Accueil

Texte final du Synode

Le vote des Pères: compte-rendu à chaud d'Andrea Tornielli (18/10/2014)

     

Il sera intéressant de comparer cette version quasi "officielle", en tout cas très complaisante (Tornielli ne semble pas étonné de voir que le pape a décidé de publier TOUS les paragraphes, même ceux qui n'ont pas été validés par le vote des Pères), avec les récits d'autres journalistes présents..
Par ailleurs, le discours du Pape (disponible pour le moment seulement en italien) ne me semble pas objectivement rassembleur lorsqu'il évoque les tensions qui se sont fait jour durant les débats.
Un passage au moins risque de faire beaucoup gloser.
Selon une expression qui lui est chère, et qui est paraît-il très "jésuite" (cf. Le Pape jésuite), il décrit le Synode comme un "chemin ensemble".
Et il précise:
«Etant un chemin d'hommes, avec les moments de consolation, il y a eu aussi des moments de désolation, de tensions, de tentations»; parmi ces tentations, il cite la tentation du buonisme destructif, la tentation de transformer la pierre en pain, la tentation de descendre de la croix, et la tentation de négliger le depositum fidei.
Mais surtout, en tout premier lieu:
- un: la tentation du «raidissement hostile» , c'est-à-dire le désir de s'enfermer dans l'écriture (la lettre) et de ne pas se laisser surprendre par Dieu, par le Dieu des surprises ( l'esprit); dans la loi, dans la certitude de ce que nous savons et non de ce que nous avons encore besoin d'apprendre et d'atteindre. Du temps de Jésus, c'est la tentation des zélants, des scrupuleux, des empressés, des soi-disant - aujourd'hui - «traditionalistes» et aussi des intellectualistes.

On retrouve de façon flagrante un écho des mots qui reviennent sans cesse dans ses homélies matinales, et on a l'impression que les 4 autres tentations ne sont là que pour donner une impression d'équilibre.

     

LE SYNODE APPROUVE LA RELATION, LA QUESTION DES DIVORCÉS RESTE CONTROVERSÉE
Le point du texte qui parlait des positions discutées sur la réadmission aux sacrements a reçu 104 voix pour et 74 contre.
Modifié le texte sur gay, qui a obtenu 118 placet et 62 non placet, malgré qu'il cite le Catéchisme. Donc, sur ces points, il manque le consensus de l'ensemble du Synode, ayant la majorité absolue mais pas la majorité qualifiée

Andrea Tornielli
http://vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/sinodo-famiglia-37008/
-----


Les Pères synodaux ont voté et approuvé cet après-midi le texte de la «relatio Synodi», le document final du Synode extraordinaire sur la famille organisée par François. Une assemblée qui, par volonté du pape a travaillé avec une grande liberté, affrontant vraiment les problèmes, sans parcours pré-établis ou pré-cuits.

Le texte a été mis au vote pour chaque paragraphe: les évêques et les autres membres du Synode se sont exprimés sur chacun des 62 numéros, avec un vote électronique qui prévoyait seulement l'option «placet» ou «non placet».
Pour l'approbation des textes, la majorité des deux tiers de l'Assemblée était nécessaire.
Le paragraphe sur la question la plus controversée, la capacité de changer les règles sur l'admission des divorcés remariés aux sacrements, présentant les deux positions qui s'étaient dégagées, n'a pas obtenu la majorité des deux tiers, s'établissant à 104 en faveur et 74 contre.
Le même sort s'est abattu sur le texte à propos des gays, qui a obtenu 118 placet et 62 non placet.

Le pape a décidé de publier le texte intégral, et de référer aux journalistes également les votes individuels de tous les paragraphe, afin de comprendre la dimension du consensus des points individuels, mettant en évidence le débat.
Le point qui suit a obtenu deux tiers des voix (155 contre 19):

«Même les situations des divorcés remariés exigent un discernement attentif et un accompagnement avec un grand respect, en évitant tout langage ou attitude qui les fassent se sentir discriminés, et en promouvant leur participation à la vie communautaire. Prendre soin d'eux n'est pas pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de son témoignage sur l'indissolubilité du mariage, mais plutôt, s'exprime justement dans ce soin, sa charité».

Voici le paragraphe sur la question la plus débattue sur les sacrements aux divorcés remariés, qui a obtenu 104 oui et 74 non:

«On a réfléchi sur la possibilité que les divorcés remariés aient accès aux sacrements de pénitence et de l'Eucharistie. Un certain nombre de Pères synodaux ont insisté en faveur de la discipline actuelle, conformément au rapport constitutif entre la participation à l'Eucharistie et la communion avec l'Eglise et son enseignement sur le mariage indissoluble. D'autres se sont exprimés pour un accueil non généralisé à la table eucharistique, dans certaines situations particulières et à des conditions bien précises, en particulier lorsqu'il s'agit de cas irréversibles et liés à des obligations morales envers leurs enfants qui devraient subir des souffrances injustes. L'éventuel accès aux sacrements devrait être précédé par un chemin pénitentiel sous la responsabilité de l'évêque diocésain. Il faut encore approfondir la question, en gardant à l'esprit la distinction entre la situation objective de péché, et les circonstances atténuées, étant donné que "l'imputabilité ou la responsabilité d'une action peuvent être diminuées ou même annulées" par divers "facteurs psychologiques ou sociaux" (Catéchisme de l' Eglise catholique, 1735). »

Enfin, voici le nouveau texte concernant les personnes homosexuelles, qui a obtenu la majorité absolue, mais pas les deux tiers:

«Certaines familles vivent l'expérience d'avoir en leur sein des personnes ayant l'orientation homosexuelle. À cet égard, on s'est interrogé sur quelle pastorale est appropriée pour faire face à cette situation en se référant à ce que l'Eglise enseigne: "Il n'y a absolument aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu pour le mariage et la famille". Néanmoins, les hommes et les femmes ayant des tendances homosexuelles doivent être accueillies avec respect et sensibilité. "A leur égard, on évitera toute marque de discrimination injuste" (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) ».

Il convient de noter, pour comprendre combien ce sujet est sensible, qu'un texte qui reprend de fait le Catéchisme de l'Eglise catholique et un texte du Saint-Office, n'a pas obtenu les deux tiers même.

Il y a donc des points controversés qui, n'ayant pas atteint la majorité qualifiée ne peuvent être considérés comme des textes proposés par le Synode. Mais comme il s'agit d'un texte encore de travail, sur lequel devront se confronter les églises locales l'année prochaine, François a voulu publier tout (!!). Et il est significatif qu'il y ait eu une majorité absolue disposée à approfondir et discuter.

  © benoit-et-moi, tous droits réservés