esprit, qui a remplacé l'âge du Verbe incarné articulé, c'est l'expérience des femmes et des hommes. L'Esprit qui souffle où il veut est tout ce qui compte. Les "tradis" pouvaient comprendre «l'esprit de Vatican II» comme sauvage et irrationnel, «fais ce que tu veux», mais c'est bien autre chose. Il s'agit de syncrétisme, de dialogue, de modération, de compromis, d'ambiguïté, de reconnaissance de l'ignorance, de la préférence pour la via negativa, du rejet de la via positiva. Le Christ et les apôtres pouvaient être sans ambiguïté sur le jugement, le ciel et l'enfer, sur le fait qu'Il est le seul Chemin, la Vérité et la Vie, sur la nécessité du baptême et de l'Eucharistie, sur des réalités objectives, mais en fait, «nous avons dépassé» tout cela. Ce n'est plus la position par défaut de l'Église catholique.
Dans ce sens, Burke et je suppose Ratzinger sont les voix importunes du passé, il apparaît de plus qu'il n'y a pas de place pour eux parmi les fidèles.
Comme le vieux pape dans l'isolement, ils attendent leur disparition!

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(*) Le titre est de Teresa, sur son site.



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