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Synode: la loi de gradualité

A propos d'un article publié dans La Croix du 8 octobre (9/10/2014)

>>> Image ci-dessous: La Vierge de miséricorde, Enguerrand Quarton 1453. Musée Condée, Chantilly.
Il représente la Vierge étendant son manteau de miséricorde sur les clercs à gauche (pape, cardinaux, archevêques, moines), et sur les laïcs à droite (empereur, roi, reine, bourgeois, paysans)


Monique attire mon attention sur un article publié par La Croix du 8/10/2014, intitulé « La loi de gradualité peut aider à trouver des solutions pastorales ».
Le jésuite Alain Thomasset, professeur de théologie morale au Centre Sèvres à Paris, y explique qu'il s'agit de «la prise en compte des limites humaines: nous sommes des êtres historiques, faibles et habités par le péché! Ce qui signifie que l’on ne peut exiger du chrétien qu’il applique toute la loi morale, entièrement et d’un coup, mais qu’il faut au contraire l’aider à avancer sur un chemin de croissance, dans la durée».
Comme il est important de donner du crédit à la continuité, le jésuite se hâte de préciser que «c’est avec Familiaris consortio, l’exhortation apostolique de Jean-Paul II sur la famille, en 1981, que cette loi de gradualité a été proposée comme itinéraire moral des époux, puis élargie à l’ensemble de la vie morale».
Et il ajoute: «Elle peut aider à déculpabiliser le chrétien qui ne parvient pas toujours, malgré ses efforts, à mettre en œuvre toute l’exigence éthique. Elle peut l’aider aussi pour distinguer l’idéal à atteindre et le bien qu’il arrive sincèrement à faire. C’est une loi de bon sens, car elle donne une assise à une meilleure compréhension pastorale des situations difficiles. Je pense notamment à la question de la contraception ou de l’homosexualité».
Mais il reconnaît qu'elle ne suffit pas à résoudre « les questions de fond posées par ce Synode»:
« Car certes - dit-il - il est nécessaire de changer de langage, de supprimer des formules qui ne sont plus comprises, telles "vivre dans le péché" ou "actes intrinsèquement désordonnés"», mais « la loi de gradualité ne peut s’appliquer vraiment que dans le cadre de l’accompagnement pastoral».

Monique commente:

Je sens que cette loi de gradualité (1) va être le SESAME du synode et qu'on va en user et en abuser. Il n'y aura plus aucune norme puisqu'on peut trouver un peu de bien dans tout (cf. les propos du Supérieur des Jésuites: Le "Pape noir" s'exprime). On va dire, par exemple, que le concubinage ou l'union civile des homosexuels prémunissent contre une vie de débauche et que ce n'est déjà pas si mal etc...

Le problème c'est que la gradualité vue par Jean-Paul II suppose un effort parfois douloureux des personnes pour progresser vers la sainteté.
Je crains bien que la gradualité vue par le synode ou du moins interprétée par les fidèles d'aujourd'hui, ne soit que la stagnation dans une situation médiocre, tranquille et commode (bénie par le Pape François!).

* * *

(1) Je ne sais pas si Benoît XVI n'a pas fait appel à la loi de gradualité dans un passage de Lumière du monde (p. 193, 194) sur la contraception.
Il semble dire que seule une minorité ("des noyaux de personnes") peut arriver à se conformer à l'idéal proposé par Humanae Vitae et que les autres ne pourront qu'essayer de s'en approcher.




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