Accueil

Evangélisation

A (re)lire: une "note doctrinale de la CDF sur certains aspects de l'évangélisation", signée le 3 décembre 2007 par le préfet d'alors William Levada, mais qui porte clairement la marque de Benoît XVI (29/7/2014).

     

En voici l'introduction - qui en constitue également une synthèse.
Le reste est à lire ici: www.vatican.va/roman_curia
(A noter en particulier le paragraphe IV, intitulé Quelques implications œcuméniques)

     

Introduction

1. Envoyé par le Père pour annoncer l’Évangile, Jésus Christ invite tous les hommes à la conversion et à la foi (cf. Mc 1, 14-15), confiant le soin aux Apôtres, après sa résurrection, de poursuivre sa mission évangélisatrice (cf. Mt 28, 19-20 ; Mc 16, 15 ; Lc 24, 4-7 ; Ac 1, 3) : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21 ; cf. 17, 18).
En effet, à travers l’Église, il veut rejoindre toutes les époques, tous les lieux et tous les milieux de la société, et atteindre chacun, pour que tous deviennent un seul troupeau sous un seul Pasteur (cf. Jn 10, 16) : « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné » (Mc 16, 15-16).

Alors, « les Apôtres, poussés par l'Esprit Saint, invitaient tous les hommes à changer de vie, à se convertir et à recevoir le baptême », car « l’Église pérégrinante est nécessaire au salut » [1]. C’est le Seigneur Jésus Christ lui-même qui, présent dans son Église (cf. Mt 28, 20), précède l’œuvre des évangélisateurs, l’accompagne et la conduit, en faisant fructifier leur travail : ce qui s’est passé aux origines se poursuit tout au long de l’histoire.

Au début du troisième millénaire, retentit encore dans le monde l’invitation que Pierre, avec son frère André et les premiers disciples, entendit de Jésus lui-même : « Avance en eau profonde et jetez vos filets pour prendre du poisson (Lc 5, 4). Après cet épisode de la pêche miraculeuse, le Seigneur annonça à Pierre qu’il deviendrait « pêcheur d’hommes » (Lc 5, 10).

2. Le terme évangélisation a une signification très riche.
Au sens large, il résume toute la mission de l’Église, dont la vie, en effet, consiste à réaliser la traditio Evangelii, l’annonce et la transmission de l’Évangile. Cet Évangile est « puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenue croyant » (Rm 1, 16) et, en dernière analyse, il s’identifie avec le Christ lui-même (cf. 1 Co 1, 24). C’est pourquoi, ainsi comprise, l’évangélisation a toute l’humanité comme destinataire. Dans tous les cas, évangéliser ne signifie pas seulement enseigner une doctrine mais plutôt annoncer Jésus Christ par la parole et par les actes, c’est-à-dire se faire instrument de sa présence et de son action dans le monde.

« Toute personne a le droit d'entendre la “Bonne Nouvelle” de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation ».
Il s’agit d’un droit conféré par le Seigneur lui-même à toute personne, pour que tous, hommes ou femmes puissent affirmer avec saint Paul : Jésus Christ « m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20).
À ce droit correspond un devoir, celui d’évangéliser : « En effet, annoncer l’Évangile, ce n’est pas mon motif d’orgueil, c’est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je ne n’annonçais pas l’Évangile!” (1 Co 9,16 ; cf. Rm 10, 14). On comprend alors que toute activité de l’Église a de soi une dimension essentielle d’évangélisation et qu’elle ne doit jamais être séparée de l’engagement qui consiste à aider tous les hommes à rencontrer le Christ dans la foi, ce qui est le premier objectif de l’évangélisation : « Le fait social et l'Évangile sont tout simplement indissociables. Là où nous n'apportons aux hommes que des connaissances, le savoir-faire, des capacités techniques et des instruments, nous apportons trop peu” [2].

3. Toutefois, on note de nos jours une confusion sans cesse grandissante, qui induit beaucoup de personnes à ne pas écouter et à laisser sans suite le commandement missionnaire du Seigneur (cf. Mt 28, 19). Toute tentative de convaincre d’autres personnes sur des questions religieuses est souvent perçue comme une entrave à la liberté. Il serait seulement licite d’exposer ses idées et d’inviter les personnes à agir selon leur conscience, sans favoriser leur conversion au Christ et à la foi catholique : on affirme qu’il suffit d’aider les hommes à être plus hommes, ou plus fidèles à leur religion, ou encore qu’il suffit de former des communautés capables d’œuvrer pour la justice, la liberté, la paix, la solidarité. En outre, certains soutiennent qu’on ne devrait pas annoncer le Christ à celui qui ne le connaît pas, ni favoriser son adhésion à l’Église, puisqu’il serait possible d’être sauvé même sans une connaissance explicite du Christ et sans une incorporation formelle à l’Église.

Face à de telles problématiques, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a jugé nécessaire de publier la présente Note. Présupposant comme acquis l’ensemble de la doctrine catholique sur l’évangélisation, amplement traitée dans le Magistère du Pape Paul VI et de Jean-Paul II, cette note a pour but de clarifier certains aspects de la relation entre le mandat missionnaire du Seigneur et le respect de la conscience et de la liberté religieuse de tous. Ces aspects ont des implications importantes, tant sur le plan anthropologique, ecclésiologique qu’œcuménique.

* * *

[1] Lumen Gentium, §14
C’est vers les fidèles catholiques que le saint Concile tourne en premier lieu sa pensée. Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, il enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Église catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être sauvés.

[2] Benoît XVI, homélie du 10 septembre 20 homélie du 10 septembre 2006

  © benoit-et-moi, tous droits réservés