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La haine de soi de l'Europe

Un extrait du livre du Cardinal Ratzinger: "L'Europe, ses fondements, aujourd'hui et demain", commenté par Monique, et lu à travers les derniers évènements (18/8/2014)

     

Voici un extrait du livre du Cardinal Ratzinger: "L'Europe, ses fondements, aujourd'hui et demain" (éd. Saint-Augustin, 2004, p.35 à 37).

L'attitude pathologique de l'Occident.

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«Là où manque ce respect (ndlr: le respect pour le sacré) dans une société, quelque chose d'essentiel est perdu.
Grâce à Dieu, dans notre société actuelle, on punit celui qui déshonore la foi d'Israël, son image de Dieu, ses grandes figures. On punit également quiconque offense le Coran et les convictions profondes de l'Islam. En revanche, lorsqu'il s'agit du Christ et de ce qui, pour les chrétiens, est sacré, une totale liberté d'opinion apparaît alors comme le bien suprême; y mettre une limite serait considéré comme une menace ou même comme l'abolition de la tolérance et de la liberté en général.
Et pourtant, la liberté d'opinion rencontre une limite en ce qu'elle ne peut porter atteinte à l'honneur et à la dignité de l'autre; elle n'est pas la liberté de mentir et de détruire les droits humains.

Il y a là quelque chose d'étrange et que l'on ne peut considérer que comme une attitude pathologique: l'Occident semble se haïr lui-même; certes, il s'efforce de s'ouvrir - et c'est louable - avec beaucoup de compréhension aux valeurs étrangères, mais il ne s'aime plus lui-même; de sa propre histoire, il ne retient plus désormais que ce qui est déplorable et causa des ruines, n'étant plus en mesure de percevoir ce qui est grand et beau.
Si elle veut survivre, l'Europe a besoin de s'accepter à nouveau elle-même, non sans humilité ni critique.
Sans cesse se trouve passionnément encouragée la multiculturalité, mais parfois c'est là surtout abandon et rejet de ce qui est propre, fuite des réalités particulières à l'Europe.
La multiculturalité ne peut subsister si font défaut, à partir des valeurs propres, certaines constantes communes, certaines données permettant de s'orienter. Elle ne peut certainement pas subsister sans le respect de ce qui est sacré.
Cela implique que soient abordés avec respect les éléments sacrés de l'autre, et ce n'est possible que dans la mesure où le sacré, Dieu, ne nous est pas étranger à nous-mêmes.»

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA HAINE DE SOI ÉVOQUÉE PAR LE CARDINAL RATZINGER DÉJÀ EN 2004.
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C'est elle qui oriente toute notre politique étrangère et notre politique migratoire. Nous ne favorisons que ceux qui subvertissent nos intérêts civilisationnels (appelons- les ainsi) et nous jetons l'anathème sur les rares pays encore jaloux de leur identité et fiers de leur histoire et de leur religion (comme la Hongrie ou la Russie).
Le complexe de la croisade fait que les pays occidentaux mettent des années avant de prendre la mesure d'un péril islamique.
Et nous nous retrouvons impuissants et surpris devant la barbarie d'un "califat" qui avance en égorgeant et en mettant en fuite les habitants.
C'est en nous excusant , par petites touches et tardivement (quand tout le mal est fait!), que nous commençons à aider ces populations chrétiennes englobées dans notre haine de soi, à cause de tout ce que nous avons en commun (les chrétiens de Syrie, martyrisés depuis des années n'ayant eu droit qu'à de bonnes paroles et même à l'encouragement de leurs bourreaux). Notre bonne conscience est sauve quand nous constatons que des milliers de victimes ne sont pas chrétiennes... et
ne nous entraînent donc pas dans une croisade.
Ces derniers temps, on a pu voir des manifestes écrits par des catholiques et appelant à l'action militaire défensive (c'est déjà courageux!) ne mentionnant ni la religion des victimes ni celle des bourreaux... sans doute pour ne pas offenser la multiculturalité... et faisant passer le drame pour un nettoyage ethnique, comme si les chrétiens d'Orient appartenaient à une ethnie à part.

Monique T.

     

NDLR

Je me permets d'ajouter un petit mot au commentaire Monique, sur un registre certes moins dramatique, mais non moins emblématique, illustrant à quel point la haine de soi a fait son chemin dans le cerveau de l'«homme de la rue». Ou plutôt une anecdote, qui peut paraître dérisoire mais qui m'avait sur le moment paru très significative: au lendemain de l'élection du Pape François, des reporters avaient été balader leurs micros sur le parvis de Notre-Dame, pour tâter l'opinion. La réaction presque unanime (du moins à travers les réponses qui avaient été sélectionnés pour passer à l'antenne) pouvait se résumer à ceci: "enfin un Pape non européen! enfin un pape venu du Sud! Il était temps!!". On n'ose imaginer quelle aurait été leur réaction si le nouveau Pape avait été un italien... ou même un Français.
Les gens qui s'exprimaient ainsi, à l'évidence européens, étaient de bonne foi, croyant faire preuve de générosité et d'ouverture d'esprit, sans se rendre compte que ce faisant, ils se dénigraient eux-mêmes, et la civilisation dont, qu'ils le veuillent ou non, ils étaient les héritiers, sans laquelle le monde ne serait pas ce qu'il est (y compris pour le meilleur)... et les cathédrales, comme celle de Paris, n'existeraient même pas.

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