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Les trois voeux du Pape pour le Synode

Discours à l'issue de la veillée de prière en préparation du Synode, le 4 octobre, place Saint-Pierre (5/10/2014)

Ne l'ayant pas trouvé ailleurs en français (j'ai peut-être mal cherché), j'ai traduit la plus grande partie du discours - la plus significative, celle qui vient après l'éloge attendue de la beauté de la famille.
Difficile de dire ce que présagent ces voeux, dans l'exposé «en trois points» (selon son habitude) du Pape, qui se présente bien, ici, comme l'évêque de Rome. Après l'avoir lu, je ressens encore plus le sentiment d'un plongeon dans l'inconnu, car je sais encore moins qu'avant ce qu'il en attend, à part un mystérieux "souffle de l'Esprit", et un tout aussi énigmtique "vent de Pentecôte". Quelles sont les "nouvelles voies" et les "possibilités insoupçonnées"?
Un sentiment d'incertitude que ne je n'ai jamais éprouvé avec Benoît XVI, parce que c'était tout simplement impossible: tout était si clair, on savait que quelqu'un nous tenait fermement par la main, pour nous guider. Ici, malheureusement, rien de tel. Le flou, des formules qui peuvent laisser supposer tout et son contraire...

La gravité du ton laisse toutefois supposer qu'on est à la veille d'un évènement d'une grande importance.
Alea jacta est!

(w2.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2014/october/documents/papa-francesco_20141004_incontro-per-la-famiglia)

Chères familles, bonsoir!
(...)
Déjà, le convenire in unum autour de l'Evêque de Rome est un événement de grâce, dans lequel la collégialité épiscopale se manifeste dans un chemin de discernement spirituel et pastoral. Pour rechercher ce qu'aujourd'hui le Seigneur demande à son Église, nous devons prêter l'oreille aux battements de ce temps et percevoir l'«odeur» des hommes d'aujourd'hui, jusqu'à rester imprégnés de leurs joies et leurs espoirs, de leurs tristesses et leurs angoisses (Gaudium et spes, §1). A ce point, nous saurons proposer avec crédibilité la bonne nouvelle sur la famille.

Nous savons, en effet, comment il y a dans l'Evangile une force et une tendresse capables de surmonter ce qui crée le malheur et la violence. Oui, dans l'Evangile il y a le salut qui comble les besoins les plus profonds de l'homme! De ce salut - oeuvre de la miséricorde de Dieu et de sa grâce - comme Église, nous sommes signe et instrument, sacrement vivant et efficace (cf. Evangelii gaudium, §112). S'il n'en était pas ainsi, notre édifice ne serait qu'un château de cartes et les pasteurs seraient réduits à des clercs fonctionnaires ("di stato"), sur les lèvres de qui le peuple chercherait en vain la fraîcheur et le «parfum de l'Evangile» (Ibid, §39).

Emergent ainsi, dans ce cadre, les contenus de notre prière.

¤ De l'Esprit Saint, pour les Pères synodaux, nous demandons avant tout, le don de l'écoute: écoute de Dieu, jusqu'à entendre avec Lui le cri du peuple; écoute du peuple, jusqu'à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle.

¤ A côté de l'écoute, nous invoquons la disponibilité à une confrontation sincère, ouverte et fraternelle, qui nous conduit à prendre en charge avec une responsabilité pastorale des interrogations que ce changement d'époque apporte avec lui. Laissons-les couler dans nos cœurs, sans jamais perdre la paix, mais avec la confiance sereine que le moment venu, le Seigneur ne manquera pas de reconduire à l'unité. L'histoire de l'Eglise - comme nous le savons - ne nous raconte-t-elle pas de nombreuses situations semblables, que nos pères ont réussi à surmonter avec patience obstinée et créativité?

¤ Le secret réside dans un regard, et c'est le troisième don que nous implorons avec notre prière. Parce que, si nous entendons vraiment assurer notre pas sur le terrain des défis contemporains, la condition décisive est de garder notre regard fixé sur Jésus-Christ, se tenir dans la contemplation et l'adoration de son visage. Si nous assumons sa façon de penser, de vivre et de se mettre en relation, nous n'aurons pas de mal à traduire le travail du synode en indications et parcours pour la pastorale de la personne et de la famille. En effet, à chaque fois que nous revenons à la source de l'expérience chrétienne, de nouvelles voies et des possibilités insoupçonnées s'ouvrent. C'est ce que suggère l'indication de l'Evangile: «Faites tout ce qu'il vous dira» ( Jn 2,5). Ce sont des mots qui contiennent le testament spirituel de Marie, «l'amie toujours attentive afin que ne vienne pas à manquer le vin dans nos vies» (Evangelii gaudium, §286). Faisons-les nôtres!

À ce stade, les trois choses: notre écoute et notre confrontation sur la famille, aimée avec le regard du Christ, deviendront une opportunité providentielle pour renouveler - suivant l'exemple de saint François - l'Eglise et la société. Avec la joie de l'Evangile, nous retrouverons le pas d'une Église réconciliée et miséricordieuse, pauvre et amie des pauvres; une Eglise capable de «vaincre avec patience et amour, les épreuves et les difficultés qui viennent de l'intérieur et de l'extérieur» (Lumen Gentium, §8).

Puisse le vent la Pentecôte souffler sur les travaux du Synode, sur l'Eglise, sur l'humanité toute entière. Qu'il défasse les nœuds qui empêchent les gens de se rencontrer, guérisse les blessures qui saignent, tant, qu'il ranime l'espérance; il y a tellement de gens sans espérance! Qu'il nous accorde cette charité créative qui nous rend capables d'aimer comme Jésus a aimé. Et notre annonce retrouvera la vitalité et le dynamisme des premiers missionnaires de l'Evangile.

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