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Synode: le livre des cinq cardinaux

Les équivoques de la pastorale, et celles de la miséricorde, par le cardinal De Paolis: extraits, et commentaires de Monique. (28/10/2014)

>>> "Demeurer dans la vérité du Christ, Mariage et communion dans l'Eglise catholique", textes rassemblés par Robert Dodaro, éd. Artège, 2014.

Voici des extraits du livre dit des "cinq cardinaux".
Les passages suivants ont pour auteur le Cardinal Velasio De Paolis, C.S. (membre de la Congrégation des missionnaires de Saint Charles)
Les sous-titres sont de lui.
Mes commentaires en bleu.

(Monique T.)

LES ÉQUIVOQUES DE LA PASTORALE.

On oppose souvent la pastorale et la doctrine, morale ou dogmatique.
Cette dernière serait abstraite, loin de la vie concrète ou de la spiritualité, et elle proposerait un idéal de vie chrétienne inaccessible aux fidèles. La pastorale s'opposerait au droit, parce que la loi étant universelle, elle règlerait la vie en général, tandis que la pastorale devrait s'adapter aux cas concrets.
Il s'agit là d'une vision erronée de la pastorale, laquelle est un art, l'art avec lequel l'Eglise s'édifie elle-même comme peuple de Dieu dans la vie quotidienne. C'est un art qui se fonde sur la dogmatique, la morale, la spiritualité et le droit, pour faire agir avec prudence dans les cas concrets. Il n'est pas de pastorale sans accord avec les vérités de l'Eglise et avec sa morale. Une pastorale en opposition avec les vérités crues et vécues par L'Eglise se transforme facilement en arbitraire nocif à la vie chrétienne elle-même.
A propos des lois, on ne peut omettre la distinction entre les lois de Dieu et les lois du législateur humain. Si, dans certains cas, ces dernières peuvent faire l'objet d'une dispense et ne pas obliger, on ne peut en dire autant des lois de Dieu, positives ou naturelles, qui n'admettent pas d'exception. De plus, si les actes prohibés sont intrinsèquement mauvais, ils ne peuvent être légitimés en aucun cas.
Ainsi, un acte sexuel avec une personne qui n'est pas le conjoint n'est jamais admissible et ne peut jamais et sous aucun prétexte être déclaré licite.

Commentaire:
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Le Cardinal De Paolis nous rappelle ce qui est (encore) la doctrine de l'Eglise, doctrine consignée dans le CEC.
La première Relatio du synode ne reflète en rien, c'est le moins qu'on puisse dire, un souci quelconque de suivre cette doctrine. Pour des raisons "pastorales", de nombreux Pères du synode ont fait comme s'ils ne la connaissaient pas, de peur de heurter nos contemporains, presque tous en infraction avec la loi de Dieu. Connaissons-nous un catéchiste, un prêtre, un évêque ayant le courage aujourd'hui de prodiguer cet enseignement?
Non, pour des raisons "pastorales", ils se taisent.

LES ÉQUIVOQUES DE LA MISÉRICORDE.

Jésus est le visage de l'amour de Dieu: il est amour quand il pardonne, guérit, cultive l'amitié, mais aussi quand il fait des reproches, reprend et condamne. La condamnation aussi relève de l'amour. La miséricorde est un aspect de l'amour, surtout l'amour qui pardonne. Dieu pardonne toujours, parce qu'il veut notre salut à tous. Mais Dieu ne peut nous pardonner si nous quittons obstinément la route du salut. En ce cas, l'amour de Dieu se manifeste dans le reproche et dans la correction, qui sont aussi des actes de miséricorde, mais non d'une "miséricorde" mal comprise, qui serait l'impossible légitimation de ce qui est mal, qui porterait à la mort ou la confirmerait.
Souvent la miséricorde est présentée comme opposée à la loi, et même à la loi divine. Cette vision est inacceptable. Le commandement de Dieu est une manifestation de l'amour avec lequel Il nous indique la route à emprunter pour ne pas nous perdre sur le chemin de la vie. Opposer la miséricorde de Dieu à sa loi, c'est créer une contradiction inacceptable.
Souvent et à juste titre, on dit que nous ne sommes pas appelés à condamner les personnes; de fait, le jugement appartient à Dieu. Mais une chose est de condamner et une autre d'évaluer moralement une situation, pour distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, en examinant si elle répond au projet de Dieu sur l'homme.
Cette évaluation est nécessaire. Face aux différentes situations de la vie, comme celle des divorcés remariés, on peut et on doit dire que nous ne devons pas condamner, mais aider; toutefois, nous ne pouvons pas nous borner à ne pas condamner.
Nous sommes appelés à évaluer cette situation à la lumière de la foi et du projet de Dieu et du bien de la famille, des personnes concernées et surtout de la loi de Dieu et de son dessein d'amour. Autrement nous risquons de ne plus savoir apprécier la loi de Dieu et même de la considérer comme un mal. Parfois, on en viendrait presque à dire que, s'il n'y avait pas la loi de l'indissolubilité du mariage, nous nous en porterions mieux. Aberration qui met en lumière les signes de déformation de notre façon de penser et de raisonner.

Commentaire:
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Nous ne devons pas condamner les personnes.
Certes, c'est un principe chrétien, surtout si nous remarquons une paille dans l'oeil de notre prochain alors que nous sommes affublés nous-mêmes d'une poutre! Ce principe évangélique est précieux dans la vie de tous les jours.
Cependant il trouve sa limite dans le domaine pénal.
Les tribunaux condamnent à la fois les actes et les personnes, non pas aveuglément, mais en fonction de leur degré de responsabilité. On envoie les personnes en prison... et non leurs actes. On ne se contente généralement pas d'évaluer leurs actes, tout en les renvoyant chez elles sans aucune sanction. C'est bien la personne qui va payer!
Concernant un prêtre pédophile, il ne viendrait à l'idée de personne de dire: "Qui suis-je pour le juger?"
Le Pape François, comme Benoît XVI, estime qu'un tel homme est passible des tribunaux et c'est bien sa personne (avec son degré de culpabilité) autant que ses actes qui seront jugés.
Il est donc exagéré de dire qu'il ne faut jamais condamner personne.
Mais il faut être habilité à le faire et juger avec prudence.

Le Cardinal De Paolis nous fait comprendre qu'on est bien obligé d'évaluer moralement les situations (comme celle des divorcés remariés) sans quoi aucun discernement entre le bien et le mal n'est possible.
Si tout se vaut, il n'y a plus aucune vie morale possible. Il est indifférent de choisir telle ou telle option. C'est d'ailleurs cette tolérance molle qui régit toute notre société et qui a même contaminé le synode 2014. La première Relatio s'interdit toute évaluation négative de situations que l'Eglise réprouve. Le rôle du synode n'est pas de s'acharner sur les personnes, de les humilier et de les désespérer mais de rappeler la loi divine pour susciter leurs progrès ou leur conversion.

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