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Une conférence d'Yves Daoudal.

Comment Jean-Paul II avait détruit à la racine l'idéologie du genre: une redécouverte cruciale, au moment où le mariage, comme union indissoluble entre un homme et une femme, court le plus grand péril (2/8/2014)

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En avril 2014 paraissait aux éditions du Cerf un ouvrage "La Théologie du corps - L'amour humain dans le plan divin, par Jean Paul II".
Il s'agit d'un recueil des 129 catéchèses (et plus) que, lors des audiences générales de Mercredi, le Pape avait consacrées entre 1979 et 1984 précisément à une "théologie du corps".
Ces catéchèses avaient été précédemment rassemblées en 2004 dans un volume intitulé "Homme et femme il les créa", dans une traduction qu'Yves Daoudal qualifie de "souvent fautive", qui en avait occulté, ou au moins dilué une partie de la portée.

Yves Daoudal a mis en ligne la Conférence qu'il vient de prononcer à l'université d'été du Centre Charlier, sous le titre « Jean-Paul II avait détruit à la racine l’idéologie du genre »;
Il est difficile de résumer un texte aussi riche en quelques lignes, je vais donc me contenter de donner quelques indications sommaires, entrecoupées de citations significatives.

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Yves Daoudal déplore que la prise de conscience par l'opinion publique catholique de ladite idéologie du "genre" ait été si tardive, ayant suivi, en France, les manifestations contre le "mariage gay" qui en est la forme concrète la plus visible (et plus tard, les réactions de parents inquiets de voir introduire dans les programmes scolaires, sous couvert de sensibilisation à l'égalité hommes-femmes, un enseignement subversif de rééducation des enfants - les fameux "ABCD de l'égalité" - avec l'objectif avoué "de lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre"). Si l'ordre chronologique des évènements avait été inversé, les choses auraient peut-être tourné autrement, au moins pour le "mariage pour tous" (1)

Et d'abord, contrairement à ce qu'on lit partout, le "genre" n'est nullement une théorie (à laquelle on répond éventuellement par une autre théorie), mais une idéologie, à laquelle on ne peut répondre qu'en lui opposant la vérité.

Déjà en 2009, à la même Université d'été, Yves Daoudal dénonçait "L’idéologie du genre, l’ultime subversion".
A l'époque étaient en effet publiés et diffusés dans les CDI, au prétexte de lutter contre l'homophobie des livres aux titres aussi éloquents que "J’ai deux papas qui s’aiment", "Un mariage vraiment gai", etc.. , faisant plus ou moins subrepticement la promotion de l'homosexualité. Et en cela, la responsabilité de la présidence Sarkozy, alors aux affaires, à travers les deux ministres de l'éducation Xavier Darcos et Luc Chatel, est accablante...

Dans la clairvoyance, comme très souvent, l'Eglise avait été pionnière, en particulier à travers son intervention à la conférence de Pékin sur les femmes, en 1995 et Yves Daoudal salue la lucidité de Jean Paul II:

Une coïncidence providentielle

Ce n’était pas l’année dernière, c’était il y a presque 20 ans.
Jean-Paul II, saint Jean-Paul II, oui, avait été l’homme de la situation, le pape de la situation. Le vrai docteur chrétien, qui discerne immédiatement la pathologie, et la nomme. Et permet à quiconque de s’en préserver. Il est le premier, et il est alors hélas le seul, comme tous les pionniers. Bien qu’il ait attiré l’attention, en publiant une Lettre aux familles avant la conférence du Caire, et une Lettre aux femmes avant la conférence de Pékin.

On peut dire que, pour quiconque sait lire, le Saint-Siège avait radicalement mis au jour et détruit l’idéologie du genre, à Pékin, en 1995.
Mais la lucidité de Jean-Paul II sur la question ne venait pas d’une subite inspiration. C’était la conséquence d’un travail qu’il avait accompli longtemps avant, d’une réfutation de l’idéologie du genre qu’il avait entreprise sans savoir que c’était de cela qu’il s’agissait, car c’était à peu près au moment où les féministes extrémistes américaines élaboraient leur idéologie.
Il y a là une manifeste coïncidence providentielle et historique.
Au moment où des Américaines commencent de façon confidentielle à prétendre et à définir que le genre est une construction sociale, un archevêque d’un pays situé dans l’enceinte soviétique élabore une œuvre théologique qui va montrer que non seulement la différenciation sexuelle n’est pas une construction sociale, mais qu’elle est un élément clé de la création, qu’elle est même ce en quoi l’homme est image de Dieu.

C’est en effet l’archevêque de Cracovie, Mgr Karol Wojtyla, qui a élaboré cette réflexion théologique majeure, sans doute la plus importante du XXe siècle, la plus cruciale en tout cas pour le XXIe siècle, et qui l’a ensuite distillée, une fois devenu pape, au gré de ses audiences du mercredi, entre 1979 et 1984. On n’y fit guère attention, alors que tout de même un ensemble de 129 catéchèses sur le même sujet (on s’est aperçu ensuite qu’il en avait préparé 135) aurait dû au moins intriguer. Mises bout à bout, ça faisait quand même plus de 40 heures d’enseignement.

La conférence se poursuit par un long et savant exposé théologique, où Yves Daoudal souligne la "dimension sponsale" du corps ("c'est-à-dire la faculté d'exprimer l'amour", qui nous distingue des animaux), et où le mariage "sacrement primordial" est présenté "comme lien entre la préhistoire théologique (avant le péché originel) et l’état historique de l’homme (après le péché):

Mais ici chacun voit que le mystère de l’origine n’a pas complètement disparu dans le monde de la concupiscence (ndlr: qui succède au monde de la pureté, qui est celui d'avant le péché). En l’homme, l’héritage de l’origine, dit Jean-Paul II, est « un héritage de son cœur, plus profond que l’état de péché dont il a hérité ». Les paroles du Christ réactivent cet héritage et lui redonnent toute sa force.
Malgré la rupture de la chute originelle, soulignée par le chérubin et son épée de feu à double tranchant qui interdit l’accès du paradis, il reste un lien entre la préhistoire théologique et l’état historique de l’homme . Ce qui reste du monde d’avant la chute, ce qui nous relie toujours à notre préhistoire théologique, c’est le mariage, c’est l’union intime de deux personnes par l’union des corps qui ne font plus qu’une seule chair, c’est la communion des personnes, qui demeure parce qu’elle est l’image de la communion des personnes divines.
Même si cette communion est abîmée par le péché, défigurée par la concupiscence, quiconque a aimé quelqu’un comprend qu’elle subsiste quelque part dans les cœurs.

La conférence s'achève par un regard sur Humanae Vitae, teinté d'une nuance de regret:

A propos d'Humanae Vitae

Les dernières catéchèses avant la conclusion, (n.118 à 132) qui forment le dernier chapitre du livre, sont un commentaire de l’encyclique Humanæ Vitæ. Car c’est là que Jean-Paul II voulait en venir, in fine. A légitimer l’encyclique qui a été presque universellement rejetée, puis ignorée. Mais il ne le fait qu’après avoir étudié, sur 400 pages, les fondements théologiques du mariage. Après avoir établi que le mariage est le sacrement primordial, et non un sacrement de seconde zone. Après avoir montré que le mystère du mariage nous renvoie à l’origine, et que l’union des corps est expression de l’union des personnes, et que cette union est ce en quoi l’homme est créé à l’image de Dieu. Et après avoir défini ce qu’est l’amour sponsal, amour conjugal chez le mari et la femme, amour spirituel chez le religieux mais aussi chez tout chrétien qui fait partie de l’Epouse du Christ.
...

Mais l’encyclique se fonde seulement sur la loi naturelle. Ce qui est juste, assurément. Mais si l’on considère l’encyclique à la suite de tout ce que Jean-Paul II vient de dire, on voit que l’horizon est tout autre, autrement plus profond, plus existentiel aussi, plus ancré dans le cœur de l’homme, dans son origine, que le froid rappel de la loi naturelle. En bref, si Jean-Paul II avait écrit Humanæ vitæ, l’encyclique aurait également été rejetée, mais d’une autre manière, car il aurait fallu aller au niveau où se situe ce pape pour en contester les fondements doctrinaux. Ou battre prudemment en retraite et accompagner le rejet d’un certain respect devant la puissance théologique du discours, ce qui incite les gens sérieux à aller y voir de plus près.

     

NDLR

(1) Je ne saurais dire à quel moment précis j'ai été sensibilisée à l'idéolgie du genre.

En février 2008, j'avais traduit une catéchèse de Benoît XVI justement sur le thème "homme et femme il les créa" (voir ici).

Et en septembre 2011, juste après la rentrée scolaire, je rebondissais sur la polémique médiatique du moment, un syndicat enseignant (de gauche, est-il besoin de le préciser) ayant demandé au ministre Luc Chatel d'intervenir dans la controverse qui faisait alors rage sur les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) afin de faire respecter les libertés «éditoriale et pédagogique» - il s'agissait en l'occurrence d'introduire en douce l'enseignement du genre dans les manuels de 1ere ES (cf. benoit-et-moi.fr/2014-I/benoit/theorie-du-genre).
Les mêmes syndicats se souciaient pourtant bien peu des libertés éditoriales quand peu auparavant, ils prétendaient faire interdire la diffusion (pourtant confidentielle) dans les CDI d'un ouvrage collectif éponyme "Homme et femme il les créa", publié par FX de Guibert et comptant les contributions de Tony Anatrella, Rémy Brague, et... Christian Vanneste (cf. benoit-et-moi.fr/ete2011).

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