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«Relax, God’s still in charge»

... mais certains évêques américains sont perplexes. Article de Matteo Matzuzzi (1/11/2014)

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Ci-contre: Charles Chaput, archevêque de Philadelphie.

Fin de la lune de miel?

Matteo Matzuzzi a "épluché" les bulletins de deux diocèses, tenus par des prélats il est vrai classés comme conservateurs.

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John Allen, cité dans cet article [(2)], parle de "phase 2" du Pontificat de François, et de "fin de la lune de miel".

En réalité, cela fait longtemps que les "normalistes" attendaient la fin de la fameuse lune de miel.
Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'elle ne se passe pas du tout dans le sens qu'ils avaient espéré, qui devait conforter leur théorie de continuité.
Ils croyaient que la lune de miel avec les médias prendrait fin quand le pape dirait enfin ce qu'il faudrait bien qu'il dise un jour ou l'autre comme pasteur universel de l'Eglise catholique. Or, force est de constater que cette lune de miel-là persiste. Mais le malaise de nombreux fidèles, pas seulement traditionalistes, grandit, au grand dam de ceux que les italiens qualifient d'une expression imagée très éloquente: "arrampicatori sugli specchi" (ceux qui s'accrochent aux miroirs)

     

LES CATHOLIQUES AMÉRICAINS RASSURÉS: «RELAX, GOD’S STILL IN CHARGE»
Chaput, qui organise le Family Day, est perplexe. Tobin plus que perplexe
par Matteo Matzuzzi
31 Octobre 2014
http://www.ilfoglio.it
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Il y a un an exactement, l'archevêque de Philadelphie, l'amérindien Charles Chaput, publiait sur le site de son diocèse un message dans lequel il rappelait que «le droit à la vie n'est pas simplement une priorité. C'est la question fondamentale sur laquelle repose l'ensemble de l'architecture de la bataille pour la défense de la vie». C'est pourquoi il faut marcher dans la rue et lutter publiquement contre «les attaques directes contre la vie humaine innocente, qui touche les fondations de la maison de Dieu».
Des mots qui ne passèrent pas inaperçus dans un pays où pendant des décennies l'Église a prêché la lutte pour la défense des valeurs non négociables, une expression que quelques mois plus tard, dans une interview au Corriere della Sera, le Pape a dit qu'il ne comprenait pas - «la valeurs sont des valeurs, et c'est tout, je ne comprends pas dans quel sens il peut y avoir des valeurs non négociables».
Un an plus tard, Mgr Chaput s'en prend à la confusion qui s'est créée pendant et après le Synode extraordinaire sur la famille qui a pris fin avec la béatification de Paul VI.
Non pas tant aux Pères, qui se sont chamaillés sur l'hostie à donner aux divorcés et sur l'ouverture aux couples homosexuels, thèmes mis noir sur blanc dans le rapport intermédiaire de Bruno Forte, ensuite rejetés par l'Assemblée, qu'aux médias qui ont donné une image déformée du Synode, comme s'il y avait «la main du diable», dont le travail est justement de semer la confusion - «le père de menteurs», comme l'a appelé Bergoglio hier matin dans l'homélie de Santa Marta.
Il n'en avait pas après le pape, a expliqué l'archevêque, après que l'influent mensuel conservateur First Things [(1)] ait publié un article dans lequel François lui-même apparaît comme l'objet de critiques de Chaput, qui soit dit en passant est l'organisateur la Rencontre Mondiale des Familles, qui se tiendra à Philadelphie en Septembre 2015, un prélude au grande Synode ordinaire du mois suivant.

Le fait est que «la lune de miel est terminée», explique le vaticaniste John Allen dans le Boston Globe [(2)]. Il semble de plus en plus clair - écrit-il - que «nous entrons dans la phase 2 du règne de François», où il reste bien peu des bons sentiments initiaux, et où malgré le décompte des secondes d'applaudissements accordés par l'Assemblée [synodale] à tel ou tel rapport, la scission entre les pères a filtré à l'extérieur. Et cela se fait particulièrement sentir dans une Église, comme celle des États-Unis, qui depuis les années quatre-vingt a fait de la lutte pour la défense de ces valeurs aujourd'hui en discussion une des pierres angulaires de son agenda et de son action pastorale.

«Le Synode? Une affaire de protestants»
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Si Chaput a expliqué ses affirmations, l'évêque de Providence (Rhode Island), Mgr Thomas J. Tobin [(3)], insiste, contrarié: le Pape ne lui plaît pas, à cause de la façon dont le Synode a été géré. Toujours au milieu du bulletin diocésain [(4)], le prélat a observé qu'«en tentant de répondre aux besoins de l'époque, comme François le suggère, l'Église court le danger de perdre sa voix prophétique, courageuse et contre-culturelle. Une voix que le monde a besoin d'entendre». Et même, affirme Mgr Tobin, «l'idée d'avoir un organe représentatif de l'Église qui vote sur les applications pastorales et les solutions doctrinales, me semble plutôt protestante».
Dans le collimateur, surtout, le texte post disceptationem lu par le cardinal Peter Erdö et écrit en grande partie par Mgr Forte: «Avons-nous compris - s'interroge-t-il - que ce n'est pas une bonne idée de publier les compte-rendus des discussions libres sur les questions sensibles, à plus forte raison quand nous savons que les médias laïques détourneront le débat préliminaire en fonction de leur propre agendas?».
Dieu merci, ajoute-t-il, à l'époque de Vatican II, il n'y avait pas Twitter, sinon qui sait quels dommages il y aurait eu. Au fond, dit-il, «François aime 'fare casino' (mettre le bazar). Mission accomplie». Un peu plus de calme ne gâcherait rien, écrit-il à la fin du message: «Relax, God’s still in charge» (Détendez-vous, Dieu est toujours en fonction).
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Notes de traduction (liens)

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