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Rififi au Synode

Au lendemain de la publication du fameux "rapport-Erdö", le compte-rendu de Rosso Porpora, et quelques petites réflexions. (15/10/2014)

Au lendemain de la publication du rapport intermédiaire, on note un peu partout dans les compte-rendus les plus sérieux (j'exclus évidemment les gros médias qui poursuivent leur propre agenda et martèlent leur propagande habituelle sur les droits des homosexuels et les "ouvertures" du Pape - ce matin, même Cohn-Bendit s'y est mis, se joignant au choeur des FOF) des interrogations sur le déroulement du Synode.

Avec un tout petit peu de mauvaise foi (c'est mon cas) et vu de l'extérieur, on peut avoir l'impression qu'on a assisté à une sorte de tentative de coup d'état, qui avait été préparé avant (cf. Comment manoeuvrer le Synode ), s'était consolidé pendant (cf. Synode à mi-parcours... et les petits billets du Pape), et a échoué - pour l'instant - grâce à la révolte de la majorité des Pères - qu'il conviendrait dans ce cas de saluer.
A ce sujet le site Rorate Caeli, dans un article publié hier, parle de Synode téléguidé:

Un document de 6000 mots disponible en version originale italienne, et d'excellentes traductions en anglais, français, allemand, espagnol, immédiatement, tôt le lundi matin, "résumant" les vues de la première semaine du Synode qui a pris fin vendredi soir, avec en plus des détails publiés le samedi matin? Ainsi, en un jour, le dimanche (ou en 2 jours, si l'on inclut le samedi...), le rapporteur et ses secrétaires ont recueilli les avis de tous les Pères, identifié et séparé les parties qui avaient le plus large soutien et donc représentaient une opinion vraiment synodal, écrit, et traduit ce rapport de 6000 mots? Le Vatican serait-il soudainement devenu la bureaucratie la plus efficace dans l'histoire de l'univers?
Ou était-ce tout simplement préparé et traduit l'avance, afin de créer des «faits sur le terrain» (qui ne pourraient pas être inversés et créeraient ainsi une pression sur les Pères synodaux au cours de cette deuxième semaine)?

Voici dans la traduction d'Anna le compte-rendu de Giuseppe Rusconi, "vieux" (pas par l'âge!) routier des choses vaticanes, et qui a ssisté à la conférence de presse de lundi.
Son objectivité ne peut être mise en cause.

     

DE PETITS CAILLOUX DANS LES ROUAGES DE LA JOYEUSE MACHINE
http://www.rossoporpora.org/
Mardi 14 octobre
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Après la ‘Relatio post-disceptationem’ , on a enregistré 41 interventions, dont beaucoup très ctitiques envers des points spécifiques du document. En conférence de presse, le rapporteur général, le cardinal Peter Erdö, admet l'émergence de critiques, dément, au moins en partie, la paternité de la 'Relatio' et demande à l'archevêque Bruno Forte de répondre à une question sur les cohabitations homosexuelles, puisque c'est lui qui avait rédigé le paragraphe .

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Il est possible qu'hier au Vatican nous ayons assisté et participé à une conférence de presse imaginaire. En effet, de ce qui avait émergé de significatif du climat synodal, nous n'avons trouvé jusqu'à présent qu'un faible écho dans les comptes-rendus des principales agences et journaux. Qui s'occupent en grande partie des contenus innovants de la Relatio post disceptationem, et mettent en évidence le fait qu'elle est l'oeuvre du cardinal Peter Erdö, rapporteur général du Synode (connu à juste titre en tant que juriste expert, modéré et sage). En réalité cette affirmation est très discutable, au vu de ceux qui on suivi le briefing avec les yeux et les oreilles bien ouverts. Pourquoi disons-nous cela?
Hier matin (ndt: donc lundi), dans la salle synodale, le cardinal Erdö a lu la Relatio post disceptationem, contenant notamment des ouvertures de taille, tant au sujet de l'accès à la communion pour les divorcés remariés que de l'accueil des personnes homosexuelles, ce qui implique logiquement une attention "miséricordieuse" envers les "unions homosexuelles" (contenant elles aussi, comme il a été affirmé plusieurs fois en ce Synode, des "éléments de sanctification").
Presque deux heures d'interventions libres on suivi la relation, pendant lesquelles se sont exprimés d'abord les pères synodaux favorables aux contenus les plus délicats de la relation. Mais ensuite, très critique de la Relatio, a suivi le tir de barrage de nombreux pères (pas seulement d'Europe centrale et orientale, mais aussi occidentale… et de renom) avec des jugements sévères, des observations cinglantes. "Une véritable bombe" a remarqué quelqu'un dans la salle, qui écoutait les interventions. Et un autre: "Un climat de bataille, rien à faire avec un 'volemose bene' (aimons-nous bien)".

ERDÖ: LA SOI-DISANT RELATION PAR MOI REDIGEE
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Répondant à notre question au sujet du déroulement du libre débat, le cardinal Erdö a commencé par relever très honnêtement que "toujours, pas seulement aujourd'hui, il y a eu des critiques".
Critiques à "mon soi-disant rapport" (Ndr: remarquez ce "soi-disant" qui en dit long), qui est en réalité un "rapport commun" (avec le cardinal Baldisseri et l'archevêque Forte, supposons-nous). Il y a eu d'autres points de vue - selon Erdö, des remarques concernant la clarté du texte, "qui ne doit pas engendrer de la confusion, des questions d'approfondissement sur tel aspect ou tel autre". Le président du conseil des conférences épiscopales européennes (Erdö) a remarqué sur ce point: "J'espère vraiment que le texte sera beaucoup amélioré les prochains jours".
On en déduit qu'ainsi rédigé il ne satisfait son rédacteur officiel…
Un exemple de langage fumeux au §51 (première partie) "La question homosexuelle nous interpelle dans une sérieuse réflexion sur la façon d'élaborer des parcours réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle".
Celui qui y comprend quelque chose est fort: il se peut également que le la langage soit intentionnellement fumeux à l'instar de celui de certains hommes politiques démocrates-chrétiens italiens dans les année 80.
Et encore: nous savons depuis toujours que les rapporteurs généraux du Synode reçoivent des textes déjà prêts à être intégrés, mais susceptibles toutefois d'être modifiés par le Secrétariat lui-même. Au cas où le rapporteur ne serait pas d'accord, il doit alors péniblement marchander le texte qui apparaîtra sous son propre nom.



ERDÖ A FORTE: "C'EST TOI QUI L'A REDIGEE, C'EST TOI QUI REPOND!"
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Il n'y a pas que cela. A l'occasion de la dernière question sur la reconnaissance des cohabitations homosexuelles, le rapporteur général a répété que le rapport était en effet rédigé aussi par d'autres (connaissant un peu le cardinal Erdö, nous dirions: sur les sujets sensibles et fondamentaux, SURTOUT par d'autres). En effet, l'archevêque d'Esztergom-Budapest a demandé au secrétaire général adjoint du synode, l'archevêque Bruno Forte, de répondre à la question mentionnée en lui disant: "Ce passage, c'est toi qui l'as rédigé, c'est toi qui répond".
Et ce n'est pas fini. Après la réponse de Mgr Forte ("On ne peut pas exclure la codification des droits pour les couples homosexuels, c'est une question de civilisation"), le cardinal Erdö s'est encore senti obligé d'ajouter, afin d'"intégrer" la réponse: "Le sujet a émergé aussi dans les interventions libres. En effet, dans le rapport, il manque une référence au désordre de telles cohabitations. Et donc l'affirmation mentionnée doit être intégrée avec la référence au désordre du comportement".

Manque de camaraderie de la part du Rapporteur général? C'est ce qu'affirment quelques-uns. Mais le Synode n'est pas une équipe de foot où tout le monde assimile les mêmes schémas pour envoyer le ballon dans les buts adverses. On n'est pas ici dans un match Lazio-Roma. Le Synode est différent, il implique également une grande responsabilité de la part des pères synodaux envers l'Eglise et le monde. Et le sens de la responsabilité ne coïncide pas toujours avec la camaraderie. Mais il est plus important pour le futur de l'humanité.

Comme peuvent le constater ceux qui lisent ces lignes, le parcours de la joyeuse machine synodale rencontre des obstacles pas tout à fait prévus.
Il y a de fortes résistances. Même les tout petits cailloux provoquent des problèmes très agaçants. Comme le recommandait Massimo D'Alema, au balcon du "Bottegone" de la Via delle Botteghe Oscure (Ndt: siège de l'ancien Parti Communiste italien), à trois heures du matin lors des résultats électoraux d'avril 1996, face à une foule déjà jubilante: "Camarades, allez vous reposer, car le comptage des voix n'est pas encore terminé".
Cela vaut aussi pour le Synode sur la famille. Les quilles roulent encore, et le résultat, même s'il est prévisible, n'est pas encore tout à fait escompté. Et donc, au moins pendant quelques jours, que les cuivres replacent dans leurs étuis les trompettes.







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