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La théologie selon Benoît XVI (suite)

Une théologie vraiment à genoux: extrait du discours prononcé lors de la visite à l'abbaye de Heiligenkreuz, en Autriche, le 9 septembre 2007 (31/10/2014)

>>> La théologie selon Benoît XVI
>>> Benoît XVI à Heiligenkreuz

     

Texte complet ici: www.vatican.va
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Pour autant que soit importante l'intégration de la discipline théologique dans l'universitas du savoir à travers les facultés de théologie catholiques dans les universités d'Etat, il est toutefois tout aussi important qu'il y ait des lieux d'études aussi spécifiques que le vôtre, où est possible un lien profond entre la théologie scientifique et la spiritualité vécue.
Dieu, en effet, n'est jamais simplement l'Objet de la théologie, il en est toujours dans le même temps également le Sujet vivant. La théologie chrétienne, du reste, n'est jamais un discours uniquement humain sur Dieu, mais elle est toujours dans le même temps le Logos et la logique à travers lesquels Dieu se révèle. C'est pourquoi l'intellectualité scientifique et la dévotion vécue sont deux éléments de l'étude qui, dans une complémentarité indispensable, dépendent l'une de l'autre.

Le père de l'Ordre cistercien, saint Bernard, a lutté en son temps contre la séparation entre une rationalité qui objective et le courant de la spiritualité ecclésiale (1).
Notre situation actuelle, bien que différente, présente toutefois aussi de remarquables similitudes.
Dans le souci d'obtenir la reconnaissance de rigueur scientifique au sens moderne, la théologie peut perdre le souffle de la foi.
Mais comme une liturgie qui oublie de regarder vers Dieu vit, en tant que telle, ses derniers moments, de même, une théologie qui ne respire plus dans l'espace de la foi, cesse d'être théologie; elle finit par se réduire à une série de disciplines plus ou moins reliées entre elles. Là où l'on pratique en revanche une "théologie à genoux", comme le demandait Hans Urs von Balthasar, elle sera féconde pour l'Eglise en Autriche et même au-delà.

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(1) Deux ans plus tard, Benoît XVI opposait «théologie du coeur, théologie de la raison» dans deux admirables catéchèses, les 29 octobre et 4 novembre 2009.
Dans la seconde, il évoquait justement la controverse entre saint Bernard de Clairvaux et Abélard (cf. benoit-et-moi.fr/2009/) et, de la part de Saint Bernard, «la préoccupation de sauvegarder les croyants simples et humbles, qui doivent être défendus lorsqu'ils risquent d'être confondus ou pervertis par des opinions trop personnelles et par des argumentations théologiques anticonformistes, qui pourraient mettre leur foi en péril».

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