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L'ami Saint Augustin

Aujourd'hui est la fête liturgique de celui qui compte parmi les plus grands docteurs de l'Eglise et qui est pour Benoît XVI plus qu'un maître: un ami. Il l'a cité à de multiples reprises lors de catéchèses et d'homélies (28/8/2014)

"Lorsque je lis les écrits de saint Augustin, je n'ai pas l'impression qu'il s'agisse d'un homme mort il y a plus ou moins 1600 ans, mais je le perçois comme un homme d'aujourd'hui: un ami, un contemporain qui me parle, qui nous parle avec sa foi fraîche et actuelle."

"... je crois que ceux qui purent le voir et l'écouter quand il parlait en personne à l'église, ont pu davantage tirer profit de son contact, et surtout ceux qui parmi les fidèles partagèrent sa vie quotidienne" .

"Oui, il aurait été beau pour nous aussi de pouvoir l'entendre vivant".

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" Malgré toute son humilité, Augustin fut certainement conscient de son envergure intellectuelle.
Mais pour lui, il était plus important d'apporter le message chrétien aux simples, que de faire des œuvres de grande envergure théologique.
Cette profonde intention, qui a guidé toute sa vie, ressort d'une lettre écrite à son collège Evodius, où il communique la décision de suspendre pour le moment la dictée des livres du De Trinitate, « car ils sont trop difficiles et je pense qu'ils ne pourront être compris que par un petit nombre ; c'est pourquoi il est plus urgent d'avoir des textes qui, nous l'espérons, seront utiles à un grand nombre »"

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..j'ai voulu conclure mon pèlerinage à Pavie en remettant idéalement à l'Eglise et au monde, devant la tombe de ce grand amoureux de Dieu, ma première Encyclique, intitulée Deus caritas est. Celle-ci doit en effet beaucoup à la pensée de saint Augustin, en particulier dans sa première partie. Aujourd'hui aussi, comme à son époque, l'humanité a besoin de connaître et surtout de vivre cette réalité fondamentale : Dieu est amour et la rencontre avec lui est la seule réponse aux inquiétudes du cœur humain ; un cœur qui est habité par l'espérance - peut-être encore obscure et inconsciente chez beaucoup de nos contemporains - mais qui, pour nous chrétiens, nous ouvre déjà à l'avenir, à tel point que saint Paul a écrit que : « Nous avons été sauvés, mais c'est en espérance ».
J'ai voulu consacrer ma deuxième Encyclique, Spe salvi, à l'espérance ; elle doit elle aussi beaucoup à Augustin et à sa rencontre avec Dieu.

(Benoît XVI)

     
     

Benoît XVI et saint Augustin

¤ Les 21 et 22 avril 2007, Benoît XVI se rendait à Pavie sur la tombe de saint Augustin. Plusieurs articles de mon site sont consacrés à cette visite mémorable, ils sont rassemblés ici: beatriceweb.eu/Blog...

¤ Entre le 9 janvier et le 27 février 2008, il consacrait à Saint-Augustin une série de cinq splendides catéchèses auxquelles j'avais dédié un dossier illustré (benoit-et-moi.fr/2008-II), dont j'aurais aimé faire un album pas seulement virtuel. Mais le dossier est également multimédia, avec la video complète de la dernière catéchèse, donc celle du 27 février 2008, enregistrée en vo et "découpée" par moi (ici).

¤ Il revenait sur le sujet lors de la brève catéchèse très personnelle du mercredi 25 août 2010, à Castelgandolfo, que je reproduis ici, dans la traduction de ESM:

L'ami Saint-Augustin
Benoît XVI
27/8/2010, Castelgandolfo

Dans la vie de chacun de nous, il y a des personnes très chères, que nous sentons particulièrement proches, certaines sont déjà dans les bras de Dieu, d'autres parcourent encore avec nous le chemin de la vie : ce sont nos parents, notre famille, les éducateurs ; ce sont des personnes auxquelles nous avons fait du bien ou dont nous avons reçu du bien ; ce sont des personnes sur lesquelles nous savons pouvoir compter. Il est important, cependant, d'avoir également des « compagnons de voyage » sur le chemin de notre vie chrétienne : je pense au directeur spirituel, au confesseur, à des personnes avec lesquelles on peut partager sa propre expérience de foi, mais je pense également à la Vierge Marie et aux saints. Chacun devrait avoir un saint qui lui soit familier, pour le sentir proche à travers la prière et l'intercession, mais également pour l'imiter. Je voudrais donc vous inviter à connaître davantage les saints, à commencer par celui dont vous portez le nom, en lisant sa vie, ses écrits. Soyez certains qu'ils deviendront de bons guides pour aimer encore davantage le Seigneur et des soutiens valables pour votre croissance humaine et chrétienne.

Comme vous le savez, je suis moi aussi lié de manière particulière à certaines figures de saints : parmi celles-ci, outre saint Joseph et saint Benoît dont je porte le nom, ainsi que d'autres, il y a saint Augustin, que j'ai eu le grand don de connaître de près, pour ainsi dire, à travers l'étude et la prière et qui est devenu un bon « compagnon de voyage » dans ma vie et dans mon ministère. Je voudrais souligner encore une fois un aspect important de son expérience humaine et chrétienne, également actuel à notre époque où il semble que le relativisme soit paradoxalement la « vérité » qui doit guider la pensée, les choix, les comportements.

Saint Augustin est un homme qui n'a jamais vécu de manière superficielle ; la soif, la recherche tourmentée et constante de la Vérité est l'une des caractéristiques de fond de son existence ; mais pas cependant des « pseudo-vérités » incapables d'apporter une paix durable dans le cœur, mais de cette Vérité qui donne un sens à l'existence et qui est « la demeure » dans laquelle le cœur trouve la sérénité et la joie. Son chemin, nous le savons, n'a pas été facile : il a pensé trouver la Vérité dans le prestige, dans la carrière, dans la possession des choses, dans les voix qui lui promettaient un bonheur immédiat ; il a commis des erreurs, il a traversé des moments de tristesse, il a affronté des échecs, mais il ne s'est jamais arrêté, il ne s'est jamais contenté de ce qui lui apportait seulement une étincelle de lumière ; il a su regarder au plus profond de lui-même et il s'est rendu compte, comme il l'écrit dans les « Confessions », que cette Vérité, ce Dieu qu'il cherchait de toutes ses forces était plus proche de lui que lui-même. Il avait toujours été à ses côtés, il ne l'avait jamais abandonné, il était dans l'attente de pouvoir entrer de manière définitive dans sa vie (cf. III, 6, 11 ; X, 27, 38).

Comme je le disais en commentant le récent film sur sa vie (1), saint Augustin a compris, dans sa recherche tourmentée, que ce n'est pas lui qui a trouvé la Vérité, mais que c'est la vérité elle-même, qui est Dieu, qui l'a cherché et qui l'a trouvé. Commentant un passage du troisième chapitre des Confessions, Romano Guardini affirme que saint Augustin comprit que Dieu est « gloire qui nous jette à genoux, boisson qui étanche la soif, trésor qui rend heureux, [...il eut] la certitude apaisante de celui qui a finalement compris, mais également la béatitude de l'amour qui sait : Cela est tout et me suffit ».

Toujours dans les Confessions, au Livre IX, notre saint rapporte une conversation avec sa mère, sainte Monique dont on célèbre la fête vendredi prochain, après-demain.
C'est une très belle scène : sa mère et lui sont à Ostie, dans une auberge, et de la fenêtre ils voient le ciel et la mer, et ils transcendent le ciel et la mer, et pendant un moment ils touchent le cœur de Dieu dans le silence des créatures. Et ici apparaît une idée fondamentale dans le chemin vers la Vérité : les créatures doivent se taire si l'on veut qu'apparaisse le silence dans lequel Dieu peut parler. Cela reste vrai aussi à notre époque : on a parfois une sorte de crainte du silence, du recueillement, de penser à ses propres actions, au sens profond de sa propre vie, on préfère souvent ne vivre que le moment qui passe, en ayant l'illusion qu'il apportera un bonheur durable ; on préfère vivre, parce que cela semble plus facile, de manière superficielle, sans penser ; on a peur de chercher la Vérité ou on a peut-être peur que la Vérité nous trouve, nous saisisse et change notre vie, comme cela s'est produit pour saint Augustin.

Chers frères et sœurs, je voudrais dire à tous, même à ceux qui traversent un moment de difficulté dans leur chemin de foi, à ceux qui participent peu à la vie de l'Eglise ou à ceux qui vivent « comme si Dieu n'existait pas », de ne pas avoir peur de la Vérité, de ne jamais interrompre le chemin vers celle-ci, de ne jamais cesser de rechercher la vérité profonde sur soi-même et sur les choses avec l'œil intérieur du cœur. Dieu ne manquera pas de nous donner la Lumière pour nous faire voir et la Chaleur pour faire sentir à notre cœur qu'il nous aime et qu'il désire être aimé.

Que l'intercession de la Vierge Marie, de saint Augustin et de sainte Monique nous accompagne sur ce chemin.

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(1) Voir ici: www.zenit.org/fr/articles/saint-augustin-projete-en-avant-premiere-pour-benoit-xvi
Au terme de la projection, le saint-Père prononçait ces quelques mots:

Chers amis,

Au terme du grand voyage spirituel accompli dans le film que nous avons vu, je ressens le devoir de remercier tous ceux qui nous ont offert cette projection. Merci à la télévision bavaroise pour l'engagement dont elle a fait preuve - c'est une grande joie qu'une observation lancée par hasard il y a trois ans (*) soit devenue le début d'un chemin qui a conduit à cette grandiose représentation de la vie de saint Augustin. Merci à Lux Vide et merci à la Rai pour cette réalisation.

En réalité, il me semble que le film est un voyage spirituel dans un continent spirituel à la fois très éloigné et très proche de nous, car le drame humain est toujours le même. Nous avons vu que, dans un contexte très éloigné pour nous, est représentée toute la réalité de la vie humaine, avec tous les problèmes, les tristesses, les échecs, ainsi que le fait qu'à la fin, la Vérité est plus forte que n'importe quel obstacle et trouve l'homme. Telle est la grande espérance qui demeure à la fin: nous ne pouvons pas trouver la Vérité seuls, mais la Vérité, qui est Personne, nous trouve. Vue de l'extérieur, la vie de saint Augustin semble finir de façon tragique: le monde pour lequel et dans lequel il a vécu prend fin, il est détruit. Mais, comme cela a été affirmé ici, son message demeure et il perdure également dans les changements du monde, car il provient de la Vérité et mène vers la Charité, qui est notre destination commune.

Merci à tous. Espérons que de nombreuses personnes, en regardant ce drame humain, puissent être touchées par la Vérité et trouver la Charité.

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(*) C'était le 2 août 2006 lors de l'interviewe à la télévision bavaroise, à quelques jours de son voyage dans son pays natal. Parlant de la vertu évangélisatrice de l'exempe des saints, et donc de l"'intérêt" des béatifications et canonisations, le saint-Père disait:
J’imagine de très beaux films. Moi naturellement je ne connais bien que les Père de l’Eglise: un film sur Augustin, et un aussi sur Grégoire de Nizance et sa personnalité si particulière, sa façon de fuir sans cesse les responsabilités toujours plus grandes qui lui étaient confiées et ainsi de suite.

A enjuger par la bande-annonce du film (gloria.tv/?media=32522&language=MnVpcnQGQh7 ), il n'est pas certain que son souhait ait été exaucé dans le sens qu'il souhaitait...

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