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Une biographie argentine "autorisée" de François

Elle lève un coin de voile sur un "blanc" dans l'histoire du pape venu du bout du monde... (1/10/2014)

Evidemment, sa sortie presque simultanée avec l'ouverture du Synode ne doit pas grand chose au hasard.

Andrea Tornielli lui consacrait hier un article sur Vatican Insider, qu'Anna a traduit. Etant donné le rôle qui est désormais le sien auprès du Pape, le soupçon peut effleurer que le livre est aussi une opération de déminage par anticipation: cela a-t-il un lien avec les mises en garde quasi obsessionnelles contre les "commérages"?

J'ai également traduit un article du site The Eponymous Flower qui reprend à peu près les mêmes éléments, mais sur un ton plus critique (le texte original est en allemand, il a été traduit en anglais, ce qui explique les maladresses d'expression). On y apprend des choses très intéressantes, dont certaines sont passées sous silence par Tornielli, notamment concernant le "limogeage" du cardinal Piacenza.
Un autre point qui intrigue, c'est qu'il n'est pas fait allusion au passage du jeune Bergoglio en Allemagne, en 1986, pour une thèse qu'il n'a pas complétée, et dont l'épisode de Cordoba est le prolongement à son retour en Argentine.

The Eponymous Flower, relevant le caractère "obséquieux" du livre, pose une question pertinente: comment se fait-il qu'on puisse à peine distinguer parmi les publications sur le pape celles provenant d'Argentine et celles d'Europe, où presque personne ne connaissait Jorge Mario Bergoglio, jusqu'à la soirée du 13 Mars 2013.

A chacun de se faire son opinion...

Présentation de l'éditeur

http://www.raizdedos.com.ar/index.php/aquel-francisco

«Je suis un pauvre type» dit le Pape François aux auteurs de ce livre.
C'est une phrase essentielle qui résume et interprète la vie d'une personne qui a tout donné à Dieu et aux humbles.
Le projet de Aquel Francisco commence avec l'histoire du passage de Jorge Mario Bergoglio à Córdoba, une province où il a reçu sa formation de novice et où il a été «puni» et a connu sa nuit obscure.
Le livre est une biographie irréprochable et sans équivoque qui nous révèle comme aucune autre l'homme qui est devenu le Souverain Pontife de l'Église catholique.
Javier Cámara et Sebastián Pfaffen ont également visité les bibliothèques et les archives de journaux, réelles et virtuelles, parlé à chacun des protagonistes des moments importants dans la vie du Pape, ils ont eu des conversations profondes et révélatrices avec lui, dans lesquelles le supporter de San Lorenzo (le club de foot) né dans le quartier porteño de Flores a ouvert son âme aux lecteurs.
Aquel Francisco ne laisse aucun côté du Pape sans l'aborder. Sa vocation précoce, la femme qui l'a fait douter, la rigidité de sa formation. Le livre décrit sa dévotion à Ignace de Loyola et à François d'Assise, son immense respect pour le "Cura"Brochero et Mgr Angelelli, la distinction précise qu'il établit entre les «pécheurs» et les «corrompus» et se termine par une chronique minutieuse et bouleversante du conclave qui l'a fait évêque de Rome.
Mais, avant tout, un livre profondément spirituel, qui identifie avec une clarté méridienne (de midi) le message du pape: une Eglise au service de Dieu et des pauvres.
(traduction de moi, à l'aide de Google!)

Andrea Torniell

Bergoglio fut lui aussi victime de «mobbing» (*)
http://vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/francesco-francis-francisco-36663/
Traduction Anna
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Une biographie publiée en Argentine révèle: exilé par ses supérieurs jésuites
Pendant deux ans, de 1992 à 1994, avant d'être nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio fut «exilé» à Cordoba par ses supérieurs jésuites. Il séjournait dans une chambre de 12 mètre carrés et sa seule activité était celle de confesseur. Une biographie, publiée ces jours-ci en Argentine, rassemble de nouveaux témoignages sur ce moment de la vie du futur Pape et parle d'une «campagne de discrédit» à son égard.
En dramatisant quelque peu, les auteurs l'ont appelée «la nuit obscure» de Bergoglio.
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En écrivant Aquel Francisco («Ce François là», Editorial Raìz de Dos), les journalistes Javier Cámara et Sebastian Pfaffen ont pu dialoguer avec le Pape. Ils lui ont envoyé des questions et ont reçu des réponses. Lorsqu'ils ont comparé l'exil de Cordoba à «la nuit obscure», empruntant l'expression que la grande mystique espagnole utilisait pour définir les moments d'obscurité spirituelle, François a minimisé: « "Nuit obscure", je ne l'utiliserais pas pour moi, n'exagérons pas. La nuit obscure c'est pour les saints. Moi, je suis n'importe qui. Celui de Cordoba a été un temps de purification intérieure"».

Le 31 juillet 1973 (donc à 36 ans), Bergoglio avait été élu provincial des jésuites d'Argentine. Dans une interview d'il y a un an avec le directeur de la Civiltà Cattolica, le Pape affirmait: «Au début, dans mon gouvernement comme jésuite il y avait beaucoup de défauts; à cause de ma façon autoritaire et rapide de prendre des décisions j'ai été accusé d'être ultra-conservateur». L' exil de Cordoba arrive quelques années après qu'il ait quitté sa charge au sommet de la Province. Le père Jorge abandonne l'enseignement et sa seule mission devient celle de confesseur et directeur spirituel pour les fidèles qui fréquentent l'église des jésuites dans la ville à 700 kilomètres de Buenos Aires.

Dans le livre on précise que le futur Pape est envoyé là bas «comme punition» par la nouvelle direction de la Compagnie. Les années pendant lesquelles Bergoglio gouvernait les jésuites argentins, le père Victor Zorzín, provincial de l'époque, était numéro deux, c'est à dire vice-provincial. Les auteurs soutiennent qu'il «n'était pas d'accord avec de nombreuses décisions du père Jorge, en matière pastorale et de gouvernement». Selon les témoignages recueillis par les deux journalistes, une «campagne de discrédit dépassant même des confins de la province Argentine» aurait été bâtie durant les années du provincial Zorzìn (1986-1991) et au début du mandat de son successeur Ignacio García Mata.

Le père Angel Rossi, fils spirituel de Bergoglio, a raconté un exemple de cette campagne de discrédit: des rumeurs provenant «de sources jésuites», selon lesquelles cet homme qui avait été "provincial de la Compagnie si jeune, si brillant, avait fini à Cordoba parce qu'il était malade, fou». Pendant les obsèques de ma mère, un laïc très proche de ma famille vint à moi m'indiquant Bergoglio qui priait près du cercueil: «Dommage que cet homme soit fou!».
Alors je l'ai regardé et lui ai dit: «Si cet homme est fou, moi, qu'en est-il de moi?».

A l'origine de ces deux ans à Cordoba, il n'y avait pas que la réputation d'ultra conservateur qui circulait dans les milieux les plus radicalisés de la Compagnie, mais le fait aussi que plusieurs novices et jeunes jésuites étaient restés liés à Bergoglio et gardaient toujours des contacts avec lui.
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(*) Harcèlement. Andrea Tornielli utilise le mot anglais.

The Eponymous Flower

QUAND BERGOLIO A ÉTÉ ENVOYÉ EN «EXIL» PARCE QU'IL ÉTAIT «BRILLANT, MAIS FOU»
30 Septembre 2014
eponymousflower.blogspot.fr (original en allemand /www.katholisches.info)
(Ma traduction)
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«Aquel Francisco» (Ce François-là) est un livre publié la semaine dernière en Argentine par la maison d'édition Raiz de Dos, de Córdoba. Il est consacré à la vie de Jorge Mario Bergoglio, en particulier à son «exil» dans la province argentine de Córdoba. Il apporte une nouvelle «lumière sur le temps» où le Père Jorge Mario Bergoglio est «tombé en disgrâce et a été exilé» au sein de l'ordre des Jésuites. Le prêtre fut ensuite qualifié de «fou et presque irresponsable». Un épisode qui implique non seulement le supérieur des jésuites en Argentine, mais aussi d'autres pays d'Amérique latine et également la maison générale de l'Ordre à Rome. Une «série de diffamations dont le pape a souffert il y a plus de 20 ans», écrivent les auteurs de l'ouvrage.

QUATRE ANS À CÓRDOBA
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Dans les quatre années passées à Córdoba, le Pape François a vécu deux moments clés de sa vie religieuse. En 1958-1960, il a fait à Córdoba son noviciat chez les Jésuites et en 1990-1992, il y a subi un «exil» auquel son ordre l'avait «condamné».
La principale source pour le livre est le pape François lui-même, avec deux journalistes de Córdoba, Javier Cámara et Sébastien Pfaffen, avec qui il a eu de multiples conversations téléphoniques. L'Archevêque de Córdoba, Carlos Ñáñez avait été informé par le Pape du projet de livre, et ainsi est né le contact avec l'équipe de rédaction.
Le 26 Septembre, les auteurs ont personnellement présenté au Pape François à Santa Marta, un exemplaire de l'ouvrage, qui doit être présenté au public à Córdoba le 9 Octobre.

PARTOUT OÙ IL ALLAIT IL Y AVAIT DES «BERGOGLIENS» ET DES «ANTIBERGOGLIENS»
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Cámara et Pfaffen ont cherché les raisons pour lesquelles Bergoglio avait été nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires (en 1992). Une nommination qui est devenu l'événement initial d'une promotion ecclésiastique qui a conduit à son élection en tant que pape. Ils explorent également la question de savoir pourquoi, partout où le pape actuel est apparu, il y avait toujours des groupes de «bergogliens» et d'«antibergogliens» qui se formaient autour de lui: «Que ce soit sa relation avec les religieux, l'État argentin, le péronisme, le marxisme, par rapport à Domingo et Eva Peron».
Interrogé sur son «exil» à Córdoba, il ne veut pas parler de «Noche oscura», nuit obscure - ce qui est «quelque chose pour les saints». Il était «juste un pauvre type». Pour lui, c'était plus «un temps de purification intérieure».

Ce furent des années de solitude, de réflexion, des années difficiles pour le futur pape, écrivent les auteurs. Bergoglio avait connu au début une «carrière fulgurante». A peine ordonné prêtre, il est nommé maître des novices de la Province de l'Ordre. À l'âge de seulement 36 ans, il était déjà provincial de la Compagnie de Jésus pour l'Argentine et recteur de San Miguel, l'Université de l'Ordre.
Puis il y a eu une rupture radicale. En 1990 (ndt: mais il avait déjà été "exilé" en Allemagne en 1986), Bergoglio a été relevé de tous ses mandats et fonctions et transféré à 700 km de Buenos Aires, à Córdoba. Il y est resté deux ans, logé dans un établissement religieux, mais sans «aucune tâche». Habituellement, il n'était pas appelé pour célébrer la messe dans l'église de l'Ordre, mais seulement pour confesser.
Les auteurs écrivent que le père Bergoglio a été «rétrogradé» à Cordoba par la nouvelle direction provinciale. C'est le nouveau provincial, le Père Victor Zorzin, qui a été le responsable de l'exil. Il avait déjà été vice-provincial sous Bergoglio et n'était pas d'accord avec «de nombreuses décisions que le Père Jorge avait prises, à la fois pastorales et de gouvernement» (Page 176).

«Campagne de dénigrement» à la Maison Générale à Rome
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Le Père Victor Zorzin a été provincial de 1986 à 1991. Il a été remplacé par le Père Ignacio Garcia-Mata (1991-1997). Les auteurs écrivent qu'il y a eut «une campagne de dénigrement» contre Bergoglio pendant les mandats des Zorzin et García-Mata, qui avait franchi les frontières de la province argentine de l'Ordre et atteint les jésuites d'autres pays d'Amérique du Sud et même la Maison générale à Rome. Tout cela a été reconstruit à partir d'une série de conversations avec les membres de l'Ordre.
Dans une interview à Radio Maria Argentina, Pfaffen dit que déjà comme simple prêtre, Bergoglio était devenu reconnaissable pour un «style pastoral particulier».

«Dommage qu'il soit fou!»
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Les auteurs racontent une anecdote du Père Ángel Rossi, un fils spirituel de Bergoglio, qui décrit combien le pape actuel a souffert: «Des contacts (parties liées) de l'Ordre ont propagé des rumeurs, provenant de sources jésuites, selon lesquelles l'homme qui était Provincial de l'Ordre, qui était si jeune et si brillant, s'était retiré à Córdoba, parce qu'il était malade, parce qu'il était fou. Lorsque ma mère est morte, un laïc qui était très proche de l'establishment religieux, s'est approché de moi et désignant Bergoglio, agenouillé près du cercueil, il a dit: "Quel dommage qu'il soit fou". Je l'ai regardé et j'ai dit: "Si cet homme est fou, alors qu'est-ce que je suis, moi?"»

Ensuite, les auteurs proposent une large couverture de l'époque actuelle: Bergoglio, en tant qu'archevêque avait l'impression que dans certains dicastères romains, il y avait encore, quoique en «basse intensité» une guerre menée contre lui. L'un [de ces chefs de dicastère], disent Cámara et Pfaffen était «sans aucun doute» le préfet de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal Mauro Piacenza. Ainsi, il a été l'un des premiers à être démis de son office durant ce pontificat. Mais le Pape François lui a accordé une «sortie digne». Le Cardinal Piacenza a été «promu» à la Pénitancerie. A sa place, le Pape a nommé son confident Beniamino Stella, qu'il a ensuite fait cardinal.

«Loyauté de Fer»
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La destitution du cardinal Piacenza n'était en aucune façon un «affront» contre Benoît XVI. Rien n'est «plus loin de la réalité que cela». Le Pape François avait ses raisons. La Congrégation a complètement changé de visage en un an. Plus de la moitié de ses collaborateurs ont été renvoyés dans leurs diocèses et remplacés par d'autres prêtres. Apparemment, selon les auteurs, la plupart d'entre eux n'avaient pas bénéficié de la confiance de Stella, qui est un «type très différent» de Piacenza. Stella appelle cela une «loyauté de fer».
L'idée de l'intervention structurelle radicale à la Congrégation avait déjà été développée sous le pape Benoît XVI, mais seulement mise en oeuvre sous François. Le Pape François a peut-être récolté le mécontentement du changement, puisque selon les auteurs, il est naturel que ceux qui ont été licenciés ne soient pas satisfaits.

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Le livre présente les principaux enjeux et propose des approches intéressantes. Les deux auteurs (..) apportent une lumière sur certains contextes, mais ils ne sont pas impartiaux. L'intention déclarée de dédier le livre au pape, rend l'objectivité presque impossible dès le départ. Les deux auteurs fournissent des détails intéressants, mais pas cohérents, et surtout pas une analyse cohérente qui offrirait une meilleure compréhension de l'importance particulière de ce pontificat. Les parties sur le conclave et le pontificat restent au niveau des rapports obséquieux et sans esprit critique. Il est étonnant qu'on puisse à peine distinguer parmi les publications sur le pape celles provenant d'Argentine et celles d'Europe, où presque personne ne connaissait Jorge Mario Bergoglio, jusqu'à la soirée du 13 Mars 2013.

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