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Une miséricorde à géométrie variable

Sandro Magister pointe les contradictions du «nouveau cours» à travers la sentence d'excommunication émise par un évêque italien contre ceux qui assisteraient à une messe célébrée par la FSSPX, et les sanctions féroces dont l'Eglise allemande punit les catholiques qui refusent de lui verser l'impôt (30/10/2013)

>>> Ci-contre: Louis de Funès dans le rôle de l'Avare.

A propos de l'hémorragie parmi les fidèles allemands, nous savons qu'il n'y a pas vraiment eu d'effet François, mais curieusement, les médias sont beaucoup plus discrets sur le sujet que du temps de Benoît XVI.
Relire à ce sujet: Qu'en est-il de l'effet François? (9/8/2014)
Décidément, les évêques allemands sont de grands miséricordieux... du moment que cela ne leur coûte pas d'argent, seulement de belles paroles!!
Ce serait savoureux - si ce n'était si triste.

     

TEMPS DE MISÉRICORDE. MAIS AUSSI D'EXCOMMUNICATIONS…
Sandro Magister
Settimo Cielo
Traduction Anna
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Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, dans ce temps, qui est proclamé comme celui de «la miséricorde», où l'accès à la communion eucharistique est permis ou promis presque sans plus de limites, et pourtant très sévèrement interdit à celui qui commet un ou deux nouveaux péchés capitaux.

Le premier des ces nouveaux péchés passibles d'excommunication est la participation à la messe et aux sacrements célébrés par la Fraternité Saint Pie X, fondée par l'archevêque Marcel Lefebvre.
La Fraternité lefebvriste a un siège dans le diocèse d'Albano, aux portes de Rome, et l'évêque de ce diocèse, Marcello Semeraro, qui est aussi le secrétaire du conseil des neuf cardinaux assistant le pape François dans le gouvernement de l'Eglise universelle, a émis le 14 octobre dernier une notification interdisant à ses fidèles d'aller à la messe et de recevoir les sacrements administrés par la Fraternité, sous peine d'excommunication.

«Tout fidèle catholique qui demande et reçoit les sacrements de la part de la Fraternité Saint Pie X se placera de fait dans la situation de ne pas être en communion avec l'Eglise catholique. Une admission dans l'Eglise catholique devra être précédée d'un parcours personnel adéquat de réconciliation, en conformité avec la discipline ecclésiastique établie par les évêques».

Cette même excommunication, donc, dont ont été libérés en 2009 les uniques membres de la communauté lefebvriste qui en avaient été précédemment frappés, c'est à dire les quatre évêques qui la dirigent (?), s'abattrait aujourd'hui sur les catholiques qui vont simplement à la messe chez eux.

La question n'est pas nouvelle. Déjà en 2003 la commission vaticane «Ecclesia Dei», qui s'occupe des lefebvristes, avait répondu de la façon suivante à deux questions provenant des Etats-Unis, dans une lettre du 18 janvier signée par le prélat luxembourgeois Camille Perl, à l'époque membre de la commission:

Q: Puis-je satisfaire à mon obligation dominicale en assistant à une messe célébrée par la Fraternité Saint Pie X?
R: Au sens strict du terme vous pouvez satisfaire à votre obligation dominicale en assistant à une messe célébrée par un prêtre de la Fraternité Saint Pie X.
Q: Est-ce que je commets un péché en assistant à une messe de la Fraternité Saint Pie X?
R: Si, en assistant à cette messe votre motivation principale était de manifester votre désir de vous séparer de la communion avec le Pontife romain et ceux qui sont en communion avec lui, il s'agirait d'un péché. Si votre intention est simplement de participer à une messe dite selon le Missel de 1962, il ne s'agirait pas d'un péché.

Par la suite, en date du 28 mars 2012, la même commission «Ecclesia Dei», sous la signature cette fois de son secrétaire Guido Pozzo, a répondu négativement à la première question, mais à la deuxième elle a confirmé qu'en allant à la messe chez les lefebvristes on ne commettait pas de péché, «à moins de ne vouloir remplacer de cette façon le respect du précepte du jour férié».

Mais il est évident qu'aujourd'hui les temps ont changé. D'après l'évêque d'Albano, en allant à la messe chez les lefebvristes, on commet de toute façon et toujours un péché. Même un très grave péché, passible d'excommunication.

* * *

Une deuxième contradiction flagrante concerne les évêques d'Allemagne, connus pour être les plus miséricordieux dans le fait de vouloir accorder la communion aux divorcés remariés, mais en même temps les plus impitoyables dans l'excommunication de ceux qui refusent de verser le denier à l'Eglise, laquelle est dans leur pays une obligation de loi rapportant chaque année bien plus que le 8 pour 1000 en Italie (ndt: minuscule fraction de la taxe annuelle payée à l'Etat, ensuite virée à l'Eglise catholique ou d'autre confession selon les indications du payant).
En Allemagne, cet impôt pour l'Eglise (Kirchensteuer) est tellement obligatoire que pour ne pas la payer il faut déclarer sa sortie de l'Eglise d'appartenance, qu'elle soit catholique ou protestante, par un acte public devant une compétente autorité civile.
Pendant ces dernières années, le nombre de ces déclarations de sortie (où il n'est pas facile de distinguer les motivations de foi de celles pécuniaires) a beaucoup augmenté. Les évêques y ont réagi émanant en 2012 un décret infligeant au fugitif une redoutable série de sanctions:

- il ne peut pas recevoir les sacrements de la pénitence, de l'eucharistie, de la confirmation et de l'onction aux malades, sauf en danger de mort;
- il ne peut pas occuper un poste ecclésiastique ni exercer des fonctions dans l'Eglise;
- il ne peut pas être parrain/marraine au baptême et à la confirmation;
- il ne peut pas être membre des conseils paroissiaux et diocésains;
- il perd le droit actif et passif de vote dans l'Eglise;
- il ne peut pas être membre des associations publiques de l'Eglise".

Et encore:

- à celui qui est sorti de l'Eglise et n'a pas manifesté avant sa mort un quelconque signe de repentir, les obsèques catholiques peuvent être niées;
- à la personne sortie de l'Eglise qui accomplit des services sur la base d'une autorisation ecclésiastique, l'autorisation doit être révoquée.

Afin de ramener le réprouvé au bercail, un entretien est prévu avec le curé du lieu. Si la tentative de réconciliation échoue, bien pire peut arriver:

- Si dans le comportement du fidèle qui a déclaré sa sortie de l'Eglise il y a lieu de voir un acte schismatique, hérétique ou d'apostasie, l'ordinaire veillera à prendre les mesures appropriées.

Danger de mort.
Sur au moins deux questions «sensibles» - traditionalisme liturgique et Kirchesteuer - il semble bien qu'il ne doive pas y avoir de miséricorde.







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