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Un leader de la gauche européenne chez le Pape

Le 19 septembre, François a reçu Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale grecque (27/9/2014)

Je m'étais promis de traduire un article du site anglophone The eponymous Flower (qui se présente comme un "blog catholique royaliste polémique", ceci pour le situer) qui a souvent des informations intéressantes.
L'article relatait la visite au pape François du leader de la gauche radicale grecque, Alexis Tsipras, le 19 septembre dernier, et commençait ainsi:

«Le pape n'est pas un homme de gauche, mais il parle comme un homme de gauche», titrait le quotidien autrichien de centre-gauche Der Standard dans son numéro du 19 Septembre, en pleine page, non pas dans la rubrique religion ou feuilleton, mais politique internationale.
L'occasion est en effet une «première» au Vatican. La gauche radicale d'Europe a été reçue par le Pape. Que les «valeurs non négociables» aient été rétrogradées par le pape François au bas de la liste des priorité du monde, facilite le dialogue. Une rencontre de plus dont tous les protocoles officiels sont exclus».

Ensuite... j'ai renoncé au bout de deux paragraphes à traduire en français: l'article était déjà traduit de l'allemand... et certaines tournures m'étaient malheureusement obscures.
Je résume donc.
En gros, après l'implosion du parti socialiste grec, le PASOK, la gauche radicale (SYRIZA), dont Tsipra, né en 1974, venu du communisme est le leader, a obtenu de bons résultats aux dernières élections générales (27% des voix) devenant la seconde force politique du pays.
Et aux élections européeenes de 2014, Tsipras était le candidat de la «gauche européenne» (rassemblant les partis socialistes, communistes, rouge-verts "et d'autres partis démocratiques de gauche européens", comme dit pudiquement wikipedia) à la présidence de l'UE.

Avant la rencontre, Tsipras, qui se dit lui-même athée, s'est confié au reporter du Standard, avouant qu'il était «crispé».
La rencontre, qualifiée d'historique, a duré 30mn. Le gouvernement grec aurait auparavant exercé des pressions pour qu'elle n'ait pas lieu.
La rencontre s'étant déroulée «selon le caractère informel que le pape François affectionne», il n'y a pas eu de communiqué du Vatican.
Dans la conversation, l'éventail des sujets abordés a été large. Il a été question de «pauvreté, immigration, crise économique, et menace de guerre».
Selon Tsipras (toujours cité par le Standard) «le dialogue entre la gauche et l'Eglise est important. Bien que nous ayons des idéologies(!!) différentes, sous beaucoup d'aspects, nous voulons la même chose» (écho des propos du Pape à Francesco Giansoldati, en juillet dernier: "les communistes nous ont volé notre drapeau"?).
Le Pape a reconnu l'importance d'initiatives pour lutter contre l'injustice. La politique intérieure grecque a également été abordée: «Les riches deviennent plus riches - a dit le Pape. On a sauvé les banques, mais pas le peuple».

Tsipras voit en «Evengelii gaudium» une critique acerbe du capitalisme.
Et l'article conclut:
«Comment évoluera le dialogue entre la gauche et le pape, Tsipras ne le sait pas, mais quelque chose lui a paru clair pendant la recontre: "Le Pape n'est pas de gauche, mais il parle comme un homme de gauche".».
Parole d'expert...

* * *

On objectera évidemment qu'en l'absence de communiqué du Vatican, on ne peut savoir ce qu'a dit le chef de l'Eglise qu'à travers le rapport qu'en fait son visiteur (ils paraissent du reste anodins, mais crédibles)
Ce qui est indéniable, c'est que c'est bien le Pape qui a accepté de recevoir Tsipras. C'est un geste très significatif.

La rencontre a été très faiblement médiatisée par la grosse presse (serait-elle gênante?) mais elle n'a pas échappé à l'extrême-gauche hexagonale comme en témoigne cet article de l'Humanité:

Le leader de Syriza, principale force d’opposition en Grèce, a rencontré jeudi le pape François. 
Les deux hommes ont principalement échangé sur les naufrages de migrants en Méditerranée.

La rencontre est historique. Aucun représentant de la gauche de transformation européenne n’avait été reçu au Vatican depuis longtemps. Alexis Tsipras, le président de Syriza (Gauche radicale), s’est entretenu, jeudi, pendant une vingtaine de minutes avec le pape François.
Les deux hommes ont discuté du réchauffement climatique, des naufrages de migrants en Méditerranée et de la crise économique en Europe. « Il est inconcevable qu’on sauve des banques et non des personnes », a notamment déclaré le dirigeant du Vatican (!!).
(...)
À la fin de son échange avec le pape, Alexis Tsipras a déclaré à la presse qu’« ils étaient d’accord sur la nécessité de poursuivre un dialogue entre la gauche européenne et l’Église catholique », précisant que « nous appartenons à des écoles idéologiques différentes, mais nous devons construire une action commune contre la pauvreté et les inégalités ». Le premier ministre conservateur grec, Antonis Samaras, lui, n’a pas eu droit à une entrevue.
« Le pape est une personnalité écoutée par toute l’opinion publique européenne. Quand un représentant de notre pays le rencontre, c’est comme si toute l’Europe était prête à nous entendre », soutient Panos Skourletis, le porte-parole de Syriza. « C’est une reconnaissance internationale », renchérit Dimosthenis Papadatos-Agnastopoulos, membre du parti et chercheur en sociologie politique, pour qui, « en acceptant cet entretien, le pape est conscient qu’Alexis Tsipras est le leader du premier parti de Grèce et qu’il représente la voix du changement en Europe ».
Si Alexis Tsipras s’est déplacé au Vatican, ce n’est pas que pour acquérir une visibilité.
« Les positions du pape François sur les questions environnementales, migratoires ou sociales en font un pape différent de ses prédécesseurs. La gauche radicale les partage pour beaucoup », explique Aristides Baltas, membre du bureau politique de Syriza. Cette visite est bienvenue, pour Alexis Tsipras, attaqué par l’Église orthodoxe de son pays pour s’être déclaré athée.

(A lire ici en entier ici: www.humanite.fr/rencontre-historique-entre-tsipras-et-le-pape...)

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